Guerre commerciale Chine-USA, les possibles scénarios
Depuis début mars, Chine et USA se rendent coup pour coup dans ce qui a (trop ?) rapidement été nommé guerre commerciale. Plus que les hausses des taxes douanières, il s’agit pour chacun des deux protagonistes de démontrer sa puissance économique bien sûr, mais surtout politique. Quels sont les scénarios possibles dans ce qui n’est pour l’instant qu’un épiphénomène, mais qui pourrait être la source d’une nouvelle crise financière ?
Le boycott face à la hausse des taxes
Les exportations chinoises vers les États-Unis sont quasiment quatre fois importantes que les opérations dans l’autre sens. Même si la Chine répond aux hausses des droits de douane par des mesures équivalentes, la limite côté chinois sera rapidement atteinte. La Chine dispose par contre d’un levier majeur qu’est le boycott plus ou moins officialisé des produits américains. Cette arme, la Chine l’a déjà utilisée par le passé contre le Japon et la Corée du Sud. Entre « tracasseries » administratives et appui tout aussi organisé de l’opinion publique, il est assez aisé pour les autorités chinoises de freiner tant les produits importés des États-Unis que ceux fabriqués en Chine par des entreprises américaines fabriquées en Chine. Sont concernés de nombreux secteurs comme celui de l’agroalimentaire, de l’automobile et de l’aviation. Comme pour la plupart des pays, il sera difficile pour les États-Unis de répondre efficacement à ce boycott par une réponse de même niveau. Les opinions publiques sont d’une part moins « formatées » que celle chinoise et d’autre part certains produits ou matières premières venus de Chine sont difficilement remplaçables.
L’Europe invitée à jouer un rôle
Pour ces deux derniers domaines, une baisse des achats américains pourrait profiter aux industriels européens dont PSA et Airbus. Tout dépendra en fait de la position européenne. Les Chinois font actuellement les « yeux doux » à l’Europe qui pourrait être amenée sous peu à devoir choisir entre alliance politique et choix économique. À la hausse des droits de douane imposés aux Européens par l’administration Trump vient de s’ajouter les menaces de sanctions pour les entreprises qui commerceraient avec l’Iran. Ces deux aspects peuvent certes jouer en faveur d’un rapprochement économique Chine-Europe, mais l’histoire et la diplomatie ont également un poids important à jouer dans ce scénario.
La menace d’une vente massive de bons du Trésor américain
Souvent évoquée, une vente massive de bons du Trésor est sans trop de doute le scénario le moins probable. Même si la Chine a réduit son intervention dans la dette américaine, la People’s Bank of China ne procédera sans doute pas à la vente massive d’une partie des 1 200 milliards de dollars d’encours d’emprunts américains. Un tel allègement provoquerait mécaniquement une baisse notable de la valeur de ces bons, d’où une baisse conséquente de celle des réserves de change. L’effet sur l’économie américaine serait de plus très limité, les administrations américaines successives ne se souciant guère du niveau de déficit public. La banque centrale chinoise peut éventuellement jouer sur une baisse du Yuan face au Dollar, mais là encore l’effet ne peut qu’être limité du fait que la majorité des transactions internationales sont libellées en dollars.
Un adoucissement réciproque des positions
Le scénario qui tient la corde est celui d’un adoucissement réciproque avec un certain nombre de concessions. Le principal reproche fait à la Chine porte en effet moins sur les bas prix des exportations chinoises que sur les difficultés pour les entreprises américaines, et plus généralement étrangères, de s’implanter en Chine. La balle semble donc du côté Chinois, le bras de fer actuel ne pouvant s’éterniser sans affecter l’économie mondiale et ne faire finalement que des perdants. Lire également notre article sur le poids de la dette entre les USA et La chine.
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