Le magnifique Palazzo Koch, siège de la banque centrale italienne, abrite seulement la moitié de sa réserve officielle d’or. L’autre moitié de l’or italien est répartie dans les coffres suisses, londoniens et ceux de la FED de New York. Comme à son habitude, la réserve fédérale ne communique aucun chiffre sur la quantité d’or détenue, mais approcherait les 1000 tonnes. Le récent rapatriement d’une partie de la réserve d’or allemande stockée par la FED s’est accompagné d’interrogations. La première a été le refus de la banque centrale américaine de restituer la quantité d’or demandée par son homologue allemande, d’où un doute sur son existence physique. Après avoir accepté le transfert, la Deutsche Bank a reçu des lingots refondus, d’où un doute sur la qualité de l’or. Dans l’hypothèse où la banque centrale italienne demanderait un rapatriement partiel de l’or stocké par la FED, des problèmes identiques à ceux de l’Allemagne sont craints tant par la classe politique italienne que par une partie de la population.
«L’Italie est devenue une véritable mine d’or», explique Ivana Ciabatti, chargée du secteur de l’orfèvrerie au sein de l’organisation patronale Confindustria. Cette constatation est due à la multiplication des boutiques d’achat d’or dans les villes italiennes. Pour une bonne part, ces ouvertures de magasins se font à l’initiative de la mafia qui profite d’une faille de la législation permettant d’échapper à la TVA. Sur les quelque 28 000 boutiques spécialisées dans l’or, ce ne sont ainsi que quelques centaines qui sont enregistrées à la Banque d’Italie. Avec d’un côté un nombre historiquement important de particuliers possédant de l’or et de l’autre une baisse des liquidités liée à la crise, ces boutiques rachètent de l’or sous forme de pièces et de bijoux contre des espèces. L’or ainsi récupéré passe par des fonderies clandestines avant de franchir tout aussi illégalement les Alpes pour être stocké dans les coffres des banques suisses. Selon la Guilde italienne des orfèvres (ANOPO), le chiffre d’affaires réalisé par ces réseaux représenterait un minimum de 14 milliards d’euros.
Quelque peu éclipsés par la dette grecque, les soucis financiers de l’Italie devraient revenir sur le devant de la scène en 2018. Les velléités d’autonomie politique et fiscale en Lombardie et en Vénétie ne font que renforcer un sentiment d’incertitude de la part des investisseurs et du public sur fond de secteur bancaire en crise depuis plusieurs années. Malgré les multiples plans d’économies, les banques italiennes restent au bord du précipice, ce qui impacte le fonctionnement des entreprises. Dans une étude récente, l’institut SWG de Trieste révèle que seulement 16 % des Italiens font confiance aux banques contre 41 % en France. Les interventions de la BCE pour tenter de sauver l’économie italienne n’ont pas amélioré le moral de la population, ce d’autant plus que le déficit public s’approche de 140 % du PIB associé à une dette fiscale (impôts, taxes, amendes, cotisations sociales) de 817 milliards d’euros. L’approche des élections législatives de mars ne peut qu’accentuer l’inquiétude des investisseurs italiens, ce avec de possibles répercussions sur le cours de l’or.
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