Cours de l’or : consolidation en mai
Ce qu’il faut retenir du mois :
- Cours de l’or en euros : léger tassement en mai (-0.9%)
- Une des meilleures classes d’actifs de l’année : +14.5% sur 2020
- L’écart avec les actions se réduit, mais le risque de l’or reste 2 fois moindre
- Dette, stabilité financière et inflation : les enjeux pour l’or
- Pourquoi les banques centrales aiment l’or ?
- Géopolitique : regain de tension entre Pékin et Washington
Léger tassement en Mai
Le 29 mai, au fixing londonien de l’après-midi, le cours de l’once de métal jaune s’est établit à 1728.70 dollars, soit une progression de 1.5% sur le mois. Mais pour la monnaie unique, le cours de l’or atteint 1554.9 euros l’once, soit un repli de 0.9% par rapport à fin avril. La dépréciation du dollar contre euro, d’environ 2.5% sur le mois, a pénalisé les investisseurs européens. Sur les 5 premiers mois de 2020, la performance de l’or atteint 14.5% en euros, et place toujours le métal jaune parmi les meilleurs classes d’actifs de l’année. Au terme d’une bonne première quinzaine, le cours a franchi la barre des 1604 euros l’once en milieu de mois, frôlant ainsi le record historique de 1608 euros atteint le 23 avril dernier. Le cours a ensuite corrigé sur la deuxième quinzaine du mois, periode qui correspond aussi à une dépréciation du dollar contre euro.
L’écart avec les actions se réduit
Le CAC 40 a passé la quasi-totalité du mois en terrain négatif, avant d’enregistrer 3 séances de hausse en fin de mois qui l’ont fait repasser dans le vert. En Mai, l’indice action parisien regagne 2.7%, et réduit donc son retard sur le métal jaune. Fait assez remarquable, l’or bat l’indice parisien sur toutes les périodes généralement utilisées pour comparer les performances (1 an, 3 ans, 5 ans, 10 ans, et même 20 ans). Même si l’indice parisien ne prend pas en compte les dividendes, l’écart est loin d’être compensé, en particulier sur 20 ans.
Note : performances annualisées pour les périodes supérieures à un an. CAC hors dividendes, source LBMA, Yahoo
Ainsi, en 2020 l’or en euros a réalisé une sur performance de près de 45% par rapport aux actions françaises. Le tout avec un risque (exprimé en termes de volatilité) deux fois moindre.
Dette, stabilité financière et inflation
Le cours de l’or est intrinsèquement lié aux enjeux actuels qui entourent les questions de la dette, de la stabilité du système financier et de l’inflation. En Mai, le FMI a revu à la hausse l’addition : les dépenses de soutien à l’économie annoncées par les gouvernements atteignent maintenant 9000 milliards de dollar dans le monde, dont l’essentiel concerne les pays du G20. Cette somme se divise en deux parts environ équivalentes : une moitié de dépense directes, et une autre moitié de soutien aux entreprises par des prêts et des garanties. La Banque Centrale Européenne, dans son dernier rapport sur la stabilité financière, avance que ces mesures ont permis de modérer les risques de court-terme, mais ont augmenté les vulnérabilités à moyen terme. L’institution dirigée par Christine Lagarde cite d’abord la forte hausse des dettes, en particulier des dettes publiques, mais s’inquiète également de banques plus faibles, et de phénomènes d’amplifications par des acteurs non bancaires. Des vulnérabilités qui ont poussé le 4 juin la BCE à augmenter son programme de rachat d’actif de 600 milliards, pour le porter au total à plus de 1350 milliards. Enfin, peut-être moins médiatique mais avec potentiellement plus d’implications : le discours à la Société d’Economie Politique de François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France et influent membre du conseil de la BCE. Après avoir rappelé que la BCE est prête à tolérer une inflation supérieure à 2%, il indique qu’une réflexion est en cours à Frankfort sur cet objectif d’inflation : « Faut-il aller jusqu’à cibler une inflation moyenne proche de 2 % et donc compenser explicitement insuffisances et excès d’inflation dans le temps ? » Selon lui la crise sanitaire justifie ce « moyennage », au moins temporairement. La nuance est subtile mais d’importance : avec une inflation en rythme annuel de 0.1% en Avril pour la zone euro, faudra-t-il laisser l’inflation temporairement filer jusqu’à 4% en rythme annuel pour arriver à une moyenne de 2% ? A suivre…
Pourquoi les banques centrales aiment l’or
Dans sa dernière publication périodique (the Alchimist), la LBMA (la bourse de l’or à Londres) a donné la parole à deux membres de la banque centrale de Hongrie, Daniel Pilotai et Istvan Veres. Ils ont entre autres exposé les raisons qui ont motivé la banque à multiplier ses réserves d’or par 10 en 2018 et à détenir aujourd’hui 31 tonnes. Un point de vue d’initié intéressant. Première raison pour les deux auteurs : « détenir un des actifs les plus sûr du monde, avec des propriétés diversifiantes et une bonne liquidité ». Une valeur refuge, car l’or n’est le passif de personne et « un vrai instrument sans risque de défaut ». Cela est assez bien connu et partagé. Mais il y a également une raison plus immatérielle : « l’or ne sert pas seulement de ligne de défense dans des conditions financières extrêmes, il accroit également la confiance. Il n’est pas seulement un investissement, c’est une stratégie économique ». Et de rappeler cette citation d’Alan Greenspan : « une monnaie fiduciaire, en conditions extrêmes, n’est acceptée par personne. L’or est toujours accepté ». Pour la banque centrale hongroise, l’or joue donc un rôle important dans la stabilité financière du pays.
Géopolitique : regain de tension entre la Chine et les Etats-Unis
L’or est traditionnellement un refuge contre le risque géopolitique. Sur ce front, les choses ne vont pas dans le bon sens… Les relations entre les Etats-Unis et la Chine se sont à nouveau détériorées en Mai. L’administration Trump, en campagne pour les élections de novembre, saisit chaque occasion de s’opposer à la Chine. Le 24 mai le ministre chinois des affaires étrangères, a pour la première fois publiquement évoqué « une guerre froide » entre les deux pays. Après avoir accusé la Chine de dissimuler des informations liées au coronavirus, Donald Trump a annoncé le retrait des Etats-Unis de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qu’il affirme être à la botte de Pékin. Récemment, suite à l’introduction d’une nouvelle loi chinoise révisant les libertés territoriales de Hong Kong, le président américain a annoncé la révocation du statut spécial de la ville, une décision qui met en doute l’avenir de ce centre économique et financier. Enfin, même si elles ne font pas les gros titres, les annonces de vente d’armes américaines à Taiwan, ainsi que de nouvelles sanctions contre la société Huawei, ne sont pas de nature à apaiser la situ
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