2000-2020 : 20 ans de performance de l’or
Retour sur deux décennies riches en événements – positifs et négatifs – pour les marchés en général, et pour l’or en particulier. Une bonne occasion de mieux comprendre le (bon) comportement du métal jaune.
8.04% par an sur 20 ans
Sur les vingt dernières années calendaires, soit entre le 31 décembre 1999 et le 31 décembre 2019, le cours de l’or en euros a été multiplié par 4.7, ce qui correspond à une performance annualisée de 8.04% brut. Il s’agit d’un résultat tout à fait remarquable, surtout lorsqu’on le compare aux autres investissements traditionnels. Ainsi, sur la période le livret A n’aurait permis de générer que 47% de performance totale, soit moins de 2% par an, qui sont certes net d’impôts. Les actions elles, n’ont pas particulièrement brillé : l’indice CAC40 ne s’est apprécié que de 0.3% en 20 ans, soit 0.02% par an. Même en rajoutant le rendement des dividendes, de l’ordre de 3.5% par an avant impôt, on est loin des 8% annualisé du métal jaune… L’assurance vie, quant à elle n’aurait réalisé en moyenne que 3.4% par an sur la période avec le fonds en euros, selon des chiffres de la Banque de France et de la fédération des assurances. Enfin, pour le dernier placement préféré des français, l’immobilier, il est difficile de trouver des chiffres pour une comparaison parfaite, mais on peut se livrer à une approximation. Selon l’INSEE, l’indice du prix des logements s’est apprécié de 4.6% par an entre le dernier trimestre 1999 et le 1er trimestre 2019 (derniers chiffres disponible ici). A ceci il faut ajouter un rendement locatif brut que chacun pourra apprécier, mais de l’ordre de 4% avant impôt, soit peu ou prou une performance totale équivalente à celle de l’or.
Deux récessions, une crise financière, des taux négatifs
Ces 20 dernières années fournissent un cadre amplement suffisant pour illustrer le comportement de l’or dans différents scénarios. Croissance, récession, crises financières, taux bas, taux en hausse, volatilité des devises, crises politiques, rien n’a manqué. Petit résumé. Il y a d’abord eu l’éclatement de la bulle internet des années 2000 et la récession qui s’en est suivie en 2001. Les scandales financiers d’Enron en 2001 et Worldcom en 2002 sont venu assombrir le tableau forçant Alan Greenspan (alors gouverneur de la Fed) à une baisse spectaculaire des taux américains, passant de 6.5% à 1% fin 2003. Sur ces 4 années, de début 2000 à fin 2003, le Cac 40 a corrigé de 40% hors dividendes, alors que l’or s’est apprécié de 14.5%. Puis ce fut la reprise soutenue par ces taux extrêmement bas, qui alimentent la crainte de l’inflation, mais surtout une frénésie financière et immobilière, principalement aux Etats-Unis. Ainsi de fin 2003 à fin 2007 (4 années), l’or s’apprécie de presque 72%, alors que le Cac progresse de 58% environ. 2008, c’est l’année de la crise financière globale, celle causée par les « subprimes » et qui a entrainé la faillite de Lehman Brothers. Cette année-là, l’or s’est apprécié de 8.1%, tandis que l’indice des actions françaises s’effondrait de plus de 42% La conséquence de cette crise fut une politique de relance monétaire sans précédent. La planche à billet fonctionne à plein avec la création par la Fed et la BCE de plusieurs milliers de milliards d’euros et de dollars qui font craindre une hyper-inflation. Ce contexte permet à l’or de s’apprécier de 71% en 2009 et 2010, tandis que le CAC progresse de 20% sur fonds de relance de l’activité. En 2011, la situation budgétaire grecque plonge l’Europe dans une crise des dettes souveraines et logiquement l’or apparait comme une valeur refuge alors que les actions corrigent, puis se ressaisissent en 2012. Ainsi, sur 2011 et 2012, l’or s’apprécie de près de 20% tandis que l’indice parisien s’effrite de 6%. S’ensuit une période plus difficile pour le métal jaune. En 2013, Ben Bernanke annonce la fin prochaine des achats d’actifs qui ont soutenu le métal jaune depuis la reprise post-2008. Les taux d’intérêts remontent rapidement, et les taux réels redeviennent positif. L’or décroche logiquement, perdant entre 2013 et 2015 près de 23%, principalement sur l’année 2013. Le Cac 40 s’est apprécié de près de 30% sur cette période. Entre 2016 et fin 2018, on assiste à 3 années marqués par la remontée progressive des taux américains, la politique de « normalisation monétaire ». Néanmoins, alors que cela aurait dû peser sur le cours de l’or, celui-ci progresse de 15%, tandis que les actions françaises restent à l’équilibre. Les tensions politiques, le Brexit, l’élection de Trump et le dossier nord-coréen occupent le devant de la scène. En 2019, devant des craintes de ralentissement et les inquiétudes liées à la guerre commerciale US-Chine, la Fed se met en pause et commence à baisser ses taux en milieu d’année. L’année est marquée par les taux d’intérêt négatifs, et particulièrement en Europe ou l’on paye les états pour leur prêter de l’argent. L’or et les actions françaises terminent l’année tous les deux en hausse de plus de 20%.
20 ans de bons et loyaux services
On peut certes découper l’histoire différemment et considérer d’autres périodes plus appropriées, mais le fait est que ces 20 dernières années comprennent plus de deux cycles économiques complets. Sur la durée, l’or s’est donc révélé performant et en prime, il l’a été quand l’investisseur en avait le plus besoin. Quelle meilleure définition de la valeur refuge ?
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