Le métal jaune et la cryptomonnaie font régulièrement les gros titres pour leurs performances et sont souvent comparés. Certains fans du bitcoin pensent qu’il va remplacer l’or en tant que valeur refuge de référence. Certains partisans de l’or pensent que le bitcoin est une mode éphémère de nature spéculative uniquement. Pour le grand public, le bitcoin est probablement l’amalgame de « tout ce qu’il y a d’incompréhensible dans la monnaie avec tout ce qu’il y a d’incompréhensible dans l’informatique », pour paraphraser l’humoriste John Oliver.
Il y a néanmoins un point commun de taille entre les deux actifs : ils sont tous les deux disponibles en quantité limitée, indépendamment des états et des banques centrales. Ils ne sont donc le passif de personne, contrairement à plupart des actifs financiers (actions, obligations, devises, etc.). Une propriété intéressante pour ceux qui s’inquiètent légitimement de la valeur de leurs euros (ou dollars), à l’heure où les états accumulent les dettes et les banques centrales impriment de la monnaie. L’or et les cryptomonnaies sont donc éligibles au statut de monnaie alternative universelle. Un rôle que l’or a historiquement joué en étant de facto la monnaie internationale de référence jusqu’à la fin de l’étalon or en 1971. Et un rôle que le bitcoin pourrait jouer dans le monde numérique de demain, selon ses partisans.
Mais revenons un instant aux bases. Une monnaie ce sont 3 fonctions : un moyen de règlement, une unité de compte, et une réserve de valeur. L’or a historiquement assumé toutes ces fonctions soit simultanément, soit successivement. Aujourd’hui, il reste une réserve de valeur et on l’achète pour sa capacité à préserver le pouvoir d’achat dans le temps, et le temps long. Pour cela, nul besoin de performance stellaires. Le bitcoin, lui, assure en partie la fonction de moyen de règlement, en particulier depuis son acceptation par la plateforme Paypal, ce qui a été le catalyste de son envolée récente. Mais il ne sert pas d’unité de compte : Paypal calcule toujours ses résultats et paie ses impôts en dollars.
Il est pour le moment difficile d’envisager le bitcoin dans une fonction réserve de valeur en raison de sa grande volatilité, qui avoisine les 75% sur 1 an, soit presque 4 fois celle du métal jaune(1). En considérant les 3 dernières années on arrive même au constat que le risque du bitcoin est 5 fois plus élevé que celui de l’or (2). Au-delà de la volatilité, concept un peu abstrait, on peut s’intéresser à ce que les spécialistes appellent les risques extrêmes. Le constat est le même : dans 5% des cas, soit un jour sur 20, le bitcoin perd en moyenne 10,7%, là où l’or perd 2,1% (3). Le test de la crise sanitaire montre à quel point les crypto-monnaies sont encore loin du statut de valeur refuge. Leur profil de risque est d’ailleurs plus proche de celui des actions : entre le 12 février 2020 et le 12 mars 2020, un mois au cours duquel la crise du COVID a été la plus intense, le bitcoin a perdu 52% de sa valeur, le Cac 40 a chuté de 34% tandis que l’or est resté stable (+0,4%).
Ces chiffres ne préjugent en rien des mérites respectifs des deux actifs, puisque c’est le couple risque rendement qui compte. Ils illustrent simplement une différence de maturité assez logique puisque l’or a 2000 ans d’histoire et les cryptomonnaies environ 10 ans. Le marché des crypto-monnaies n’est encore pas de qualité institutionnelle, les questions en suspens sont nombreuses et identifiées (sécurité, règlementations, acceptation, etc). Certaines sont de natures existentielles, et bien malin qui sait y répondre aujourd’hui. Mais le poids de l’histoire a une autre conséquence, plus fondamentale que les autres : si le bitcoin est digital, l’or est universel. Le métal jaune a en effet un ancrage culturel. Tout le monde sait que l’or est précieux et qu’il est une valeur refuge (cf cours de l’or) parce cette perception s’est installée dans l’imaginaire collectif. Partout sur la planète, les histoires qu’on raconte aux enfants parlent de pirates à la recherche de pièces d’or, de rois, reines et empereurs dont la richesse se mesurait en or, ou de bagues dorées au doigt de princesses. Il n’y a pas – pour le moment – d’histoire de chevalier légendaire en quête de bitcoin. Il y a certes une question générationnelle : le bitcoin est un actif apprécié par la fameuse génération Z. Mais celle-ci est en phase de constitution de son patrimoine et ne recherche pas pour le moment d’actif pour le sécuriser. Il faudra donc voir ce que cette génération fait dans 10 ans, quand les besoins de diversification et de sécurisation apparaitront…
Les points communs et les différences que nous explicitons ici ne préjugent en rien des performances futures des 2 actifs. Mais peut-être des usages. Au-delà des divergences, des fans clubs respectifs, une complémentarité entre les deux actifs existe peut-être. Sur les 3 dernières années, la corrélation entre le métal jaune et le bitcoin est de 0,2. Ce qui signifie que le premier est un bon diversifiant du deuxième. Et vice versa. Notes :
Sources : Yahoo, LBMA, calculs Comptoir National de l’Or
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