La réserve d’or des Etats-Unis, risque d’implosion du système monétaire mondial
Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les gouvernements successifs ainsi que les grands établissements financiers des États-Unis entretiennent une relation complexe avec l’or. Bien qu’à l’origine pour une bonne partie de la fin de l’étalon or remplacé par le dollar, les États-Unis certifient détenir la plus importante réserve d’or au monde avec plus de 8 000 tonnes. En savoir plus sur la ruée vers l’or des Etats-Unis. Ces dernières décennies, des rumeurs tenaces mettent en avant des doutes sur la réalité de ces réserves d’or. Plus récemment, Ronan Manly, expert en métaux précieux chez BuillonStar de Singapour, remet moins en question la quantité d’or détenue par le Trésor américain que la qualité du métal jaune entreposé.
Les lieux de stockage de l’or du Trésor
En janvier 2013, un rapport très officiel de l’Office d’inspection générale du Trésor a créé un certain trouble en relatant que la réserve d’or détenue par la FED n’était que de 418 tonnes, soit très loin des 8 133 tonnes officielles. Ce qui a été plus ou moins volontairement omis par les médias, c’est que la FED n’héberge qu’environ 5 % des réserves officielles. Le reste est stocké pour 58 % à Fort Knox (Kentucky), 20 % à West Point (État de New York) et 16 % à Denver (Colorado).
Une réserve sans doute présente, mais de qualité médiocre
Si la quantité d’or est bien présente, les doutes de Roman Manly portent sur la qualité des lingots d’or avec une pureté trop faible et un poids anormal. Cette qualité douteuse semble avoir été à l’origine de la refonte des lingots récupérés par la banque centrale allemande en 2016. Ces barres invendables sur le marché international ne seraient en fait utilisées que lors de transactions entre banques centrales parfaitement informées de ce qu’elles achètent. Pour appuyer ses dires, l’expert reprend certains détails troublants des rares rapports publiés par les « gardiens » des réserves d’or. Une manière de mettre fin à ces doutes serait de permettre un audit indépendant, ce que ni la Monnaie des États-Unis ni la Réserve fédérale n’accepteront.
Un risque pour l’économie mondiale
La confirmation de la médiocre qualité de la réserve d’or américaine aurait un impact négatif sur l’économie mondiale, ce bien plus que la position centrale du dollar dans le système de commerce international. Une telle révélation imposerait en effet un contrôle des autres réserves d’or, dont celles de la zone euro, de la Russie et de la Chine. De nombreuses banques centrales ayant stocké une partie de leurs réserves aux États-Unis, la pression serait mise sur ces établissements ayant fermé les yeux pour leurs propres intérêts, mais pas ceux des populations. Suivrait un débat sur le rôle de l’or dans le système monétaire international, ce que les gouvernements américains successifs ont toujours évité.
Le rôle à venir de la Banque de développement
En 2015, les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ont donné naissance à la Banque de Développement. L’objectif de cette banque est de contrebalancer le poids de la Banque Mondiale et du FMI et indirectement du dollar. La Russie et la Chine, producteurs majeurs d’or physique, ont incité la Banque de Développement à s’appuyer sur une importante réserve d’or pour garantir les transactions. Chine et Russie ont largement contribué à la mise en place de cette réserve d’or afin que la banque des BRICS possède une arme « anti-dollar » efficace. Si les BRICS n’ont aucun intérêt immédiat à allumer pas la mèche de la bombe composée des réserves d’or douteuses de nombreuses banques centrales, ils détiennent à présent un argument de poids pour faire pression sur le système monétaire actuel.