Cours de l’or : recul vers des niveaux toujours élevés
Dans cette lettre mensuelle, vous trouverez un point sur la performance de l’or ainsi que plusieurs actualités et analyses sur des sujets qui influencent le cours du métal jaune.
Ce qu’il faut retenir du mois écoulé
- Cours de l’or en euro : -1% en avril, +6.1% sur 2023
- Les nuages s’accumulent sur le système financier
- Prévisions de cours optimistes
- Les banques centrales achètent de l’or pour se protéger du risque géopolitique
- Chine et Russie : sur le devant de la scène de l’offre et la demande
Recul en avril, +6.1% sur 2023
En avril, le cours de l’or en euro a enregistré un recul de -0.82% pour s’établir, au second fixing londonien du 28 avril, à 1803.33 euros l’once. Dans le mois, le cours a varié entre un plus haut de 1853.15€ et un plus bas de 1794.43. Depuis le début de l’année, la performance totale du métal jaune atteint 6.14% en euros.
Le cours de l’once d’or en dollar a fait les grandes lignes car il a franchi à nouveau la barre symbolique des 2000 dollars, en atteignant un plus haut à 2048 dollars l’once le 13 avril, avant de corriger. Le cours a été poussé par une baisse l’inflation et des inquiétudes de récession qui ont laissé penser que la FED n’augmenterait pas ses taux directeurs. Sur l’année, la performance de l’or en dollars s’élève à 9.39%, mieux qu’en euros, en raison de la baisse du billet vert contre la monnaie unique.
Pour aller plus loin : Comment est fixé le cours de l’or ?
Les nuages s’accumulent sur le système financier
Les niveaux élevés du cours de l’or des deux derniers mois s’expliquent principalement par les inquiétudes sur la stabilité du système financier mondial.
Après avoir digéré les faillites de la Silicon Valley Bank et de Crédit Suisse en mars, les marchés s’étaient calmés. Les craintes ont resurgi avec la faillite organisée ce week-end de la First Republic Bank, reprise par JP Morgan. C’est désormais la deuxième plus grosse faillite bancaire de l’histoire américaine, ravissant la place à la Silicon Valley Bank et a détenu la place pour un mois seulement…
Les finances publiques mondiales sont également sous pression. L’agence de rating Fitch a abaissé vendredi dernier la note de la dette française de AA à AA-. L’agence cite un déficit budgétaire prévu de 5% en 2023 et 4.7% en 2024, alors que la médiane des pays ayant une note de AA était de 2.3% et 0.9% respectivement. Le rapport cite également l’augmentation de la charge d’intérêt de la dette (+15 milliards en 2022), le contexte social et l’impasse politique comme des éléments d’inquiétude.
Aux Etats-Unis, si la discussion sur le rehaussement du plafond de la dette n’aboutit pas, il risque de mettre le pays en défaut de paiement dès le 1er juin, a annoncé la secrétaire d’Etat au Trésor Janet Yellen. Il reste 12 jours aux élus républicains et démocrate pour trouver un compromis dans un contexte politique compliqué par les perspectives de la campagne présidentielle 2024.
Les analystes réhaussent leurs prévisions de cours
Dans ce contexte, les prévisions sur le métal jaune sont globalement optimistes. Le nouveau franchissement de la barre symbolique des 2000 dollars pousse de nombreux analystes à revoir leurs prévisions. UBS prévoit ainsi un cours de 2100 dollars l’once à la fin de l’année et 2200 pour mars 2024. Son directeur des investissements de la branche gestion de fortune continue de recommander l’or comme actif de protection de portefeuille dans un contexte incertain sur la croissance et le système financier.
Le stratégiste matière première de Bank of America pense que même une faible augmentation des achats d’or investissement pourrait faire grimper le cours à 2500 dollars. Chez Ned Davis et BCA Research, deux sociétés de recherche macroéconomique indépendantes, la vision est également constructive sur le métal jaune avec chez cette dernière une prévision de cours à 2200 dollars.
Les banques centrales achètent de l’or pour se protéger des risques géopolitiques
Après l’achat de près de 45 tonnes en janvier, la banque centrale de Singapour a annoncé 7 tonnes d’or supplémentaires en février, poursuivant ainsi la diversification de ses 404 milliards de dollars de réserves, en cause les risques géopolitiques. La Chine continue ses achats avec 18 tonnes en mars, portant ses réserves à 2068 tonnes. Sur 12 mois, la Chine est ainsi le plus gros acheteur institutionnel de métal jaune, avec près de 120 tonnes ajoutées (soit près de 7.5 milliards de dollars). La République Tchèque a également acquis 2 tonnes en mars.
La tendance devrait se poursuivre. Selon la banque UBS, au rythme des achats actuels par les banques centrales, on dépasserait les 750 tonnes en 2023, ce qui en ferait la deuxième année record derrière 2022. L’étude annuelle menée par HSBC auprès de 83 banques centrales – représentant plus de 7000 milliards d’actifs – fait ressortir que plus de deux tiers d’entre elles pensent que les réserves d’or vont augmenter. 40% citent le risque géopolitique et l’inflation comme leurs principales préoccupations.
Offre et demande : la Chine et la Russie sur le devant de la scène.
Les deux pays s’illustrent encore une fois sur ce trimestre par leur prépondérance en termes d’offre et demande sur le marché mondial de l’or.
En mars, la production d’or en Russie a augmenté de plus de 25% en par rapport au même mois de l’an dernier, selon l’agence Rosstat. Sur le 1er trimestre 2023, c’est 9% de plus d’or sorti des mines russes par rapport au début de l’année 2022. Ceci est cohérent avec les 75 tonnes en or physique achetés par les Russes l’an dernier selon le ministère des finances. Ce chiffre est à prendre avec précaution car difficilement vérifiable, mais il représente tout de même près de 10 fois les achats d’or des Français…
En Chine, la production au premier trimestre a augmenté de 7% par rapport à la même période de 2022 et ainsi retrouvé ses niveaux pré-Covid, selon la China Gold Association. Les 115 tonnes produites au premier trimestre permettent d’envisager une production record en 2023, dépassant les 453 tonnes de 2016. Là encore, cette production répond à une demande de la banque centrale du pays (+58 tonnes au 1er trimestre) et à des ventes de bijoux en hausse de 35% sur un an, grâce un large effet « réouverture du pays ».
Avertissement :
Le cours de l’or peut varier significativement à la hausse ou à la baisse. Les informations contenues dans ce document ne constituent pas une recommandation d’investissement et le lecteur est invité à prendre conseil auprès de professionnels pour la gestion de son épargne.
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