Vietnam : un marché de l’or appelé à se libéraliser
Après une longue période agitée par les conflits militaires et politiques, le Vietnam est entré dans une phase de développement économique. Son entrée en 1995 dans l’ASEAN y est pour beaucoup, ce en supplément de vigoureux échanges commerciaux avec son voisin chinois. Un des effets de la croissance du PIB (+ 6,5 % en 2017) est de doper la demande de bijoux en or avec une hausse de 7 % l’année passée. En 2015, le gouverneur de la Banque d’État du Vietnam a révélé que la réserve d’or était de 10 tonnes.
Concernant l’or d’investissement (lingots d’or), le marché est aujourd’hui strictement contrôlé par la banque centrale du Vietnam (SBV). Des signes récents semblent toutefois aller dans le sens d’une relative libéralisation du marché de l’or.
Le transport de l’or physique interdit depuis 2014
Avant 1975, l’or était utilisé comme moyen de paiement. Le salaire d’un haut fonctionnaire était ainsi en moyenne de 2 chi, dénomination locale du tael d’or (1 tael = 37,5 grammes). L’or était également utilisé pour les transactions portant sur l’immobilier et certains produits de consommation tels que les motos ou les téléviseurs.
Suite à la circulaire publiée par la banque centrale du Vietnam le 15 mai 2014, il est interdit aux locaux et aux étrangers de transporter de l’or physique qu’il s’agisse d’entrée ou de sortie du métal jaune. Cette décision vient ainsi renforcer la loi instaurée en 2012. Nommé « Décret 24 », ce texte place la SBV comme régulateur du marché de l’or du pays.
D’autre part, les nouvelles contraintes de capital (près de 4 milliards d’euros) ont eu pour effet de réduire le nombre de négociants de 10 000 à 2 500. S’ajoute l’obligation de posséder un certificat d’enregistrement délivré par la SBV pour les fabricants de bijoux en or ainsi que des installations de production conformes aux normes en vigueur.
Des barrières, mais seulement en apparence
L’apparence stricte de la législation vietnamienne sur l’or pourrait faire craindre une pénurie de lingots importés. Dans les faits la situation est assez différente grâce à une disposition particulière.
Il existe en effet une filière faussement cachée pour importer de l’or. En échange d’une prime de 40 $ l’once, les négociants peuvent s’approvisionner en métal jaune sous réserve que celui-ci provienne de Chine, du Cambodge ou du Laos.
Le résultat est que si le nombre de négociants a officiellement baissé, le Singapore Bullion Market (SBMA) indique que les 10 000 magasins sont toujours présents. Ces boutiques proposent un large éventail de bijoux en or, les lingots étant négociés plus discrètement.
Un marché de l’or appelé à se libéraliser
L’année 2018 devrait être celle d’une libéralisation progressive du marché de l’or. Les signes se multiplient dans ce sens tant pour des raisons économiques que sociales.
Comme tout pays où la législation sur l’or encadre strictement les transactions, se développe un marché parallèle. Par nature, celui-ci échappe à tout contrôle de l’État et donc aux recettes liées. Se greffe un aspect social, les Vietnamiens comme la plupart des pays d’Asie étant très attachés à l’or, et ce tant pour sa valeur garantie que son attrait historique une fois transformé en bijoux.
Ces deux aspects ne peuvent qu’inciter le gouvernement à assouplir la législation actuelle en ouvrant progressivement le marché. Il ne faut pas pour autant s’attendre à des annonces « révolutionnaires ». Les mesures à venir devront en effet suivre une « ligne harmonieuse » entre régime politique et évolution du mode de vie de la population.