Dernières Nouvelles d’Alsace – Octobre 2008
Des épargnants acheteurs d’Or
Alors que l’orage gronde sur les marchés financiers, le marché de l’or – du moins sa partie légale et émergée – a le vent en poupe. Certains épargnants, inquiets, trouvent dans ce métal précieux une valeur « de précaution ». Deux des principaux négociants sur la place strasbourgeoise sont submergés de demandes.
” Lorsque je travaillais dans la banque, on disait : Quand les chauffeurs de taxi s’intéressent à la bourse, c’est foutu. Là, c’est ce qui est en train de se passer ». Dans son bureau (parquet, moulures) avenue de la Paix, Laurent Schwartz, dirigeant du Comptoir National de l’Or, a mal au crâne. Le téléphone ne s’arrête plus. L’augmentation des cours de l’or pas davantage : « Le lingot a encore pris 5% aujourd’hui ». « Les gens sortent leur argent des banques, ils n’ont plus confiance ».
Depuis plus de 30 ans qu’il est dans le négoce de métaux précieux, il a rarement vu ça, en tous cas « jamais depuis Mitterrand ». Qu’il s’agisse de lingots ou de pièces d’Or (Napoléons, de 20 francs suisses, de 50 pesos mexicains, de 10 florins hollandais, ou de krugerrand sud africains), Laurent Schwartz se dit « dévalisé », mais arrive à se fournir.
Le début du rush remonte à une quinzaine de jours, selon lui, lorsque les grandes banques américaines se sont cassé la figure. « Les gens sont complètement désorientés. Il y en a pas mal qui sortent leur argent des banques parce qu’ils n’ont plus confiance. Ils veulent se protéger de la débâcle », explique le professionnel, qui compte désormais 60% de vendeurs et 40% d’acheteurs dans sa clientèle. Le ration était de 90-10 il y a quelque temps.
Plus l’inquiétude gagne les épargnants, plus sa clientèle, initialement composée de connaisseurs, s’élargit. Ce qui ne l’enchante guère. Des «petits porteurs, qui pensent qu’en achetant dix napoléons ils vont sauver leur patrimoine », il estiment en avoir « beaucoup ». Trop sans doute.
(…)
Retour