Le FMI s’inquiète d’un risque de crise financière mondiale
Alors que les effets négatifs de la crise financière de 2008 ne sont toujours pas totalement absorbés, le FMI tire à nouveau la sonnette d’alarme. Dans son rapport publié le 10 octobre, le Fonds Monétaire International souligne en effet le risque accru d’une nouvelle tempête financière. La situation est d’autant plus inquiétante que ces menaces ont des origines diverses, ce qui complique les possibles solutions.
Système financier : en progrès, mais doit mieux faire
Dans le rapport du FMI, un chapitre est consacré à une rétrospective 10 ans après la crise. Pour l’organisation, la mise en œuvre du ratio de levier associée au développement de boites à outils adaptées démontre que les leçons du passé ont été tirées, du moins sur le principe. Une attention particulière doit par contre être portée sur l’apparition ou l’augmentation de nouveaux risques. Sont essentiellement visées la fintech et la cybersécurité, la réglementation prudentielle nécessitant la plus grande vigilance.
Des risques géopolitiques revus à la hausse
Un soutien au multilatéralisme en diminution, des tensions commerciales en hausses et des inégalités qui se creusent, tels sont trois des aspects marquants de la situation géopolitique actuelle. S’ajoute le risque d’un Brexit sans véritable accord qui aurait pour effet de fragmenter le marché monétaire européen. Le FMI met également le doigt sur la situation italienne qui fragilise la cohésion financière de l’Union européenne.
L’ensemble de ces composantes pose de nombreuses interrogations sur le court terme. Si elles ne trouvent pas rapidement des réponses, c’est la croissance mondiale qui sera altérée.
L’endettement public et privé au centre des préoccupations
Bien plus que la situation géopolitique tendue, le Fonds s’inquiète sur le haut niveau d’endettement public et privé. Afin de relancer l’économie après la crise de 2008, les banques centrales ont mis en place des politiques « d’argent facile », ce qui s’est traduit par une certaine fuite en avant. En toute logique, c’est dans les pays possédant un secteur bancaire développé que le « Quantitative Easing » a été le plus important. Une conséquence directe est un endettement en forte hausse, celui-ci passant de 113 000 milliards de dollars en 2008 à 167 000 milliards dix ans plus tard.
Tant du côté de la FED que de celui de la Banque Centrale Européenne (BCE), les taux d’intérêt tendent actuellement à augmenter. La fin de ces politiques d’assouplissement risque dès lors de provoquer un « effet ciseau », ce qui pourrait provoquer une chute brutale des marchés.
Le dynamisme inquiétant de l’économie américaine
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le FMI s’inquiète également du dynamisme de l’économie américaine en raison d’un risque de contagion. L’actuelle politique agressive de la FED, d’ailleurs récemment critiquée par le président Trump, attire en effet de plus en plus d’investisseurs.
Les marchés financiers fonctionnant sur le très vieux principe des vases communicants, les capitaux investis aux États-Unis sont autant de moins pour d’autres pays. Or les pays qui sont les plus concernés par ces retraits massifs sont les pays émergents qui constituent autant de moteurs de l’économie mondiale.
Le montant annuel de ces possibles transferts est estimé à 100 milliards de dollars, soit 0,6 % du revenu national brut des pays émergents. Même si le montant peut paraître insignifiant par rapport aux capitaux circulant dans l’économie mondiale, ces transferts peuvent être suffisants pour déséquilibrer durablement les budgets de ces pays encore fragiles.
Pour conclure, le FMI souhaite que l’ensemble des acteurs de la finance prenne ses responsabilités et redouble de prudence afin d’éviter, ou du moins de limiter les effets d’une nouvelle crise d’envergure mondiale.
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