La Russie va lancer sa cryptomonnaie, mais pour quoi faire ?
Lancée en 2015, l’idée d’une cryptomonnaie russe devrait se concrétiser en juillet 2018 avec le lancement très officiel de la Cryptorouble. Soutenue par le gouvernement, celui-ci souhaite que la Cryptorouble devienne la seule cryptomonnaie légale en étant adossée à la Rouble. Quel est l’objectif de la Russie avec cette monnaie virtuelle ? Même s’il n’est pas encore défini publiquement, il pourrait se révéler bien moins anodin qu’il parait à première vue.
Se protéger des sanctions internationales
Avec le lancement de la Cryptorouble, les autorités russes comptent de cette manière réduire les effets des sanctions internationales en général et Américaines en particulier. À l’heure actuelle, ce sont des dizaines d’agences, d’entreprises et de proches de Vladimir Poutine qui se voient interdits d’utiliser les marchés financiers américains ainsi que le dollar. Il faut toutefois savoir que l’éventuel lancement d’une cryptomonnaie virtuelle n’a rien d’original. Un pays comme le Venezuela s’apprête également à lancer sa monnaie virtuelle appuyée sur les ressources naturelles du pays. Quelles sont-elles ? Le pétrole, le gaz, les mines d’or et d’argent, la bauxite et les diamants. Le sous-sol de la Russie est également riche en gaz et minerais de toutes sortes, dont une grande quantité d’or dont certains grands gisements sont financés et exploités par des consortiums chinois. Cette dernière précision constitue un point majeur concernant l’importance que pourrait prendre la Cryptorouble au niveau des échanges commerciaux internationaux.
Nouvelle Route de la soie ou toile d’araignée ?
Malgré un passé marqué par quelques sautes d’humeur, Russie et Chine sont des alliés aussi puissants que complémentaires. La première possède la puissance militaire et la seconde celle économique. Les deux sont confrontés aux exaspérations chroniques des États-Unis et de l’Europe, ce pour différentes raisons. Pour en revenir aux cryptomonnaies, les autorités chinoises se livrent depuis le début de l’année à une guerre sans merci visant à interdire le Bitcoin et ses dérivées. Officiellement, il s’agit d’enrayer la fuite de capitaux illégaux engrangés par les réseaux mafieux et les spéculateurs. Les effets réels de combat sont pour l’instant limités, mais pourraient devenir bien plus visibles grâce à la Cryptorouble. En introduisant légalement la monnaie virtuelle russe sur les marchés locaux, les autorités chinoises feraient en effet d’une pierre deux coups. D’une part les amateurs chinois de cryptomonnaies pourront ainsi s’adonner à leurs investissements virtuels préférés et d’autre part les autorités garderont un œil sur ce marché, au besoin avec l’aide de leurs collègues russes. Pour les deux pays, un autre avantage est d’affaiblir la prédominance du dollar tout en donnant un coup de pouce supplémentaire au projet déjà bien avancé de Nouvelle Route de la soie. Depuis quelques années, la Chine met en place une véritable toile commerciale au travers d’accords avec des pays producteurs de matières premières. Ces échanges sont actuellement libellés en yuans garantis sur les réserves d’or de la Chine dont personne ne connait réellement l’importance. La Cryptorouble devant reposer sur les ressources naturelles, dont l’or des mines russes financées pour partie par des entreprises chinoises, un pont naturel serait ainsi créé entre les deux pays. Dans cette hypothèse, Chine et Russie tireraient grandement partie de la Cryptorouble en l’imposant sous diverses formes à leurs fournisseurs et clients, ce bien sûr au détriment du dollar.
En savoir plus sur la thématique du Bitcoin :
- Le Bitcoin devra rentrer dans le rang, mais lequel ?
- Faut-il vendre ses crypto-monnaies pour acheter de l’or ?
- L’avenir de la monnaie se situe-t-il dans la crypto-monnaie et le bitcoin ?
- Le phénomène des crypto-monnaies