L’or de Grasberg, une mine de revenus pour le gouvernement indonésien
La mine de Grasberg, un exemple du défi indonésien
Située en Papouasie, la mine de Grasberg représente un des plus grands gisements d’or et de cuivre au monde. Elle est exploitée par la société américaine Freeport-McMoRan Copper & Gold inc. À travers sa filiale PT Freeport Indonesia, la société se présente comme le premier contribuable du pays. Depuis quelques années, plusieurs conflits mettent opposent les autorités de Djakarta à celles provinciales de Papouasie. Ces dernières reprochent au gouvernement indonésien de s’approprier la globalité des recettes provenant de l’exploitation minière alors que seule la région paye au prix fort les dégâts environnementaux. Les responsables locaux mettent également en avant les problèmes sociaux économiques dus à la pauvreté d’une partie des habitants. Pour une bonne part, ce sont ces Indonésiens pauvres qui délaissent leur travail dans les plantations d’hévéa pour tenter leur chance en ouvrant ou en travaillant dans une des mines clandestines.
Un pays miné par la corruption
Comme dans de nombreux pays d’Asie, la corruption est considérée comme endémique, le pays occupant la peu glorieuse 116e place sur 128 du classement Transparency International. C’est ainsi qu’en 2015, un haut responsable du parlement indonésien a dû démissionner en raison des pots-de-vin reçus de la part de Freeport. L’objectif pour l’exploitant de la mine était d’influencer le Premier ministre et le Président lors du renouvellement de la licence de la mine de Grasberg. Plus localement, la corruption est incontournable pour les gérants des mines clandestines. Les mafias savent « argumenter » auprès des éventuels récalcitrants, qu’il s’agisse des responsables politiques ou de la police.
Mine de Grasberg, un accord renégocié
La révélation du scandale des pots-de-vin versés au parlementaire aura eu pour aspect positif de placer le gouvernement indonésien en meilleure posture lors des négociations. Le renouvellement de la licence jusqu’en 2021 s’est accompagné d’un réaménagement des conditions. La participation de l’État passera ainsi fin 2019 d’environ 9 % actuellement à près de 20 % grâce à l’achat d’actions auprès de Freeport. Cette participation supplémentaire devrait à terme soit être offerte à une entreprise publique, soit à un gouvernement régional, ce que souhaitent évidemment les responsables locaux des provinces constituant la Papouasie.
Une mine en cours de mutation
Cette bonne volonté de la part de Freeport n’a rien de gratuit, ce en supplément de la vente des actions. La société minière vise en effet à étendre son exploitation en créant cette fois une mine souterraine en parallèle de celle actuelle à ciel ouvert. Le coût de cette transition est estimé à 18 milliards de dollars et s’accompagnera d’une hausse de la participation du gouvernement à hauteur de 30 %. En toute logique, Freeport a exigé que le contrat soit d’ores et déjà prolongé, le tout associé à un cadre juridiquement assoupli. Inutile de préciser que tant les politiques régionaux que les habitants ont précisé que cette fois rien ne serait conclu sans une contrepartie financière décente.
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