Le 28 février, au fixing de l’après-midi à Londres, le cours de l’or s’élevait à 1609.85 dollars réalisant une progression de 1.6% sur le mois. Le cours de l’once termine le mois à 1468.18 euros l’once, s’adjugeant 2.5% en février. Comme en janvier, le cours de l’or en euros a touché un nouveau plus haut historique en franchissant cette fois la barre symbolique des 50’000 euros le kilo dans la journée du 25 février.
Les actifs risqués, et particulièrement les actions ont continué à souffrir des inquiétudes et des mauvaises nouvelles liées au coronavirus et son impact économique. Le Cac 40 a ainsi corrigé de plus de 8% sur le mois, dans le sillage de la plupart des indices mondiaux portant la correction à plus de 11% en 2020. Après avoir battu les actions de près de 8% en Janvier, le métal jaune creuse donc l’écart avec l’indice parisien de plus de 11 points supplémentaires. En 2020, l’or bat donc le Cac 40 de plus de 19%. Dans ce contexte tendu, la volatilité de l’or est certes en hausse mais tourne autour de 11% ce qui reste bien deçà du risque des actions qui affichent une volatilité de l’ordre de 18%. Et les propriétés diversifiantes de l’or se confirment, avec une corrélation moyenne sur le mois de l’ordre de -0.2.
En février, les marchés financiers sont restés en attente de mesures de soutien pour faire face à l’impact économique et financier de la crise du coronavirus COVID-19. Anticipant des mesures de politique monétaire, les taux d’intérêt ont fortement chuté et ont même atteint un plus bas historique aux Etats-Unis, s’approchant de 1% à 10 ans. Ces anticipations ont largement soutenu le cours du métal jaune qui bénéficie généralement de politiques plus accommodantes et de taux bas. Ces attentes se sont matérialisées puisque le 3 mars, la réserve fédérale américaine a baissé ses taux directeur de 0.5%, une baisse d’ampleur qui a donné une bouffée d’oxygène au marché et à l’or. Le métal jaune a ainsi regagné près de 3% en une journée. L’impact économique est désormais colossal et global. De nombreuses entreprises annulent leurs événements internes et la participation aux salons internationaux, à l’image d’IBM ou Microsoft. Certains, comme Tweeter, demandent à leurs employés de travailler de chez eux. Si certaines entreprises peuvent faire face parce que les consommateurs ne font que différer leurs achats, d’autres, comme les compagnies aériennes, ou l’industrie du tourisme et des loisirs, enregistre des pertes irrécupérables. Signe que l’impact est jugé sévère, selon l’agence Reuters, la banque centrale européenne serait en train de réfléchir à un programme de prêt d’urgence aux petites et moyennes entreprises.
La crise du coronavirus a fortement pénalisé l’industrie joaillère mondiale, et particulièrement en Chine. En raison des mesures de confinement, les fêtes du nouvel an traditionnellement propices aux achats de bijoux ont été très décevantes. Il est difficile d’avoir des chiffres précis, mais certains professionnels évoquent un repli de plus de 50% des ventes de bijoux en or au premier trimestre. Et il semble acquis que la demande joaillère d’or en Chine sera en baisse sur l’année. Mais une autre composante vient compenser ce repli : la demande financière. En janvier et février, l’or investissement a eu le vent en poupe. L’agence Bloomberg titrait ainsi le 26 février un de ses articles : « Les fonds d’or physique n’ont jamais connu une vague de souscription pareille », pointant 25 jours consécutifs de hausse des avoirs, pour atteindre de nouveaux records.
L’agence géologique américaine, l’USGS, a publié récemment son rapport annuel avec un focus par minerai et métal. C’est une source précieuse d’information pour l’or et le résumé pour le métal jaune est consultable en anglais sur le site de l’agence. Une donnée ressort tout particulièrement : l’USGS estime que la production minière américaine de métal jaune a reculé de 11.5% en 2019 par rapport à l’année précédente. Et ce malgré des cours plus élevés qu’en 2018, qui incitent normalement à « pousser » la production. Parmi les raisons de cette chute, l’agence pointe dans ses publications mensuelles de nombreuses baisses de production dans les plus grosses mines du pays, notamment au Nevada (Cortez et Carlin) et en Alaska (Pogo), en raison de plus faibles concentration en minerai, signe que les gisements s’épuisent…
Nous indiquions récemment que les fonds du puissant gérant d’actif américain Blackrock détenaient directement environ 480 tonnes d’or, soit presque autant que la banque centrale européenne (505 tonnes). Ce n’est que la partie émergée de l’iceberg : il ne s’agit que de l’or physique détenu directement… En effet le gérant a également des investissements indirects dans l’or, au travers de fonds actions qui détiennent des titres de sociétés minières spécialisées en métal jaune. Nous avons décompté 4 de ces fonds spécialisés, pour environ 9 milliards de dollars d’actifs sous gestion(1). Mais Blackrock investit également dans les sociétés minières au travers d’autres véhicules, par exemple ses fonds actions génériques, des fonds qui sont gigantesques. Au total, en se referrant aux déclarations 13G(2) qu’il fait à la SEC, le gendarme de la bourse américaine, Blackrock déclare détenir entre 8 à 13% des 5 plus grosses sociétés minières cotées(3). En multipliant ces pourcentages avec les derniers chiffres connus de réserves d’or détenues par les sociétés minières en question, on arrive à la conclusion que ces avoirs en actions représentent environ 1000 tonnes de réserves d’or encore enfouies mais identifiées. En ajoutant les 480 tonnes détenues directement, on peut sans risque dire que Blackrock détient directement ou indirectement environ 1500 tonnes d’or, soit plus que les réserves officielles de la Suisse. (1) Citons le fonds BGF World Gold Fund, domicilié au Luxembourg (6 milliards de dollars d’actifs), le fonds anglais Blackrock Gold and General Fund (1 milliards de livres d’encours), le fonds iShares MSCI Global Gold Miners (300 milliions de dollars d’actifs) ou encore le fonds anglais iShares Gold producers (1.5 milliards de dollars sous gestion). (2) Il s’agit des positions rapportées sur les déclarations 13G de la SEC, qui regroupe tous les avoirs dont Blackrock déclare être le bénéficiaire final au travers de filiales, y compris hors USA. Ces déclarations sont obligatoires en cas de franchissement de seuil. (3) 6% de Barrick Gold, plus de 13% de Newmont, près de 8% de Freeport, 9.5% de Kinross, et 10% de Anglogold, 7% de GoldFields, 11% de Agnico Eagle ; pour ne citer que les plus gros.
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