Cours de l’or : rebond en novembre
Dans cette lettre mensuelle, vous trouverez un point sur la performance de l’or ainsi que plusieurs actualités et analyses sur des sujets qui influencent le cours du métal jaune.
Ce qu’il faut retenir du mois écoulé
- Cours de l’or en euro : +2% en novembre, +5.2% en 2022
- La faillite de FTX favorise le rebond de l’or
- Notre parti pris : la Chine accumule de l’or.
+2% en novembre, +5.2% en 2022
Après une correction importante en octobre (-3.1%), le cours de l’or en euros a rebondi de près de 2% en novembre. Avec un cours de fin de mois à Londres atteignant 1689,77€, le métal jaune affiche une performance positive de 5.21% depuis le début de l’année.
Table 1 : performance mensuelle de l’or en euros
Cette performance est nettement inférieure à celle du cours du métal jaune libellé en dollar, qui s’est apprécié de près de 7% en novembre. Mais l’investisseur européen a été pénalisé par une dépréciation de près de 5% du billet vert contre la monnaie unique.
Pour aller plus loin : Comment est fixé le cours de l’or ?
La hausse des marchés se poursuit, l’or reste devant les actions
Les marchés actions ont poursuivi leur rebond entamé fin septembre et le CAC40 s’adjuge près de 7,5% en novembre, portant le recul de l’indice parisien à près de 6% en 2022. Depuis le début de l’année, le métal jaune conserve donc une avance de près de 11% sur les actions françaises. Coté obligations, malgré un mois légèrement positif, les principaux indices européens restent en recul d’environ 14% depuis le début de l’année.
La traditionnelle diversification Actions/Obligations s’avère donc inopérante en 2022, tandis que le métal jaune affiche lui toujours une corrélation négative avec les actifs risqués.
La faillite de FTX favorise le rebond de l’or
L’actualité du mois de novembre, c’est la faillite retentissante de FTX, la deuxième plus grosse plateforme d’échange de crypto-monnaies. Une faillite qui a bouleversé l’écosystème des cryptos et qui relance la question de leur pérennité.
Sans présager de l’avenir, nous pouvons néanmoins affirmer que ces déboires profitent indirectement au métal jaune : on observe d’ailleurs en novembre une hausse du cours concomitante à la chute du bitcoin.
Une banque semble d’ailleurs croire à un possible système de vase communicants entre métal jaune et cryptos : Standard Chartered. Dans une note sur les surprises possibles en 2023, le directeur de la recherche de la banque anglaise parle d’un bitcoin à 5000 dollars et d’une once d’or à 2250 dollars. Son raisonnement s’appuie sur une possible contagion de la crise des cryptos, une baisse de confiance dans les actifs digitaux, et une position renforcée de l’or comme valeur refuge.
Parti pris : la Chine se dédollarise et amasse de l’or
Dans notre dernière lettre mensuelle, nous commentions un chiffre spectaculaire du World Gold Council : les banques centrales auraient acheté près de 400 tonnes d’achat d’or au 3ème trimestre, portant les achats pour 2022 à un plus haut depuis 1967.
Le fait marquant, c’est que ce chiffre comporte une large part d’achats non officiels. En clair, les banques centrales achètent massivement de l’or, mais préfèrent ne pas le déclarer mensuellement au FMI comme il était auparavant d’usage. On pense d’abord à la Russie, qui pour des raisons évidentes, a arrêté de communiquer ses achats d’or officiels dès l’invasion de l’Ukraine.
Les regards se tournent également vers la Chine. Le pays détient officiellement 1948 tonnes de métal jaune, soit les 6ème réserves mondiales. Mais le pays a surtout une tradition d’accumulation discrète de métal jaune, faisant de temps à autres des annonces retentissantes sur la réalité de ses avoirs. Comme en 2009, avec une hausse soudaine et massive de ses réserves de 400 tonnes. Puis de 600 tonnes en 2015.
Nous pensons que l’histoire va se répéter. Indices.
Malgré les efforts américains, le déficit commercial de l’oncle Sam envers la Chine va atteindre des records et probablement dépasser des 400 milliards de dollars en 2022. Ce commerce extérieur largement positif, permet à la Chine d’encaisser des dollars et d’accumuler des réserves de change.
La composition de ces réserves de change est un secret bien gardé. En général, la plupart des banques centrales placent ces réserves en obligations ou bons du trésor de l’état qui emet la devise.
Pourtant, depuis plusieurs années, la Chine réduit le montant de ses avoirs en bons du trésor américain. Une dédollarisation qui s’est considérablement accélérée en 2022 : les avoirs chinois et hongkongais investis en obligations américaines ont plongé de 180 milliards de dollars.
Un moyen pour Pékin de réduire sa dépendance au dollar et d’éviter ainsi de possibles sanctions, comme celles qui ont frappé les avoirs détenus par la banque centrale de Russie.
Que fait donc la Chine de ses dollars ? Pour au moins une partie, elle achète de l’or. Elle ne publie pas les données officielles, évidemment, mais on peut par exemple observer indirectement le phénomène, avec une hausse importante des exportations suisses d’or vers la Chine.
Ces exportations restent certes en deçà des niveaux atteints en 2014, période où le pays avait accumulé plus de 600 tonnes. Mais ces flux sont compatibles avec une accumulation patiente et régulière de métal jaune.
C’est également sans compter sur les très probables achats de métal jaune directement auprès de la Russie sous sanctions. Une hypothèse d’autant plus crédible que l’extraction en Russie (2ème producteur mondial) se poursuit, et que la banque centrale Russe déclare ne pas se porter acquéreuse de la production nationale d’or. L’institution a en effet justifié ses achats en mars et avril dernier par le fait qu’il n’y avait plus d’acheteur sur le marché, suggérant en creux que ce n’est plus le cas et que la production nationale trouverait des débouchés.
Autre indice : un officiel du ministère des finances russe déclarait d’ailleurs récemment travailler avec le Shangaï Gold Exchange pour que les lingots produits par deux raffineurs nationaux soient accrédités sur la bourse de l’or chinoise. Notons au passage que deux banques russes (VTB et Sberbank) sont toujours des membres autorisés de cette bourse.
Les enquêteurs parlent souvent de faisceau d’indices. Nous pensons qu’il est plus que suffisant pour affirmer que la Chine accumule des réserves d’or discrètement et patiemment. Avant d’annoncer une hausse significative de ses avoirs de métal jaune à un moment qu’elle jugera stratégiquement et géopolitiquement opportun.
Avertissement :
Le cours de l’or peut varier significativement à la hausse ou à la baisse. Les informations contenues dans ce document ne constituent pas une recommandation d’investissement et le lecteur est invité à prendre conseil auprès de professionnels pour la gestion de son épargne.
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