Cours de l’or : stabilisation en février
Ce qu’il faut retenir du mois de février 2019 :
- Or en EUR : +0.53% en février, stabilisation après 2 mois de forte hausse
- Economie : le ralentissement industriel est généralisé
- Corée du Nord, Brexit, Inde/Pakistan : le contexte géopolitique reste tendu
- Positions spéculatives à la hausse : regain d’optimismachae pour l’or
- Italie : à qui appartiennent les 2450 tonnes d’or de réserve ?
- Chine : 10 tonnes achetées en Décembre, 12 tonnes en janvier, et après ?
Performance stable : +0.53% en EUR
Comment a évolué le cours de l’or ?
Les cours de l’or au 28 février, second fixing de Londres, se sont établis à respectivement 1158.74 euros et 1319.15 dollars. Cela correspond à une performance de 0.53% en euros, et de -0.31% en dollars. Après deux mois à plus de 3% par mois, c’est donc une stabilisation.
Les cours ont été soutenus jusqu’au 20 février, date à laquelle ils ont atteint 1185 euros, un plus haut depuis avril 2017. A cette date, la performance sur le mois avoisinait à nouveau les 3%. La correction observée en fin de mois a permis de calmer les excès d’optimismes de court terme et de ramener les cours sur des bases plus saines de moyen terme.
Sources : LBMA
Le ralentissement du secteur industriel est généralisé
C’est un constat généralisé : l’industrie mondiale ralentit fortement. En Europe, la récession allemande a été évitée de justesse : la croissance au dernier trimestre s’avère nulle, mais pas négative comme l’ont laissé envisager de mauvais chiffres de production industrielle. Le secteur manufacturier reste morose sur tout le continent, comme le montre les indices de directeurs d’achat au plus bas depuis 2013.
Le phénomène touche également les Etats-Unis, où plusieurs indicateurs avancés d’activité industrielle sont en terrain négatif, à l’instar du PhiliFed. Cela souligne la baisse de la production industrielle de 0.6% relative au mois de janvier, et la baisse des commandes de biens durables de 0.7% (hors défense et aéronautique).
S’il est trop tôt pour parler de récession, ce ralentissement est suivi de près par les banques centrales qui devraient maintenir des politiques monétaires accommodantes, traditionnellement favorables au métal jaune.
Le contexte international toujours tendu
Le mois de février a été chargé d’événements politiques et géopolitiques susceptibles de soutenir le cours de l’or en raison des incertitudes qu’ils créent. Nous retenons plus particulièrement 3 points :
- L’échec des discussions entre Trump et Kim Jung Un au sommet de Hanoi, qui laisse ouvert le dossier nucléaire nord-coréen.
- Le Brexit, dont l’échéance officielle du 29 mars se rapproche. Theresa May, la première ministre britannique toujours en prise avec sa majorité, va probablement demander des délais.
- L’escalade militaire surprise entre l’Inde et le Pakistan. Les tensions larvées dans la zone contestée du Cachemire se sont en effet brusquement intensifiées. Après des frappes aériennes de chaque pays chez son voisin, un avion abattu, un pilote capturé (et libéré) et des échanges de tirs à la frontière, les tensions semblent se calmer sous la pression internationale. Il s’agit probablement du plus grave incident entre les deux puissances nucléaires depuis les années 70.
Comment le cours de l’or est-il fixé ?
Positions spéculatives sur l’or : retour de l’optimisme
Les positions spéculatives sur l’or, mesurées par les positions sur les produits dérivés de la bourse américaine (COMEX) se sont nettement améliorés ces dernières semaines et sont désormais nettement positives à environ 256 tonnes au 19 février selon les chiffres de la CFTC.
Après des mois de positions nettes baissières, ce retournement traduit un regain d’optimisme pour le métal jaune de la part des gérants de portefeuille professionnels. Un positionnement qui se met au diapason des recommandations plutôt optimistes formulées par les banques d’affaires dans leurs prévisions pour 2019.
Sources : CFTC, LBMA
Italie : une loi pour protéger l’or du pays ?
Pourquoi un projet de loi pour protéger l’or en italie ?
La nouvelle a fait polémique : un projet de loi déposé par le député Claudio Borghi vise à affirmer que l’or détenu par la banque centrale italienne appartient en réalité à l’état italien. La nuance est subtile, et pourtant capitale. En effet les avoirs des banques centrales membres de la zone euro sont contrôlés par la banque centrale européenne, qui peut en disposer dans le cadre de ses opérations courantes, comme l’a confirmé à l’agence Reuters le ministre italien de l’économie Giovanni Tria.
Que veulent-ils obtenir avec ce projet de loi ?
Les partisans de cette mesure prétendent vouloir protéger ces avoirs de possibles recours juridiques contre la banque d’Italie. Ses adversaires y voient une manœuvre politique qui vise à saper l’indépendance de la banque d’Italie et à reprendre le contrôle sur 2452 tonnes de métal jaune. Un magot de 92 milliards d’euros environ dont certains disent qu’il serait bien utile au gouvernement, en proie avec des difficultés budgétaires.
Chine : 10 tonnes achetées en décembre, 12 en janvier, et ensuite ?
Pourquoi la Chine achète de l’or en tonne ?
La Chine est elle lancée sur une dynamique d’achat d’or récurrente, à l’instar d’autres pays comme la Russie, le Kazakhstan, l’Inde et la Turquie ? Après des années sans avoir déclaré d’achat d’or, la banque centrale chinoise, d’habitude peu transparente sur le sujet, a annoncé avoir acquis près de 10 tonnes en décembre et 12 tonnes en janvier.
Avec des réserves de 1860 tonnes, la Chine est le 6éme détenteur d’or, un classement qui ne reflète pas le rang de la deuxième puissance économique mondiale. Il est très probable que cette situation soit corrigée dans les mois et années à venir et que l’institution engage une politique de diversification de ses colossales réserves de change, constitué majoritairement de dollar. Une diversification bienvenue dans un contexte de nouvelle guerre froide avec les Etats-Unis…
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