Ce qu’il faut retenir du mois :
- L’or au plus haut historique, frôlant la barre symbolique des 2000 dollars
- Or en euros : +5.4% en juillet, +22.4% en 2020
- L’or bat les actions de plus de 50% depuis le début de l’année
- Inquiétudes sur l’économie, taux réels au plus bas favorables au métal jaune
- La dette américaine sous surveillance négative
- Une nouvelle ruée vers l’or physique
- Course aux armements et reprise des essais nucléaires américains ?
De nouveaux plus hauts historiques
Le vendredi 31 juillet, au second fixing de Londres, l’once d’or a atteint de nouveaux records historiques. Le métal jaune cotait 1964.9 dollars, un record absolu. Le cours a ainsi joué avec la barre symbolique des 2000 dollars. Sur le mois, cela représente une appréciation de plus de 11% qui porte la performance en dollars de l’or à 29% depuis le début de l’année. En euros,un nouveau record historique a été établi le 30 juillet, à un niveau de 1662.44, avant de retomber à 1661.72 le lendemain. La performance sur le mois en euros est donc de +5.35%, ce qui amène à la performance en 2020 à 22.4%. La forte dépréciation du dollar sur le mois (environ -5%) a été un facteur marquant qui a pesé sur la performance en euro du métal jaune.
L’or bat les actions de plus de 50% en 2020
Les actions de l’indice parisien ont reculé de plus de 3% en juillet, principalement sur la dernière partie du mois. Avec une progression absolue de plus de 5%, l’or surperforme donc le CAC40 de plus de 8% en juillet. Encore une fois l’or s’illustre par sa décorrélation avec les actions : le métal jaune s’est particulièrement apprécié lors des périodes de baisse de l’indice actions. Depuis le début de l’année, l’or bat les actions de pus de 40 points ce qui correspond à une surperformance de 53%. Sur toutes les périodes de plus long terme (1, 3, 5, 10 et même 20 ans), l’or superforme les actions françaises de manière spectaculaire. Avec une performance de 9% par an sur 20 ans, le métal jaune distance très nettement l’indice du CAC40 qui s’est déprécies de 1.5% par an en moyenne avant dividendes.
Tableau : Performance comparée CAC40 – Or en euros au 31 juillet
Inquiétude économique ; taux réels au plus bas
Alors que l’épidémie continue de sévir, en particulier aux Etats-Unis et en Amérique du Sud, et que la crainte d’une seconde vague se fait ressentir en Europe, la situation économique reste détériorée. Après les données macro-économiques, ce sont désormais les résultats d’entreprises qui témoignent de l’ampleur de la crise : perte de 7 milliards pour Renault au 1er semestre, presque 2 milliards pour Airbus, des ventes en baisse de 30% pour LVMH… Sous l’effet de la récession et de politiques très favorables des banques centrales, les taux d’intérêts sont au plus bas. En particuliers les taux d’intérêt réels (qui sont défalqués de l’inflation). Aux Etats-Unis, les taux réels à 10 ans ont ainsi atteint un plus bas historique à -0.97% fin juillet. Les précédents records dataient de 2012.
La relation inverse entre le cours de l’or et les taux réels est bien connue : quand ces derniers sont bas (ét a fortiori quand ils sont négatifs), l’or s’apprécie car sa capacité à préserver sa valeur devient intéressante face à la certitude de perdre du pouvoir d’achat avec un investissement en obligations.
C’est une des raisons principales qui conduit nombre d’analyste à réviser leurs prévisions pour l’or à la hausse.
Goldman Sachs table ainsi sur une once à 2300 dollars dans les 12 prochains mois. La dette américaine sous surveillance négative
La baisse du billet vert prend de l’ampleur et inquiète la communauté financière. Entre mi-mars et fin juillet, le billet vert a perdu presque 10% contre l’euro. L’or, coté internationalement en dollar, est traditionnellement considéré comme une protection contre la baisse du dollar et une partie de la hausse récente des cours est probablement attribuable à ce phénomène. Cette baisse du billet vert intervient alors que l’épidémie de coronavirus est toujours active dans certains états peuplés comme le Texas et la Floride. Mais surtout au moment où le déficit budgétaire américain atteint des records, frôlant les 3000 milliards de dollars sur les 12 derniers mois, soit près de 15% du PIB… L’agence de notation Fitch s’attend même à une détérioration du déficit qui pourrait atteindre 20% du PIB sur l’année 2020. Bien que la dette américaine conserve sa note de AAA, l’agence d’ailleurs dégradé ses perspectives de notation de « stable » à « négatif ». (lien en anglais). Un mouvement qui précède souvent (mais pas toujours) une baisse de notation. Une nouvelle ruée vers l’or (physique) L’envolée récente des cours de l’or attire évidemment les regards, l’intérêt des investisseurs et les spéculateurs. Mais une tendance intéressante se dessine : le regain d’intérêt pour l’or physique, au détriment de l’or papier. Au point que certains parlent d’un « physical gold rush » Premier exemple avec les produits dérivés sur l’or. D’ordinaire, lorsque ces contrats arrivent à terme, ils sont renouvelés et prolongés, et seul le gain (ou la perte) est réglé. Mais depuis peu, beaucoup d’investisseurs demandent la livraison physique de leur position. Selon Reuters, sur le Comex, la bourse des matières premières américaine, plus de 100 tonnes d’or ont été livrées en règlement des transactions au mois de juillet. En juin, ce fut plus de 170 tonnes. Soit 4 à 9 fois les livraisons de février (26 tonnes), avant la crise sanitaire. Preuve qu’un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ! Autre exemple en faveur de l’or physique : en Chine, les plus grosses banques du pays restreignent depuis quelques jours l’ouverture de compte de trading sur les métaux précieux, en particulier l’or. Un mouvement qui devrait dissuader certains acheteurs, mas surtout en réorienter d’autres vers l’or physique. Reprise des essais nucléaires américains ? Les incertitudes géopolitiques ne manquent pas ces derniers temps, et il est un sujet transversal qui prend de l’importance : la course aux armements. Alors que la Russie se dote de drones sous-marins et de missiles supersoniques, le congrès américain a approuvé un budget de défense de 740 milliards de dollars, soit presque autant que les budgets militaires officiels des 10 pays suivants… Dans cette loi de programmation budgétaire, un sujet polémique fait rage entre démocrates et républicains : la possible reprise des essais nucléaires américains. En mai, le Washington Post avait déjà indiqué que l’administration Trump réfléchissait à la question, comme outil de pression sur la Chine et la Russie. En juin, le sénateur conservateur Tom Cotton a fait approuver un amendement sénatorial qui débloque un budget de 10 millions de dollars pour se préparer à un essai nucléaire. Dans sa version du projet de loi, la chambre des représentants à majorité démocrate a quant à elle passé en juillet un amendement interdisant la reprise des essais. En attendant de savoir quel compromis sera conclu, voici donc un sujet à suivre de près.