La soif de l’Or du marché Chinois
Les réserves d’or officielles et les autres
En octobre de cette année, Zhang Yongtao, vice-président de l’association d’or de la Chine a révélé que fin 2016, le pays détenait 12 000 tonnes d’or en lingots. Bien que premier producteur d’or au monde avec plus de 500 tonnes par an, la Chine se paye le luxe de n’exporter qu’une infime partie de sa production. Une des raisons est de ne pas déstabiliser le marché international en injectant de grandes quantités, ce qui préserve ainsi la valeur de ses propres réserves. Si la Chine est le premier producteur d’or, elle est également la première consommatrice devant l’Inde. Depuis quatre ans, la Chine s’est lancée dans des opérations massives d’achat d’or sous forme de lingots, mais aussi de pièces. Pour une part, cet or provient des raffineries suisses. Sur le seul mois de décembre 2016, ce sont 158 tonnes d’or (source douanes suisses) qui ont été physiquement transféré en Chine en transitant par Hong-kong. Cet afflux d’or étranger répond à la volonté de Pékin de devenir un acteur majeur du marché international dont la plateforme est Shanghai. Cette manœuvre vise en même temps à court-circuiter la place de Hong Kong qui a longtemps été le premier fournisseur en or de la Chine. Faire de Shanghai, capitale économique, le plus important marché de l’or au monde se présente également dans la droite ligne des futurs contrats à termes pétrole/Yuan. Le montant des échanges libellés en monnaie chinoise s’appuiera sur une garantie or. Cette soif pour l’or de la part de la Chine est en même temps liée à la volonté des responsables financiers de diversifier ses réserves d’actifs. Les 4 000 milliards de dollars de réserves sont principalement des actifs papier dont une majorité en dollars US. Sans pour autant vouloir faire chuter la devise américaine, ce qui nuirait à ses propres intérêts, la Chine se fabrique un parachute utilisable en cas de besoin.
L’économie parallèle s’intéresse de près à l’or
Nommé « économie » grise, les réseaux financiers parallèles sont particulièrement bien structurés et puissants en Chine. Au fil des années, les célèbres triades ont évolué pour devenir de véritables empires financiers. Très logiquement, ces officines non officielles et opaques s’intéressent de près au marché de l’or, qu’il s’agisse d’achat ou de vente. Où s’alimentent ces réseaux financiers ? Principalement auprès des mines et raffineurs clandestins qui sont en grand nombre en Chine. Cet or est ensuite soit transformé en bijoux et vendu dans des magasins locaux ayant pignon sur rue, soit exporté vers des pays tels que l’Inde, la Thaïlande et autres. Lors des années de folies immobilières entre 2010 et 2015, cet or a également servi à spéculer en achetant des milliers d’appartements revendus aussitôt, ce qui a généré des bénéfices colossaux. Cette plus-value a ensuite été réinvestie pour une bonne part dans l’immobilier, mais cette fois sous la forme de société de construction réalisant d’importants bénéfices. Cette économie parallèle est évidemment connue des autorités chinoises. En dehors des cas de dérapages trop bruyants, elles laissent faire, ces opérations contribuant favorablement au développement du pays et de sa population.
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