Cours de l’or : forte correction en février
Dans cette lettre mensuelle, vous trouverez un point sur la performance de l’or ainsi que plusieurs actualités et analyses sur des sujets qui influencent le cours du métal jaune.
Ce qu’il faut retenir du mois écoulé
- Cours de l’or en euro : -3.27% en février, +2.25% sur 2023 (au 3 mars)
- La Chine continue ses achats réguliers d’or
- Les couts de production de l’or en hausse : une bonne nouvelle pour les investisseurs
- Les Allemands achètent 8 fois plus d’or que les Français
- Ils l’ont dit ce mois-ci…
+2.25% depuis le début de l’année
Le cours de l’or en euro a fortement chuté en février (-3.27%), avant de se ressaisir sur les premiers jours de mars. Au 3 mars, le cours de l’once atteint 1737.31 euros et la performance du métal jaune depuis le début de l’année 2023 s’élève à +2.25%.
Depuis le début de l’année, les actions françaises du CAC 40 affichent une progression de 13.5% tandis que les indices obligataires européens s’inscrivent en léger repli, de l’ordre de -0.4%. Il s’agit donc d’un bon début d’année pour les actifs risqués.
Cette mauvaise performance du métal jaune s’explique par un rehaussement des anticipations de hausse des taux d’intérêts, qui sont traditionnellement négatifs pour le métal jaune. Aux Etats Unis, les indications données par la banque centrale, la bonne tenue de l’économie ainsi que des chiffres d’inflation plus élevés qu’attendus poussent en effet les analystes à différer l’espoir d’un pivot de la FED (c’est-à-dire le passage à une politique monétaire plus accommodante).
En Europe, malgré des chiffres économiques qui se dégradent, Christine Lagarde a déjà annoncé une hausse de taux en mars, et se dit prête « à continuer sur cette voie » tant que l’inflation ne sera pas contenue.
Pour aller plus loin : Comment est fixé le cours de l’or ?
Dédollarisation et banques centrales
En janvier, deux pays se sont distinguées en terme d’achat d’or : la Turquie (+23 tonnes) et la Chine (+15 tonnes). Il s’agit du 3ème achat chinois consécutifs déclaré, sur la base de 15 tonnes par mois. Ce rythme, s’il est maintenu, pourrait faire de la Chine de Xi Jinping le premier acheteur institutionnel de 2023.
La demande des banques centrales est largement considérée comme un des moteurs de la demande d’or pour 2023, en particulier de la part des pays « émergents », avec comme toile de fond la volonté de dédollariser leurs réserves.
Dans une interview récente, John Paulson, le résume à sa manière : « Ceci conduit les investisseurs et les banques centrales à chercher une monnaie de réserve alternative, et la part de l’or augmente à nouveau. Je dis à nouveau, car l’or a été la monnaie de réserve du monde pendant des millénaires, une alternative légitime à la détention de dollar ou d’autres monnaies papier. Il y a eu une augmentation significative de la demande des banques centrales pour remplacer le dollar par de l’or, et nous ne sommes qu’au début de cette tendance. »
Les couts d’extraction de l’or en forte hausse
Les deux premières sociétés minières, Newmont et Barrick, ont annoncé leurs résultats 2022. Parmi les données scrutées par les analystes, les cout de production durable, le All-in Sutaining Cost qui comprend les couts liés à l’extraction, à l’investissement et à l’exploration nécessaire au renouvellement des ressources.
Barrick Gold, 2ème producteur mondial, annonce un cout tout compris d’extraction de 1222 dollars par once en 2022, contre 1026 en 2021, soit une augmentation de 19%. Chez Newmont, le 1er producteur mondial, les coûts de production sont passés de 1062 dollars par once en 2021 à 1211 en 2022, soit une hausse de 14%. Chez leurs concurrents, les couts de productions restent également élevés : 1383 dollars par once chez AngloGold, de 1271 dollars chez Kinross.
Pour le cours de l’or, c’est une bonne nouvelle. Il ne peut durablement chuter sous le cout de production, au risque de rendre la production non rentable. Le cout de production, c’est donc un prix plancher théorique. Et quand le prix plancher augmente, les investisseurs sont mieux protégés.
Ils l’ont dit ce mois-ci…
Les stratégistes de la Société Générale considèrent que l’or est un actif attractif pour 2023. Il peut offrir une protection contre le risque systémique et il apportera « une bonne protection contre la baisse du dollar ».
Pour Randy Smallwood, le président to conseil mondial de l’or : « La société a toujours eu besoin de l’or car elle a besoin d’une mesure non-politique de la valeur. Une des choses qui est arrivée en 2022, et qui, je pense, a soutenu le métal jaune est le fait que le dollar est devenu politique ». « je crois réellement qu’avoir une réserve de valeur non politisée, comme le fait l’or, est extrêmement important ».
Pour John Paulson, l’investisseur qui a anticipé la crise des subprime et réalisé un des plus gros profit de l’histoire : « cette année l’or va s’apprécier contre le dollar, et aussi sur les 3, 5 et 10 prochaines années ».
Wayne Gordon, en charge des matières premières au sein de UBS Wealth Management, pense que le métal jaune va à nouveau franchir les 2000 dollars, en particulier si le dollar baisse et la Réserve Fédérale fait une pause dans la hausse des taux.
Le chiffre du mois : 5.6 tonnes de pièces et lingots achetés par les Français en 2022
Au cours moyen de 2022, cela représente environ 308 millions d’euros. Ce chiffre publié par le Conseil Mondial de l’Or, est au plus haut depuis 2011, année de la crise de la dette grecque qui faisait planner le risque d’une dislocation de l’euro.
Coté bijouterie, la demande française s’est élevée à plus de 14 tonnes en 2022, ce qui porte les achats totaux d’or des français à 19 tonnes, soit environ 0.30 grammes par habitant.
Comparé à d’autres pays, les français boudent le métal jaune : un chinois (0.56g par habitant en 2022) achète quasiment deux fois plus d’or que les Français et un Américain plus de deux fois plus (0.77 g par habitant). Mais la palme en Europe revient aux Allemand qui ont acheté 2.36 grammes d’or par habitant en 2022. Soit presque 8 fois plus qu’un français…
Avertissement :
Le cours de l’or peut varier significativement à la hausse ou à la baisse. Les informations contenues dans ce document ne constituent pas une recommandation d’investissement et le lecteur est invité à prendre conseil auprès de professionnels pour la gestion de son épargne.
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