Pendant cette période de confinement, Le Comptoir National de l’Or s’efforce d’informer au mieux sur l’actualité chargée du métal jaune, malgré la dramatique crise sanitaire en cours. Nous espérons que nos lecteurs se portent bien et que ces publications sont utiles.
Au fixing londonien de l’après midi du 31 mars, le cours de l’or s’établissait respectivement à 1608.95 dollars et 1468.81 euros, soit une performance stable sur le mois (-0.06% en dollars et + 0.04% en euros). Pour des raisons liées au coronavirus et aux mesures d’exceptions prise par les autorités, le mois a été agité. Après une correction importante en milieu de mois (plus de 8% de baisse), le métal jaune s’est en effet rapidement ressaisi en regagnant près de 11% en 6 séances. Après deux premiers mois de l’année excellents, la performance de l’or en 2020 est remarquable, et s’établit à +8.16% en euros, et +5.64% en dollars. Les détenteurs basés en euros profitent également depuis le début de l’année d’une appréciation du dollar, la devise de cotation du métal jaune. Pour aller plus loin : Comment est fixé le cours de l’or ?
Un article récent de Bloomberg plaçait l’or en seconde position dans le classement des meilleurs actifs de 2020, derrière les obligations américaines mais devant 23 autres actifs. Les actions sont bien loin dans ce palmarès. Elles ont fortement corrigé en mars, avec un CAC40 en recul de 17.2%, portant sa performance hors dividendes depuis le début de l’année à -26.5%. Cela signifie qu’en 2020, l’or en euros surperforme l’indice parisien de plus de 34 points, mais il faudrait que le CAC regagne 47% pour rattraper le métal jaune. (1) L’autre différence de taille entre l’or et les actions est leur niveau de risque. En ces temps de panique sur les marchés, il a certes augmenté, mais dans des proportions différentes. Si les deux actifs avaient des volatilités équivalentes en début d’année, autour de 10%, à la fin mars, le risque des actions est le double du risque de l’or.
En ce mois de mars, un seul mot, partout dans la presse, sur le web et dans les esprits : coronavirus. Impossible de parler d’autre chose… Le confinement touche maintenant 3.4 milliards de personnes, soit presque la moitié de la population mondiale, entrainant, en plus d’une crise sanitaire, une crise économique sans précédent. Le gouverneur de la banque de France a estimé que chaque mois de confinement coûte à la France 3 points de PIB et 2 points de déficit public sur une année. Si le gouvernement table sur un recul de la croissance de 1% en 2020, d’autres sont plus pessimistes encore. Car c’est sans compter sur l’aggravation de la crise et sa propagation à la sphère financière, comme le suggère une note du FMI datée du 31 mars : « Les tensions sur le système bancaire sont de plus en plus fortes et des défauts de paiement plus graves sont imminents. Beaucoup s’attendent ainsi à un choc sur le secteur financier d’une ampleur équivalente à celle de la crise de 2008 ». Enfin, sur le marché de l’or physique, le mois a été marqué par la suspension de cotation du Napoléon, qui résulte à la fois d’une forte demande des particuliers, et d’une faible offre puisque personne ne veut se défaire de son or en cette période incertaine. Quelques soucis de la chaine logistique ont également alimenté la crainte d’une pénurie, qui a généré une tension sur les cours.
Nous avions déjà pointé dans une analyse du 23 mars la récession d’une ampleur sans précédent, les signes annonciateur d’une crise financière en cours de développement (crise de liquidité, du crédit et faillites), ainsi que l’inquiétude grandissante liées à la dette des états et à la planche à billet. Les décisions prises par les banques centrales du monde entier sont en effet colossales et très rapides, à l’instar de la Fed qui a annoncé 22 mesures dans le seul mois de mars. Sur le plan fiscal et budgétaire, dans les 10 pays les plus développés, les gouvernements ont annoncé des plans de relance ou des garanties de prêts dont le montant atteint 7% du PIB. Aux Etats-Unis, ce chiffre dépasse les 10%… Tout ceci interroge. Un article récent du Financial Times posait par son titre la question centrale du moment : « Le monde peut peut-il se permettre une relance monétaire et fiscale de cette ampleur ? » La réponse est probablement oui, mais non sans risque. Des risques contre lesquels le métal jaune offre une bonne protection. Le cours de l’or s’est ainsi ressaisi de plus de 5% le 24 mars, au lendemain de l’annonce par la Fed d’un programme de rachat d’actifs illimité. Cela revient à imprimer de la monnaie dans des proportions considérables, ce qui comporte deux risques associés à moyen terme : la perte de confiance dans la monnaie et l’inflation. L’or en tant que monnaie alternative non « imprimable » bénéficie généralement de ce contexte. Mais dans la zone euro ou il y a une politique monétaire et 19 politiques budgétaire, il y a le risque supplémentaire de fragmentation de la monnaie unique si les inquiétudes quant à la solvabilité des états venaient à resurgir, avec le cas italien par exemple. Nul doute que la sortie d’un ou plusieurs pays de la zone euro bénéficierait à l’or, en raison d’une décote quasi immédiate de la monnaie nationale. Nous ne sommes pas là, mais la situation est à surveiller.
La nouvelle a un peu perturbé les spécialistes du marché de l’or. La Russie a annoncé interrompre ses achats réguliers d’or, une politique menée par la banque centrale du pays depuis 2006 afin de diversifier ses réserves de change. Notamment pour moins dépendre du dollar que les américains ont tendance à utiliser pour imposer des sanctions… Le pays avait déjà ralenti ses achats, avec 159 tonnes achetées en 2019, contre 275 tonnes en 2018. Selon les statistiques du FMI, le pays est à la tête de 2290 tonnes d’or, que l’on peut estimer à environ 108 milliards d’euros. Ceci place la Russie au 6ème rang des pays ayant les plus grosses réserves d’or, juste derrière la France. Pourquoi cette décision ? Les autorités n’ont pas donné d’explications, mais on imagine aisément qu’avec la chute brutale du cours du pétrole et un baril à 20 dollars, les entrées de devises vont se tasser fortement… Enfin, les réserves de change du pays vont probablement être mises à contribution pour financer le budget de l’état. Difficile d’acheter de l’or en plus dans ces conditions…
Si l’actualité de l’or est avant tout liée au coronavirus, il n’empêche que le métal jaune est également un refuge contre le risque géopolitique. Que se passe-t-il sur ce front en ce moment ? D’abord le cours du pétrole au plus bas depuis presque 20 ans bouleverse les équilibres géostratégiques. La Russie et l’Arabie Saoudite, deux pays à bas coûts de production, livrent une guerre sans pitié pour gagner des parts de marchés et asphyxier les producteurs à couts plus élevés, en premier lieu le pétrole de schiste américain. Avec une consommation en baisse de 20% environ, il y aura de la casse. Autre information passée presque inaperçue dans un dossier pourtant épais : la Corée du Nord a procédé à plusieurs tirs de missiles balistiques en Mars. Des essais qui constituent une provocation de plus et une tentative de réaffirmer sa force alors que les négociations avec les américains sont toujours au point mort. A suivre donc…
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