Le 31 décembre 2019 marquant la fin de la décennie, ce rapport mensuel fournit une bonne occasion de passer en revue la performance du métal jaune de manière un peu plus approfondie que d’habitude.
Le 31 décembre, au seul fixing londonien de la journée (le matin), le cours de l’once d’or a atteint 1523 dollars. Le métal jaune repasse au-dessus de la barre symbolique des 1500 points et enregistre un plus haut depuis fin septembre. La performance sur le dernier mois de l’année s’élève ainsi à +4.3% en dollar. Avec un cours de 1358.06 euros, l’once progresse de 2.31% en euros en décembre. C’est moins qu’en dollar, en raison d’une baisse significative du billet vert. Cette excellente performance a principalement été réalisée dans la seconde moitié du mois.
2019 restera dans les annales comme un superbe millésime pour l’or. Le métal jaune s’est en effet apprécié de 21.25% en euros, et de 18.83% en dollars. Il s’agit de la 2ème meilleure année de la décennie, après 2010, et de la 4ème meilleure année du siècle (après 2005, 2010, et 2009).
L’année a également été bonne pour les actions, puisque l’indice CAC 40 termine 2019 sur une hausse de plus de 26%, soit environ 5 points de mieux que l’or. Mais à ce niveau, ce qui compte c’est que les 2 actifs ont réalisé des performances excellentes, et ce de manière décorrélées. C’est quand les actions baissaient ou stagnaient que l’or a pris le relai, et vice versa :
Techniquement, cela se traduit par un coefficient de corrélation négatif entre l’or et le Cac 40. Il s’est établi en moyenne à -0.2, et est resté négatif toute l’année oscillant entre 0 et -0.4. Cela signifie que le métal jaune a un grand pouvoir de diversification et donc de réduction du risque dans un portefeuille.
Sur la décennie 2010-2019, le métal jaune s’est apprécié de 77.2% en euros, ce qui correspond à une performance annualisée de 5.9% par an. A noter que la décennie précédente, celle des années 2000, avait été elle aussi particulièrement favorable à l’or puisque celui-ci y a réalisé une performance annualisée de plus de 10%.
Il en résulte logiquement que depuis le début du siècle, soit sur les 20 dernières années, le cours de l’or en euros a été multiplié par 4.7, soit une performance de 8.04% par an. A titre de comparaison, les actions du CAC40 n’ont progressé, elles, que de 0.02% par an !
La bonne performance de l’or en 2019 s’explique d’abord par une incertitude géopolitique constante, qui a été alimentée par la guerre commerciale (mais aussi technologique et financière) que se livrent les Etats-Unis et la Chine. Le monde a vécu au rythme des tweets de Donald Trump qui annonçait tantôt une nouvelle hausse des droits de douanes, tantôt un accord imminent. Si une trêve semble en vue, il ne faut cependant pas être naïf : ce conflit s’inscrit dans un contexte de nouvelle guerre froide, et donc sur le long terme.
Le Brexit a également focalisé l’attention une bonne partie de l’année, avant que la situation semble se dénouer en fin d’année avec un accord entre l’UE et Boris Johnson, ainsi que la victoire de ce dernier aux législatives anticipées de décembre. Néanmoins, de nombreux points restent encore à régler, et le spectre d’un nouveau report, de la période de transition cette fois, plane encore sur le dossier.
Tout au long de l’année, à mesure que ces risques resurgissaient, en particulier la question commerciale, les actions ont corrigé et l’or s’est apprécié.
Il y a les également dossiers qui ont marqué 2019 et qui se prolongeront probablement en 2020. A commencer par la Corée du Nord, où les négociations sont au point mort entre Trump et un Kim Jung Un qui menace de reprendre ses essais nucléaires. Une nouvelle escalade rhétorique, au minimum, est à prévoir.
En Iran, le chemin de l’apaisement ne semble pas de mise, en particulier avec l’attaque des installation saoudiennes attribuées à Téhéran en septembre. En ce début d’année, avec le bombardement américain qui a éliminé sur le sol irakien un haut dignitaire de l’armée iranienne, le général Soleimani, la tension franchit un cran supplémentaire. Les marchés sont très sensibles à la stabilité politique la région, vitale pour l’approvisionnement en pétrole du monde.
Enfin, tous les dossiers géopolitiques de 2020 seront influencés par la campagne présidentielle américaine en vue des élections de novembre. Les candidats, en particulier Donald Trump, aura très certainement besoin d’électriser sa base électorale par des positions et des discours clivants. En clair, les tweets déroutants et déstabilisants vont se multiplier…
Les incertitudes commerciales et politiques ont ramené la croissance mondiale à son plus bas niveau depuis la reprise économique de 2009. Tout au long de l’année, les interrogations sur la fin possible du cycle se sont manifestées, en particulier en raison du fort ralentissement du secteur industriel. Ceci a poussé la Fed à baisser ses taux directeurs par 3 fois, de 0.75% au total.
La conséquence directe a été une baisse significative des taux d’intérêt nominaux, et réels (défalqués de l’inflation), ramenant ces derniers proches de 0 aux Etats-Unis. En Europe et au Japon, les taux se sont inscrits durablement en terrain négatifs. Une entorse au bon sens, mais qui commence à durer.
Traditionnellement l’or bénéficie de la baisse des taux réels, et 2019 n’a pas fait exception. De plus, à l’heure des taux négatifs, détenir un actif qui ne rapporte rien est apparu à certains investisseurs comme une bonne opportunité de protéger son portefeuille…
Les chiffres finaux ne sont pas encore disponibles, mais il s’agira probablement d’une année record pour les achats d’or par les banques centrales, au-delà des 650 tonnes de 2018, soit plus de 15% de la production mondiale de métal jaune. Comme nous l’avions commenté tout au long de l’année, les achats sont provenus principalement des banques centrales russes, chinoises, polonaises, comme le montre les données collectées par le FMI.
Top 10 des banques centrales acheteuses d’or en 2019
De ce classement nous pouvons déduire les deux motivations principales de ces achats : d’abord diversifier ses réserves en dehors du dollar, en particulier pour des pays en conflit (ou en rivalité) avec les Etats-Unis, comme la Russie, la Chine, la Turquie et le Qatar. Mais aussi une volonté d’affirmation de sa souveraineté économique, comme c’est le cas pour les pays de l’Est de l’Europe.
Pour aller plus loin : les réserves d’or des banques centrales
Toute l’équipe du Comptoir National de l’Or vous souhaite une bonne année 2020 ! Cette année comme les précédentes, nos experts continueront à vous relayer l’actualité pertinente pour le métal jaune, à analyser les événements importants, et à suivre pour vous toutes les statistiques économiques.
Bref nous serons à votre service pour que vous puissiez faire de 2020 une année en or !
Alors que les certitudes économiques vacillent, découvrez comment les Français transforment le métal précieux en…
Quand les chiffres parlent d'eux-mêmes, ils révèlent souvent des secrets fascinants. Le marché français de…
L'aube de l'incertitude a couvé un renouveau, celui de l'éclat éternel de l'or chez les…
Dans cette lettre mensuelle, vous trouverez un point sur la performance de l’or ainsi que…
L'or scintille à nouveau sur le marché, mais qui sont ceux qui luisent d’ambition pour…
L'or, éternel refuge ou simple relique ? Les dernières analyses dévoilent des prédictions audacieuses sur…