Avec 21 % des réserves mondiales d’argent et 5 % de celles d’or, le Pérou est un pays riche du moins en ce qui concerne son sous-sol. Dans ce pays où la production minière représente 50 % des exportations, le poids de l’économie informelle occupe 70 % de la population active.
Ces activités parallèles et non réglementées portent pour une bonne partie sur l’extraction illégale de minerais avec un important impact négatif sur l’environnement. Pour endiguer ce phénomène, l’association suisse « Better Gold Initiative » incite les dirigeants des petites mines à modifier leur comportement.
En savoir plus sur l’histoire de l’or au Pérou.
La région de Madre de Dios au sud-est du pays, est un des hauts lieux d’extraction avec de nombreuses mines illégales. D’après les autorités péruviennes, les mines de cette région sont à l’origine du déversement annuel de 40 tonnes de mercure dans le fleuve Amazone.
Si l’or est en effet bien présent, il faut aller le chercher à 30 mètres de profondeur pour ne récupérer qu’environ 2 grammes pour plus de 10 tonnes de terre. Cette dissémination le long des cours d’eau explique pourquoi de grandes quantités de mercure sont utilisées lors de l’opération d’amalgame.
S’ajoutent des conditions de travail exécrables imposées aux mineurs. Cette situation environnementale, sociale et économique a attiré l’attention de la Banque Mondiale, inquiète du risque très élevé de conflits sociaux violents.
C’est dans ce contexte social tendu que l’association suisse a développé un partenariat avec la coopérative minière CECOMIP créée en 2006. À l’automne 2016, une journaliste de swissinfo.ch a visité cette mine afin de rendre compte de cette initiative originale.
Située à 4 700 mètres d’altitude, ce site de 74 hectares est exploité par les habitants locaux autrefois éleveurs d’alpagas. L’extraction minière demandant une importante main d’œuvre, ce sont des milliers de paysans reconvertis dans la mine qui ont afflué vers ce lieu prometteur. En parallèle de cette mine légale, ce sont créées des dizaines de zones d’extraction clandestines ne respectant aucune norme en matière sociale et environnementale.
Pourquoi ce site a-t-il été choisi par l’association « Better Gold Initiative » (BGI) ? La raison est qu’il a été révélé que des raffineurs suisses venaient s’approvisionner en or extrait illégalement.
L’objectif du partenariat est de promouvoir une production d’or « propre » tant d’un point de vue social que de respect de l’environnement. Une société d’investissement basée à Genève a mis en place une ligne de crédit permettant de moderniser l’extraction et donc les conditions de travail des mineurs.
Cette initiative n’empêche pas pour autant l’extraction illégale, mais tente de la marginaliser au regard des habitants et des autorités locales. En offrant un accès direct au marché de l’or, ce mode de fonctionnement permet aux mineurs de percevoir des revenus plus élevés.
Le modèle appliqué à la CECOMIP devrait logiquement entraîner l’adhésion de la plupart des mineurs. Dans les faits, la situation est quelque peu différente comme le souligne Thomas Hentschel, directeur de la BGI.
Confrontés à de trop nombreuses procédures administratives portant sur la validation des concessions, la plupart des mineurs préfèrent rester dans la clandestinité sur laquelle pèsent les réseaux liés à la criminalité.
Le directeur de la BGI se dit toutefois confiant dans l’avenir avec un projet d’exportation du programme en Colombie et en Bolivie.
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