Pourquoi l’or et l’argent sont historiquement associés ?
L’or et l’argent sont de longue date des métaux indissociables du fait de leur utilisation en tant que monnaies d’échange. Bien avant le bimétallisme apparu en France après la révolution de 1789, l’or et l’argent ont été étroitement unis, soit mécaniquement, soit de manière naturelle. Les deux métaux précieux ont ensuite été séparés de force pour des raisons économiques et politiques.
L’électrum, l’alliance naturelle de l’or et de l’argent
L’inventeur de la monnaie métallique telle que nous la connaissons aujourd’hui est le roi Gygès qui régnait en Lydie (Asie Mineure) au 7e siècle Av. J.-C. Ces pièces de monnaie réunissaient en effet trois aspects essentiels d’une monnaie métallique : • Une forme unique • Un poids invariable • Une marque imposée La matière première servant à la fabrication des pièces se nomme électrum, un alliage naturel composé d’or et d’argent. La source majeure de cet alliage est la rivière Pactole (d’où le terme « toucher le pactole ») qui à l’époque charrie une importante quantité de paillettes d’or et d’argent. Le problème avec la monnaie électrum est que la part d’or de l’alliage peut varier de 90 à 40 %. Un siècle plus tard, les progrès de la métallurgie permettent de séparer l’or et l’argent. Nait alors le premier système monétaire bimétallique sous le règne du roi Crésus considéré comme l’homme le plus riche au monde (« Riche comme Crésus). Ce bimétallisme est adopté par les envahisseurs perses, puis par la suite à de nombreux pays. L’or devient progressivement la monnaie pour les échanges internationaux alors que l’argent est utilisé localement.
Pour en savoir plus, consultez le prix de l’or et le prix de l’argent.
La manipulation des monnaies, une pratique ancestrale
L’après-révolution et la loi de Germinal An XI vont mettre fin à l’une des premières manipulations d’envergure de la monnaie. Jusqu’alors, la valeur de la livre tournois était arbitrairement fixée par un édit royal. Un louis d’or valait par exemple 24 livres tournois et un Ecu d’argent 6 livres tournois. Lorsque le royaume avait besoin d’argent, pour une guerre ou la construction d’un château, il suffisait de changer ce ratio pour remplir les caisses royales grâce à un Ecu d’argent dont la valeur d’échange est portée 8 livres tournois. La loi de 1803 va instaurer un rapport d’échange légal de 1 gramme d’or pour 15,5 d’argent, d’où le mythique ratio toujours d’actualité de 1/16. Ce bimétallisme qui est de règle dans la plupart des pays va être mis à mal par Gresham, chancelier en Angleterre, pays dont le système monétaire reposait sur un système monométal basé sur l’or. Il met en avant les risques du système reposant sur le bimétallisme dans les échanges internationaux. Pour le chancelier, cette double référence crée une bonne monnaie (l’or) et une mauvaise monnaie (l’argent), la première chassant naturellement la seconde. Un autre argument est lié au fait que si l’argent bénéficie d’un rapport fixe (1/16), l’or est pour sa part sujet aux fluctuations du marché. Si la théorie de Gresham ne convainc pas, c’est la découverte en 1850 d’importants gisements d’or aux États-Unis et en Australie qui la remettent dans l’actualité. La hausse de production d’or entraîne la chute des cours alors que celui de l’argent physique reste inchangé, ce qui met en danger l’économie mondiale. Pour enrayer cette baisse, la France, la Suisse, l’Italie, la Grèce et la Belgique créent « L’Union latine » avec pour objectif de déprécier l’argent. En 1878, les 5 pays décident d’arrêter la frappe des pièces en argent. Avec la généralisation de la monnaie papier et la fin imposée de l’étalon or, les manipulations monétaires se sont poursuivies sans réellement innover. Pour une grande partie, ces artifices sur les monnaies s’inspirent en effet de schémas dessinés il y a des siècles.
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