François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, a annoncé il y a quelques jours dans un discours que l’institution allait expérimenter un euro digital en 2020. L’affaire a été présenté sous la bannière de la nécessaire innovation face à la menace que font peser les crypto monnaies privées, comme le bitcoin ou plus récemment le projet Libra mené par Facebook. Une question de souveraineté seulement ? Pas si sûr…
Le projet de la Banque de France est bien connu dans le milieu financier. Il a même un acronyme : MDBC. Monnaie Digitale de Banque Centrale. Et la France n’est pas seule. La Chine, la Suède et la Suisse semblent très avancées sur le sujet. Mais pas que…
Selon une étude de la Banque des Règlements Internationaux (lien en anglais ici), plus de 70% des banques centrales travaillent sur la question des monnaies digitales. 50% d’entre elles ont dépassé le stade de la recherche et lancent des expérimentations. Et 35% d’entre elles estiment très probable, probable ou possible un lancement officiel d’une monnaie digitale à moyen terme…
Un papier récent de la Banque de France donne plus de détails. Dans un premier temps un crypto-euro reposant sur la technologie blockchain serait créé et réservé aux seules banques et intermédiaires financiers. Puis le système pourrait être étendu aux particuliers. Une extension qui semble confirmée à terme par Christine Lagarde, la présidente de la banque centrale européenne, dans une audition au parlement européen le 2 décembre (retranscription en anglais ici) : « une monnaie digitale permettrait à tous les citoyens d’utiliser une monnaie de banque centrale dans leurs transactions quotidienne »…
L’avantage d’une monnaie digitale est simple : elle supprime le cash. Il y a en Europe plus de 1000 milliards d’euros sous forme de billets et de pièces. Aux Etats-Unis, c’est plus de 1800 milliards de dollars… De l’argent qui n’est pas sur un compte courant auquel votre banquier peut appliquer, au choix, des taux d’intérêt négatifs, des frais, ou des commissions… Sur un tel montant de base, cela représente vite des dizaines de milliards en plus pour le système financier…
Et en poussant le raisonnement, plus loin, à mesure que les moyens de paiement digitaux se développent, le liquide deviendra l’exception et donc payer avec du cash sera une contrainte. Une étude de la banque centrale suédoise, relayée par la BRI, indique que près de 20% de la population n’a pas retiré d’argent à un guichet ou à un distributeur en 2018, notamment grâce à une application de paiement mobile (swish). Ainsi, le cash en circulation est passé de plus de 3% du PIB à environ 1% en l’espace de 7 ans dans le pays. Un exemple qui pourrait faire tache d’huile…
L’état non plus n’aime pas le cash : impossible de dire qui le détient. Il y a certes les questions de lutte contre le blanchiment, le financement des activités illicites ou terroristes… Mais disons-le franchement : le cash est surtout impossible à taxer. Pas étonnant donc que le ministre de l’économie et des finances, Bruno le Maire, soit favorable à l’idée d’une monnaie digitale par définition traçable. Dans une interview du 6 septembre 2019 à La Croix, il avait proposé d’engager « la réflexion sur une monnaie numérique publique émise par les banques centrales, qui garantirait la sécurité totale des transactions, leur simplicité, et leur gratuité ».
Car les Etats ont intérêt à ce que l’argent reste « bancarisé ». Rappelons l’exemple de la crise financière qui a touché Chypre en 2012 et qui s’est soldé en 2013 par une ponction sur tous les dépôts bancaires, finalement transformée en conversion forcée des avoirs au-delà de 100’000 euros en actions de banques chypriotes. Un tel plan n’est pas possible avec de l’argent liquide…ou de l’or physique.
C’est bien là que le métal jaune offre tout son intérêt. Impossible de mettre en œuvre concrètement la ponction des avoirs en or des particuliers. Un fonctionnaire de Bercy demanderait aux banques d’ouvrir leurs coffres particuliers ? Et irait frapper aux portes pour aller récolter des morceaux de Napoléon ou Louis d’or ? Non, ce n’est pas envisageable, et pour un résultat minime… Il est bien plus aisé de ponctionner les comptes courants.
Si la question d’un tel scénario se posait en jour, ce serait en raison d’une crise financière et bancaire d’ampleur colossale. N’oublions pas que dans un tel contexte, l’or comme monnaie alternative, réserve de valeur, s’envolerait très certainement.
Alors faut-il se dé-bancariser ? La question n’est pas idiote, pour une partie de son patrimoine en tout cas… Et l’or, avec ses propriétés diversifiantes de valeur refuge, de protection contre l’inflation, est un candidat de choix.
L’Or est bien évidemment perçu comme étant la meilleure valeur refuge. C’est le seul actif qui offre un contrôle total de son patrimoine. Il permet en outre de se passer d’intermédiaires. Il n’existe en conséquence aucun risque de contrepartie. Les banques et les états peuvent faire faillite, les monnaies peuvent ne plus rien valoir, l’Or restera.
Quant aux monnaies digitales, nos investisseurs s’en méfient du fait des risques de hacking, et tout simplement parce qu’ils n’existe ni contrepartie en valeur, ni réelle liquidité ou usage.
Ce sont autant de raisons qui expliquent la dé-bancarisation progressive des avoir de nos clients. Pour aller plus loin : pourquoi votre banque ne vend-elle pas d’or ?
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