Or : vers un fixing plus intègre ?
Le fixing de l’or de Londres et sa pseudo fiabilité ! Voici un sujet qui ne cesse d’obséder tous les acteurs du marché de l’or depuis plus d’une année maintenant. Le processus de fixation des cours du métal jaune a eu lieu pour la première fois le 12 septembre 1919 et a duré pendant près de 85 ans. Présidé par la banque Rothschild jusqu’à son retrait en 2004 suite à la chute de ses revenus selon elle, le fixing de l’or se faisait en « partenariat » avec cinq autre banques : Barclays, HSBC, Deutsche Bank, Société Générale et Banque Scotia. En 2013, la réputation de ce rituel a commencé à s’ébranler du fait de nombreux soupçons de manipulation du cours de l’or, de la part de très sérieux cabinets tel que l’anglais Fideres ou encore l’américain AIS spécialisé dans la gestion de l’investissement. Ce taux de référence de l’or fixé deux fois par jour à l’issue d’une conférence téléphonique de ces cinq banques et qui est utilisé par les bijouteries, les banques centrales et les sociétés minières serait pour des négociants d’or et certains économistes, déloyal, d’après Bloomberg ! Après Rothschild, c’est la Deutsche Bank qui a décidé de tirer sa révérence en janvier 2014, invoquant une restriction de son activité sur le marché des matières premières. En réalité c’est sous la pression de la BaFin, organisme de régulation des marchés financiers allemands que cela s’est passé. La Deutsche Bank a donc quitté le fixing de Londres en avril dernier laissant son siège entièrement vacant puisque qu’il n’y a eu aucun repreneur… Ensuite ce fut au tour de la Société Générale de recevoir la visite de la Financial Conduct Authority, autorité de contrôle des marchés. Enfin, la Barclays s’est vu imposer une amende de 32 millions d’euros par la FSA, autorité britannique des services financiers pour manipulation du processus de fixing de l’or. Voilà qui est dit ! Et voilà qui justifie les paroles de Rosa Abrantes-Metz, professeur à l’école de commerce à la New York University : « C’est dangereux qu’un petit nombre d’intervenants en l’absence de la moindre supervision puissent fixer entre eux le prix de l’or alors qu’ils ont d’autres intérêts multiples conflictuels ». Loin d’être anodine, la réunion du 7 juillet dernier organisée par le Conseil Mondial de l’Or (CMO) et qui a réuni trente quatre délégués de tous les acteurs du marché de l’or, est justement venue en réponse à tous ces derniers malencontreux évènements. L’objet de cette réunion était d’élaborer un programme de modernisation du mode de fixing du cours de l’or qui correspondrait à une « valeur physique de l’or » à partir des échanges réels et des données de production parfaitement transparentes. En clair, le prix de l’or dorénavant, devrait remplir certaines conditions parmi elles : Avoir un seul prix de référence et transparent protégeant la réputation des administrateurs du fixing, continuer la recherche d’un juste prix de l’or pour éviter les situations de rupture du marché, avoir un prix de l’or de Londres reflétant sa position de première place de négoce de l’or etc. C’est donc par l’intermédiaire d’un président et d’un administrateur indépendant que cette réforme devrait avoir lieu, sachant qu’il s’agit là d’une proposition des 4 banques « restantes » du London Gold Fixing. Pour le moment, le CMO, n’a pas communiqué le planning pour la mise en vigueur de cette nouvelle décision. Mais au regard du contexte géopolitique et économique mondial extrêmement inquiétant, et de sa déchéance imminente, une rénovation intègre et totale d’un marché qui traite 18 milliards de dollars par an, devient une urgence ! Une urgence qui laisserai enfin libre cours à l’or… !
Feriel Belhassen
Rédactrice gold.fr
(Sources : Les Echos/Le Monde)
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