Guerre en Ukraine et nouveaux records pour l’or
Dans cette lettre mensuelle, vous trouverez un point sur la performance de l’or ainsi que plusieurs actualités et analyses sur des sujets qui influencent le cours du métal jaune.
Ce qu’il faut retenir du mois écoulé
- Cours de l’or : +17% en euros en 1 mois sur fonds de guerre en Ukraine
- Vers un nouveau choc énergétique
- L’or russe banni des places mondiales
- Goldman Sachs : prévision de cours à 2500 dollars dans 6 mois
+17% en un mois
Après un début d’année calme (+0.7% en janvier), le cours de l’or s’est envolé en raison de la guerre en Ukraine : gain de plus de 6% en février, et accélération sur les premiers jours de mars pour atteindre le record historique de 1870.22 euros l’once le 8 mars au second fixing de Londres. Le cours a également franchi la barre symbolique des 2000 dollars, qu’il avait déjà atteint à l’été 2020, en plein cœur de la crise sanitaire.
Sur 1 mois, cela représente une appréciation de plus de 17% en euros, un chiffre également porté par la dépréciation de la monnaie unique face au billet vert. Enfin depuis le début de l’année, la progression du métal jaune atteint 16.5% en euros et 12 % en dollars
Diversification efficace
Sur un mois, alors que métal jaune a progressé de plus de 17%, le Cac 40 a chuté de 15%. Le découplage entre l’or et les actions illustre une fois de plus le caractère défensif de l’or en période de crise. Le graphique est d’ailleurs frappant par sa symétrie.
La corrélation entre le métal jaune et l’indice parisien atteint -0.65 sur 30 jours, un niveau qu’elle n’avait plus atteint depuis 3 ans. A l’heure d’écrire ces lignes, l’or fait donc partie des meilleurs diversifiants aux actifs risqués.
Pour aller plus loin : Comment est fixé le cours de l’or ?
La guerre, sur tous les fronts
La guerre est évidemment d’abord militaire avec les violents affrontements sur le terrain depuis l’invasion du 24 février. Si la progression russe semble inéluctable, la résistance féroce des Ukrainiens surprend la plupart des spécialistes. Le bilan, lui sera lourd quel que soit le scénario…
La confrontation est aussi économique, avec les sanctions prises contre la Russie. Faire des affaires dans le pays devenant grandement aléatoire, beaucoup d’entreprises se retirent du pays et annoncent la fin de leurs opérations, contraints par les sanctions ou les opinions occidentales. Conséquence côté russe : l’effondrement du rouble de près de 50% et une très grande fragilité du pays. Selon l’agence de notation Fitch, le défaut du pays est imminent.
La menace nucléaire est également régulièrement brandie. La division géopolitique du très sérieux cabinet de recherche BCA research évalue, certes très subjectivement, la probabilité d’un scenario d’Armagedon nucléaire à 10%. Sans aller jusqu’à la destruction totale, les spécialistes s’accordent sur le fait que l’utilisation d’ogives à faible rendement (puissances probablement inférieures à celle d’Hiroshima) fait partie de la doctrine d’emploi russe. Surtout si le pays ou ses dirigeants sont acculés…
Un nouveau choc pétrolier
La guerre est également portée sur le terrain de l’énergie, et l’envolée des prix du pétrole et du gaz constituent de facto un choc énergétique sans équivalent. Rappelons que le cours du gaz a été multiplié par 10 en quelques mois et qu’on évoque d’un litre d’essence à 3 euros. De plus l’annonce d’un embargo américain sur l’importation de produits énergétiques russe (pétrole et gas) est une étape nouvelle dans l’escalade des sanctions sur le secteur énergétique…
Il faudra donc que les Européens se passent de l’Energie russe, mais Vladimir Poutine pourrait les prendre de vitesse. Il a signé un décret bloquant les exportations de certaines matières premières, la liste devant être définie dans les jours qui viennent. A suivre de très très près.
Tout ceci rappelle les chocs pétroliers des années 70. La hausse spectaculaire du prix du pétrole avait provoqué une récession mondiale et de l’inflation pour une décennie.
Pour mémoire, l’or s’était fortement apprécié lors de ces deux crises, avec un cours qui est passé de 35 dollars début 1970 à un plus haut de 711 dollars en septembre 1980. Une multiplication par 20 en 10 ans qui ont connus deux épisodes d’inflation à plus de 10%
L’or du premier producteur mondial banni des places mondiales
Dans la lignée de beaucoup d’organisations, les principales autorités du marché de l’or ont pris des mesures. La LBMA (London Bullions Market Associationà) a décidé le 7 mars de retirer les 6 sociétés russes de sa liste de fondeurs agréés à produire des lingots acceptés à la Bourse de Londres (good delivery list). Ces 6 fondeurs ont également été bannis du CME (Chicago Mercantile Exchange), qui est la place de référence pour le contrat future sur l’or aux Etats-Unis.
Les banques russes assurant normalement le négoce de l’or et les exportations à l’étranger étant sous sanctions, l’or russe a désormais peu de débouché, hormis les achats nationaux. La Russie a annoncé le 28 février qu’elle reprendrait ses achats d’or auprès des producteurs nationaux afin de renforcer la stabilité financière du pays au regard des sanctions imposées par l’occident. On s’y attendait, mais c’est vraiment l’art de faire d’une pierre deux coup…
Pour contrer la possibilité qu’aurait la Russie de se financer en vendant une partie de son or, les Américains souhaitent sanctionner ces réserves. Quatre sénateurs américains ont proposé une loi créant des sanctions sur les entités qui feront des transactions d’or physique avec la Russie.
Nous ne doutons pas que l’or russe trouvera des acheteurs finaux, soit en interne soit en Chine. Néanmoins, bannir le pays du marché mondial pourrait créer un sérieux déficit d’offre favorable au cours international.
Prévisions revues à la hausse et achats d’or chez les banques
La banque d’affaire Goldman Sachs a réhaussé ses prévisions de cours à 2300 dollars dans 3 mois, et 2500 dollars à 6 et 12 mois, citant une demande accrue des consommateurs, des banques centrales sur fonds de crise géopolitique.
La banque privée suisse Lombard Odier, traditionnellement réservée sur le métal jaune, a annoncé avoir augmenté l’allocation en métal jaune de ses portefeuilles modèles. De manière similaire, la division gestion de fortune de la banque d’affaire Citigroup a créé une position en or pour ses clients à hauteur d’environ 2% du portefeuille.
Avertissement :
Le cours de l’or peut varier significativement à la hausse ou à la baisse. Les informations contenues dans ce document ne constituent pas une recommandation d’investissement et le lecteur est invité à prendre conseil auprès de professionnels pour la gestion de son épargne.
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