Les planètes s’alignent pour porter le cours de l’or vers les records
Dans cette lettre mensuelle, vous trouverez un point sur la performance de l’or ainsi que plusieurs actualités et analyses sur des sujets qui influencent le cours du métal jaune.
Ce qu’il faut retenir du mois écoulé
- Nouveaux records plus de 2100 euros
- Performance 2024 : +10.43%
- La demande physique tire le cours
- Records d’importation Chinoises
- Géopolitique : enracinement et élargissement des crises
Un mois d’avril record pour le cours de l’or
En mars le cours de l’or en euros s’est apprécié de 9.55% pour atteindre 2066.70 euros l’once. Il s’agit de la plus forte appréciation enregistrée sur un mois depuis février 2016. Le cours a enregistré 19 séances de hausse et seulement 2 de baisse et a donc pour la première fois franchis la barre des 2000 euros. La performance depuis le début de l’année dépasse maintenant les 10%.
En dollar, l’once s’apprécie de 9% sur le mois et de 7.4% en 2024 avec pour atteindre un cours de 2233, avec la aussi plusieurs records historiques battus atteints au fil des séances de hausse.
A l’heure d’écrire ces lignes, le 2 avril, de nouveaux records sont encore atteints, à plus de 2260 dollars et 2100 euros, soit 1.5% environ de progression supplémentaire.
Pour aller plus loin : Comment est fixé le cours de l’or ?
L’or repasse devant les actions
Ces performances permettent au métal jaune de repasser devant les actions sur 2024. Le CAC 40 s’appréciant de 3.5% en mars, sa hausse avoisine les 9% sur 2024, soit environ 1.5% en deçà de la performance de l’or.
A plus long terme, les performances annualisées du métal jaune sont supérieures à l’appréciation du CAC 40 hors dividendes. Avec plus de 9% par an sur 20 ans, l’investisseur qui a investi sur l’or en 2004 a multiplié son capital par 6.
L’alignement des planètes
Ces records s’expliquent par un « alignement de planètes » de facteurs qui bénéficient généralement au métal jaune : des doutes sur la solidité de l’économie, des perspectives d’assouplissement monétaire par les principales banques centrales, un contexte géopolitique qui n’a rarement été aussi tendu, et une demande forte d’or physique à la fois par les consommateurs et les institutions de pays désireux de renforcer leurs réserves dans un actif « stratégique et neutre ».
Plus particulièrement marquant ces derniers jours, est l’escalade de la rhétorique guerrière entre la Russie et l’Europe, avec la piste ouvertement évoquée d’envoi de troupes européennes en Ukraine. Les attentats de Moscou et les propos du Kremlin sur le sujet, la frappe d’Israël sur l’ambassade iranienne en Syrie, et les élections américaines en novembre ajoutent à l’incertitude.
Dans ce contexte, ne voyant pas les facteurs de soutien au cours s’atténuer à court terme, la plupart des analystes révisent à la hausse leur perspectives de cours. C’est le cas de l’Union Bancaire Privée (un gestionnaire suisse) et Goldman Sachs qui envisagent un cours à 2300 dollars l’once.
La demande physique tire le cours de l’or
On comprend aisément que dans un contexte plein d’incertitude (économique, financière et politique) l’or valeur refuge soit attractif. Ce qui est toutefois assez remarquable dans cette envolée c’est que la demande semble essentiellement physique, et peu financière.
En effet, les avoirs en or des ETF, qui sont traditionnellement les réceptacles des investissements des institutionnels sont en décroissance depuis le début de l’année, comme en 2023. Il semble qu’il y ait un peu plus de spéculation sur les marchés d’or papier, mais pas suffisamment pour justifier cet envol.
Parmi les hypothèses plausibles, des achats supplémentaires de banques centrales agissant discrètement, une demande accrue de pièces et lingots par des particuliers non occidentaux, ou des investissements significatifs par des fonds spéculatifs. Ou plus probablement, une combinaison des trois.
Imaginons un instant que la demande financière reviennent à des niveaux similaires à 2020, ce serait alors près de 800 tonnes de demande d’or supplémentaire, qu’on aurait clairement du mal à satisfaire sans que les cours ne s’envolent significativement.
La Chine a importé 1447 tonnes d’or en 2023, 40% de la production minière mondiale
Pour illustrer l’attrait de l’or physique, il suffit de se tourner vers la Chine. En 2023, selon les chiffres des douanes chinoises relayés par le South China Morning post, les importations d’or du pays ont atteint 1447 en 2023, un record ces dernières années malgré les cours au plus haut. Le pays absorbe ainsi près de 40% de la production mondiale.
Cette demande est d’autant joaillère (achats soutenus de bijoux pour le nouvel an chinois) que d’investissement (pièces et lingots) dans un contexte incertain (baisse du marché immobilier et des actions chinoises). Face à la demande des particuliers, les banques chinoises ont d’ailleurs relevé cette semaine le seuil minimal d’investissement dans certains produits d’épargne en or afin probablement de limiter la demande.
L’or gagnerait-il en attrait grâce aux cryptos ?
Il semble que la base de la demande s’élargisse et se rajeunisse. « L’or est bien plus qu’une relique barbare d’un autre temps ». C’est le titre d’un podcast récemment publié par Edmund Shing, le directeur des investissements de la branche gestion de fortune de BNP Paribas.
Une explication possible est la démocratisation des cryptos, dont la thèse d’investissement sous-jacente est similaire à celle de l’or (une monnaie en quantité limitée, qui protègerait du risque de débasement monétaire en cas d’effondrement du système, etc.). Un plus grand nombre de d’investisseurs étant sensible à cette thématique pourrait donc acheter de l’or et soutenir la demande. Affaire à suivre.
Avertissement :
Le cours de l’or peut varier significativement à la hausse ou à la baisse. Les informations contenues dans ce document ne constituent pas une recommandation d’investissement et le lecteur est invité à prendre conseil auprès de professionnels pour la gestion de son épargne.
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