Le curieux jeu de certaines banques suisses
Dès que son stock d’or dépasse une certaine valeur, il est logique de le mettre en sécurité dans un coffre de sa banque. Ce lieu est-il aussi sûr qu’il le devrait ? Deux événements récents semblent souligner que déposer son or dans une banque n’est pas systématiquement un gage de sécurité.
Les refus successifs des banques suisses
Dans un article publié en octobre 2017, Egon Von Greyerz fait état de plusieurs refus de la part de banques suisses de transférer vers des coffres privés l’or acheté par des clients. Bien que disposant d’une attestation de la banque selon laquelle il s’agit bien d’or physique, la banque est dans l’impossibilité de mettre cet or à disposition de ses clients. Les lingots d’or existent-ils réellement ou s’agit-il « d’or papier » ? Dans certains cas, la banque a demandé un délai afin de se procurer la quantité d’or physique avant de le mettre à disposition de son client. Quelques jours seulement après ces incidents, c’est à nouveau une banque suisse pourtant réputée qui a refusé de montrer à son client l’or physique qu’il était censé détenir. Ces refus sont-ils dus à la vente d’or physique de la part des banques alors que celui-ci ne leur appartient pas ? Les réponses des établissements bancaires sont pour le moins évasives, ce qui n’a rien de rassurant pour les clients. Les banques utilisent-elles l’or de leurs clients pour financer leurs propres actifs ? Une autre question à laquelle les banques ne sont visiblement pas pressées de répondre.
L’étrange disparition de pièces et lingots d’or
Pour ce deuxième fait, nous revenons en France et plus particulièrement à la Société Générale de Pau dans le Sud-Ouest.
En septembre 2010, un couple constate la disparition de 8 lingots d’or achetés à la banque et stockés dans un coffre privé. Après le refus de la Société Générale de reconnaître la disparition, le couple porte plainte. L’enquête de Police n’apporte aucun élément supplémentaire, ce d’autant plus que la banque a été dans l’impossibilité de donner aux enquêteurs la liste des personnes ayant eu accès à la salle des coffres. Le couple décide alors de saisir la juridiction civile. Deuxième affaire en 2014 avec 155 pièces d’or disparues du coffre privé loué par un autre couple de Pau. Là encore, la banque met en avant son manque de responsabilité face à cette disparition. L’enquête de Police n’ayant pas donné plus de résultats que pour la première affaire, c’est là aussi le tribunal civil qui est chargé de trancher le litige.
Un placement jugé trop discret par les magistrats
En juillet de cette année, les juges rendent leurs conclusions sur ces deux affaires. Les plaignants sont tout simplement déboutés de leurs demandes de dommages et intérêts. Les magistrats ont en effet considéré que la présence de l’or dans les coffres ne pouvait être prouvée du fait de la discrétion du placement dans les coffres de la banque. Si cet or a réellement été volé, le préjudice se monte à 180 000 € pour les lingots et à plus de 92 000 € pour les pièces. S’ajoute à cette perte le paiement des frais de procédure que devront payer les deux locataires de coffres. La conclusion à tirer de ces désagréments est que les banques semblent très loin d’offrir les garanties de sécurité dans le cas de l’or disparu et de transparence en ce qui concerne certaines banques suisses. Aux investisseurs d’en tirer les conséquences et de prendre des mesures cette fois réellement sécurisées.
Retour