L’Allemagne récupère ses lingots d’or et continue à acheter de l’or
La crise de 2008 avait logiquement incité les investisseurs du monde entier à se tourner vers l’or. Les Allemands s’attendent-ils à une nouvelle tempête sur les marchés financiers ? C’est ce que l’on peut déduire de ce qui ressemble à une véritable ruée vers l’or de la part de nos voisins d’outre-Rhin.
Une demande en forte hausse depuis 10 ans
Entre les années 2000 et 2007, les investisseurs allemands n’étaient que peu attirés par l’or avec une demande annuelle variant entre 5 et 40 tonnes, soit une moyenne annuelle de 17 tonnes. En 2008, la demande de métal jaune a explosé pour atteindre 120 tonnes. Depuis cette année de début de crise, la demande des investisseurs n’a pas fléchi avec un sommet de 190 tonnes en 2016 (source Metal Focus, GFMS Thomson Reuters, World Gold Council (WGS)).
Une crainte de l’effondrement de la zone euro ?
Malgré une situation économique actuelle favorable au sein de la zone euro, les investisseurs allemands semblent se méfier tant de du système financier que de la politique européenne. Si l’affaiblissement de l’Euro a été imposé dès 2014 pour tenter de relancer la croissance, cet artifice a un coût élevé en parallèle d’effets très limités par rapport à l’objectif initial. S’ajoutent les problèmes grecs, le Brexit et plus récemment les velléités d’indépendance en catalogne.
La banque centrale récupère la moitié de son stock
Cet engouement relativement nouveau pour l’or physique se trouve conforté par l’opération de rapatriement lancée en 2016 par la Bundesbank et portant sur une partie de l’or stocké en France, en Angleterre et surtout aux États-Unis. Mis « à l’abri » durant la guerre froide, une partie du stock d’or de la banque centrale est ainsi progressivement transféré, ce à la demande de la Bundesbank et sous la pression des responsables politiques allemands. Dans un premier temps, la FED avait fermement refusé de restituer l’or stocké à New York. Ce refus avait alors donné lieu à diverses théories dont l’une était que la Réserve fédérale américaine avait vendu l’or laissé en dépôt. Du côté français, le rapatriement des 374 tonnes stockées par la Banque de France est terminé depuis août 2017. Avec les 300 tonnes transférées depuis New York, la Bundesbank détient 1 710 tonnes d’or dans ses coffres, soit environ 50 % des 3 378 tonnes (270 000 lingots d’or de 12 kg). 1 236 tonnes restent stockés à New York et 432 tonnes à Londres. Si l’Allemagne a laissé une partie de ses réserves en Angleterre et aux États-Unis, la totalité du stock déposé en France a été rapatriée. Comportement pour le moins surprenant, les deux pays partageant la même devise. La banque centrale allemande anticipe-t-elle ainsi la possibilité d’échanger son or contre du dollar ou de la livre sterling en cas de grave crise financière ? Ces transferts ayant coûté 7,7 millions d’euros à la Bundesbank, il est difficile pour les responsables politiques et ceux de la banque centrale de les justifier par une simple normalisation de la situation.
Premiers demandeurs d’or au monde
En 2016, l’Allemagne est devenue le premier demandeur d’or « per capita » (par tête) avec 1,5 g. Cette quantité demandée est largement supérieure à celle d’habitants de pays tels que :
- Turquie : 0,85 g
- Chine : 0,7 g
- États-Unis : 0,65 g
- Royaume-Uni : 5,8 g
- Inde : 0,5 g
- Russie : 0,25 g
Pour 57 % des investisseurs en lingots et pièces interrogés lors d’une enquête menée pour le WGS, il s’agit de protéger son patrimoine. L’aspect rendement à long terme a pour sa part motivé 28 % des investisseurs dans l’or.