Changement d’orientation politique en Italie, quelle influence sur le cours de l’or ?
Le résultat des élections italiennes de mars s’est accompagné d’un accès de fièvre dans les milieux politiques européens, mais aussi ceux financiers. A suivi de près le refus de la part du président italien de nommer un ministre « anti-euro » proposé par Giuseppe Conté, le nouveau Premier ministre.
Ce malaise et les doutes associés ont visiblement été pris en compte par les investisseurs, l’or passant de 1 066 €/once à la mi-mars à plus de 1 119 € le 30 mai. Cette hausse de la valeur refuge de référence est-elle durable ou simplement « épidermique », les mois à venir seront riches en enseignements.
Un soulagement prudent après le risque d’élections anticipées
Après une période d’incertitude et la vision d’élections anticipées, l’Italie dispose finalement d’un gouvernement en principe en ordre de marche. Si le risque de déstabilisation de la zone euro s’éloigne à court terme demeurent de nombreuses inconnues.
Parmi celles-ci figure la mise en œuvre des engagements budgétaires en matière de finances publiques. La Deutsche Bank s’en est aussitôt inquiétée en craignant un dérapage des finances publiques. L’institut Oxford Economics estime que la mise en application des mesures promises par la coalition ferait grimper le déficit public à 5,5 % en 2019 au lieu des 1,3 % initialement prévus.
Une autre interrogation porte sur la politique suivie par le nouveau gouvernement italien en matière européenne. Avec la victoire de la coalition Ligue/M5S, une partie des électeurs italiens a souligné sa défiance face à une Europe souvent jugée trop éloignée de ses problèmes quotidiens en général et de ceux créés par les vagues de migrants en particulier.
Les instances européennes vont-elles prendre en compte ce coup de semonce, rien n’est sûr. Il est par contre assuré que le gouvernement italien va utiliser cet argument en l’utilisant de manière à assouplir la politique européenne à son égard.
Angela Merkel, la chancelière allemande, a pour sa part exclu tout allégement ou partage de la dette italienne. Fin 2017, cette dernière représentait 132 % du PIB, soit la plus élevée de l’Europe après la Grèce avec 2 302 milliards d’euros.
Un risque de crise européenne très loin d’être écarté
Bien que la formation d’un gouvernement italien ait repoussé les « gros nuages », le risque d’une crise au niveau européen est bel et bien présent. Cette analyse est partagée par l’agence Moody’s qui a placé la dette italienne sous surveillance en envisageant une dégradation de sa note.
De leur côté, les taux d’intérêt grec, portugais et espagnol se sont sensiblement tendus avec un risque de contagion avec les autres banques européennes.
Ce que craignent le plus les marchés est que l’Italie ne respecte plus les directives européennes en matière de déficit public. Comme le note le Peterson institute for international economics (PIIE), cette dérive entrainerait l’inéligibilité de l’Italie au programme de rachats de dette par la BCE (Banque Centrale européenne. La seule solution pour l’Italie serait alors de quitter l’euro, ce même si ce scénario n’est pas celui du gouvernement italien.
Cet improbable, mais toujours possible, défaut de paiement concernerait en premier lieu les italiens, mais par rebond l’ensemble de l’économie européenne, voire mondiale.
Face à ce risque, le gouvernement de Giuseppe Conté risque logiquement de réduire la voilure de ses ambitions. Les nouveaux responsables politiques vont dès lors se retrouver face à un électorat déçu par des promesses non tenues et les mouvements sociaux qui en découleront.
La future crise mondiale naîtra-t-elle en Europe ? Rien de sûr tant les tensions géopolitiques et autres sont nombreuses dans le monde. Quelle qu’en soit la cause, il est raisonnable de protéger son patrimoine en investissant dans une valeur garantie comme l’est historiquement l’or physique.