Puisqu’il n’est le passif et la dette de personne, l’or est une valeur refuge de choix en cas de graves tensions géopolitiques, et plus encore en cas de guerre. Le conflit en Ukraine ne fait pas exception.
L’or valeur refuge s’envole
Le cours de l’or a significativement progressé depuis début février à mesure que les tensions autour de l’Ukraine se sont intensifiées. Le 24 février, avec l’invasion du pays, le cours a atteint un record historique en euros (1768 euros, +5% dans la journée). Le Cac 40 et la plupart des indices actions ont quant à eux enregistré une performance de même ampleur que le métal jaune, mais négative…
Les acteurs de marchés se trouvent face à une situation où tous les scénarii sont possibles, y compris celui d’une guerre mondiale entre puissances nucléaires. Pris de court, et devant la difficulté d’évaluer les probabilités et les impacts des scenarii, ils se tournent logiquement vers le seul actif qui ne peut pas faire défaut ou faillite : l’or. Le métal jaune est en effet considéré par certains comme une quasi-monnaie, mais qui n’est rattachée à aucun état.
Le risque d’un nouveau choc énergétique
La guerre en Ukraine et les sanctions économiques, même si elles épargnent pour le moment le secteur énergétique, devraient pousser l’inflation et l’ancrer dans la durée. Rappelons que le pays détient de nombreuses ressources naturelles stratégiques (uranium, titane, fer) et est un important exportateur de céréales.
En cas de sanctions/représailles sur le secteur énergétique, on pourrait assister à un nouveau choc pétrolier (et gazier) qui viendrait mettre un coup de frein à une économie mondiale déjà en train de ralentir depuis plusieurs mois. Il en résulterait une baisse des taux d’intérêts nominaux et réels qui est par nature favorable au métal jaune.
Si l’histoire ne se répète jamais, parfois elle résonne. Lors du premier choc pétrolier, le cours de l’or a été multiplié par 2.8 en 2 ans (1973 et 1974). Lors du second choc, le cours de l’or a été multiplié par 2.5 en 2 ans (avril 1978 – avril 1980).
Comment Poutine a construit son indépendance stratégique grâce à l’or
Lors de la prise de pouvoir de Vladimir Poutine, en août 1999, les réserves d’or de la Russie s’élevaient à 457 tonnes, et elles atteignent aujourd’hui officiellement 2298 tonnes. Sous le règne de Poutine, en 22 ans, les réserves d’or de la Russie ont donc été multipliées par 5. Aucun autre pays au monde n’a acheté autant d’or. La Russie détient désormais les 5ème réserves mondiales d’or, valorisées à environ 140 milliards de dollars.
Il faut d’abord noter qu’il ne s’agit que de chiffres officiels tels que rapportés au FMI par les autorités russes elles-mêmes. Il est donc possible que les achats se poursuivent discrètement, loin des marchés internationaux, auprès des producteurs nationaux (rappelons que la Russie est le 2ème producteur mondial de métal jaune, derrière la Chine).
Rassurer, dédollariser, protéger
Les achats d’or de la Russie s’expliquent d’abord par la politique de dédollarisation des réserves de change du pays. Pour limiter l’impact des sanctions économiques sur ses actifs financiers, Poutine a décidé de liquider petit à petit les avoirs en dollars du pays au profit du métal jaune qui lui, n’est contrôlé par personne. Impossible en effet de geler les avoirs d’or détenus dans les coffres de la banque centrale à Moscou. Il est d’ailleurs intéressant de constater graphiquement que les achats d’or de la Russie se sont accélérés dès 2014, année des sanctions économiques internationales suite à l’annexion de la Crimée.
Autre justification de ces achats d’or : le métal jaune est une valeur refuge qui rassure et renvoie à la notion de richesse. En détenant les 5ème réserves d’or mondiale, le pays signale qu’il est plus riche que ne le laisse supposer la taille de son économie (11ème PIB mondial).
Dernier constat : les achats d’or par la Russie se sont avérés être une bonne affaire financière ! Notre analyse révèle que le cout de revient des réserves officielles d’or de la Russie se situe à environ 1100 dollars l’once, soit une plus-value latente de plus de 70% par rapport au cours actuel (1900 dollars environ). Cela représente un gain d’environ 60 milliards de dollar pour le pays, qui s’explique par le bon timing des achats, en particulier leur accélération après 2014 et leur arrêt en 2020, avant l’envolée qui a poussé l’once au-delà des 2000 dollars.
La Chine, même stratégie
Elargissons l’analyse. Un autre pays partage de nombreux enjeux géostratégiques avec la Russie de Poutine : la Chine de Xi Jinping. Confrontation géostratégique avec les Etats-Unis, revendication territoriales et velléités d’annexion (Taiwan), efforts militaires importants, volonté de réduire l’emprises des sanctions économiques, etc… Pas étonnant que l’on n’entende guère de protestations chinoises à l’invasion russe en Ukraine. Les deux puissances sont des alliés de circonstances.
La Chine est le premier producteur mondial de métal jaune, et a adopté une stratégie d’augmentation de ses réserves similaire à la Russie.
Si le parallèle est troublant, la Chine préfère néanmoins la discrétion.
Quand les chiffres parlent d'eux-mêmes, ils révèlent souvent des secrets fascinants. Le marché français de…
L'aube de l'incertitude a couvé un renouveau, celui de l'éclat éternel de l'or chez les…
Dans cette lettre mensuelle, vous trouverez un point sur la performance de l’or ainsi que…
L'or scintille à nouveau sur le marché, mais qui sont ceux qui luisent d’ambition pour…
L'or, éternel refuge ou simple relique ? Les dernières analyses dévoilent des prédictions audacieuses sur…
Le métal précieux qui a façonné des empires révèle ses stratégies d'accumulateurs aguerris. Découvrez comment…