10 ans après le début de la crise, l’or a tenu ses promesses

Le métal jaune a prouvé qu’il était un actif refuge, performant et diversifiant

C’était il y a 10 ans, presque jour pour jour. Le 15 septembre 2008, la banque d’affaire américaine Lehman Brothers faisait faillite, déclenchant une crise systémique globale que l’on a appelé la crise des « subprimes », du nom des prêts hypothécaires douteux à son origine.

Aujourd’hui, la situation s’est nettement améliorée, et les bourses flirtent avec les plus hauts, si bien que certains analystes considèrent cette période comme un cycle complet. Au Comptoir National de l’Or, nous allons plus loin : nous considérons ces 10 années comme un véritable cas d’école.

Un vrai cas d’école

D’abord et surtout parce que l’or, sur les dix années écoulées, a fait la preuve qu’il était un actif performant, diversifiant, et un refuge en temps de crise. Le tout dans une période où rien ne nous a été épargné en termes d’événements, risques, et crises de toute natures.

En effet, nous n’avons pas traversé une, mais plusieurs crises. Crise de liquidité, crise bancaire, crise monétaire, crise économique, crise des dettes des états, crise politique, etc… Toutes accompagnées de mesures d’exception inimaginables auparavant : nationalisation de banques, taux d’intérêt négatifs, quantitative easing (la planche à billet), etc.

La reprise a été tout aussi spectaculaire, dopée par un boom technologique, qui a vu le cours des actions atteindre récemment des plus hauts historiques, en particulier aux Etats Unis. Le tout dans un contexte géopolitique très mouvementé (Brexit, Trump, etc.).

Bref, ce furent 10 années intenses qui permettent de tester et d’éprouver le comportement des actifs…

L’or : une meilleure performance que les actions…

Sur les 10 dernières années, le cours de l’or en euros s’est apprécié de près de 94%, soit une performance annualisée de 6.8%. C’est très nettement au-dessus du CAC 40 (+2.1% en annualisé), même lorsque l’on considère les dividendes. L’or se compare également très favorablement aux obligations (le taux actuariel de l’OAT 10 ans le 15 septembre 2008 se situait à 4.27%), sans parler du Livret A (+1.5% par an).

… avec moins de risque

Sur cette période, la volatilité de l’or – la mesure de risque la plus suivie par les analystes financiers – ressort à 16.9%, contre 23% pour le cac 40. D’autres statistiques de risques, plus complexes (perte maximale, valeur à risque, etc.), dressent un constat similaire : l’or s’est révélé de 10 à 30% moins risqué que les actions, selon l’indicateur choisi.

Une diversification éprouvée

Le conseil est bien connu : ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Sur la décennie, l’or a été un candidat privilégié pour ce principe de bon sens : sa corrélation avec les actions s’inscrit en terrain négatif, à -0.15. Cela signifie qu’ajouter de l’or à un portefeuille réduit le risque de celui-ci de manière importante.

Comparons 2 portefeuilles, constitués la veille de la faillite de Lehman Brothers. L’un composé à 100% d’actions du cac 40, l’autre à 90% d’actions et 10% d’or. Non seulement ce dernier atteint une meilleure performance, mais surtout son risque est inférieur de 20% au premier. En clair, même une petite portion d’or dans un portefeuille lui a apporté de grands bénéfices en termes de couple risque/rendement.

Un actif refuge

Malheureusement, avec certains actifs, les bénéfices de la diversification ont une fâcheuse tendance à s’évaporer en période de stress intense, lorsque tout dégringole. L’or échappe à cet écueil.

Sur les 10 ans écoulés, nous identifions 3 périodes ou le cac 40 a perdu plus de 25%, et à chaque fois, l’or a bien résisté, ou mieux, il a affiché des performances très positives. Bref, le métal jaune a fourni de la diversification quand on en a eu besoin. C’est le propre d’un actif refuge.

Et maintenant ?

Nous pensons que sur le long-terme (et on ne dira jamais assez que l’or est un investissement de long terme), le métal jaune continuera à procurer les mêmes bénéfices à ses détenteurs que sur les 10 années écoulées : un bon profil risque/rendement, une diversification, ainsi qu’un refuge en période de grande incertitude.

Nos experts notent principalement deux éléments de moyen et long terme qui devraient inciter à un positionnement prudent. D’abord un contexte géopolitique beaucoup plus complexe et incertain, en raison de la remise en cause (la fin ?) du multilatéralisme, sous la pression de démocraties plus « dures ». On pense évidemment à Trump, Poutine, et Erdogan, mais n’oublions pas les divergences internes à l’Europe, entre l’est et l’ouest notamment, et la montée en puissance des eurosceptiques qui pourrait raviver les craintes d’une dislocation de l’Union Européenne.

L’autre élément est la présence et la montée de risques financiers, même s’ils restent pour le moment sous contrôle. Il est intéressant de noter que la dette mondiale (privée et publique) atteint de nouveaux records. Au même moment, des signes de tension en provenance des pays émergents se font ressentir, notamment sur le crédit. Cela n’a pas échappé à Jean-Claude Trichet, ancien gouverneur de la BCE au moment de la crise des subprime. Dans une interview récente, il tire la sonnette d’alarme sur le niveau d’endettement de ces pays et parle d’un système financier « aussi vulnérable qu’en 2008 ».

Pour sûr, une autre décennie fascinante pour l’or commence…

Notes :

Les performances et chiffres présentés dans cet article sont calculés entre la clôture du 13 septembre 2008 et celle du 13 septembre 2018. Les cours de l’or en euros correspondent sont ceux du fixing de l’après-midi à Londres.

Article AFP/2à minutes, interview de JC Trichet

Nicolas Compard

Nicolas Compard, (Chartered Financial Analyst) Au cours de sa carrière, Nicolas a occupé plusieurs fonctions clés aux sein d’investisseurs institutionnels, notamment à la Caisse de pension du CERN. Analyste, gérant des risques et gérant de portefeuille, il a notamment eu la responsabilité pendant 4 ans d’un portefeuille de matières premières de plusieurs dizaines de millions d’euros. Passionné d’économie et de finance, il poursuit aujourd’hui son travail d’analyse de manière indépendante. Diplômé de l’Edhec, Nicolas est aussi détenteur du certificat de Chartered Financial Analyst® délivrée par le CFA Institute.

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