Bundesbank et FED : Saga d’un rapatriement houleux
Souvenez-vous, il y a huit mois, la banque centrale allemande cédait à une pression populaire très médiatisée et consentait enfin à réclamer, à son homologue américaine, une bonne partie de l’or allemand déposé dans les coffres de la FED. Cette demande, justifiée par le spectre européen contagieux de l’endettement, avait alors défrayé la chronique. Il s’agit en effet d’une grande première qui vient entacher l’histoire, jusque là intacte, des rapports diplomatiques germano-américains. Par les temps de grandes crises économiques qui courent, le métal jaune continue de s’imposer (tant pour les investisseurs que pour les gouvernements mêmes) comme la meilleure et la plus fiable valeur refuge qui soit. L’Allemagne avait en tout cas exigé de récupérer, d’ici 2020, près de 300 tonnes de son or gardé par la FED, ne laissant dans les caves de la réserve New-Yorkaise que 37 % de ses lingots dorés, contre les 45 % actuels. Les allemands espéraient ainsi détenir, d’ici 7 ans, près de 50 % de leur or à domicile, contre les 31 % disponibles actuellement dans les réserves nationales. Grand coup de théâtre ; la FED refuse, semble-t-il, de rendre à César ce qui est à César ! La réserve fédérale américaine aurait récemment déclaré qu’elle ne serait pas en mesure de procéder à ce rapatriement avant l’année 2020. Ce refus assez choquant a, bien évidemment, fait couler nettement moins d’encre que la requête qui l’avait provoqué. Plusieurs observateurs et analystes affirment que, derrière ce refus, se cache l’incapacité même de la FED à rendre l’or réclamé (ne l’ayant plus elle-même), rappelant que l’institution financière suprême avait également refusé les demandes d’inspection de Fort Knox par le congrès américain. La FED espérerait donc profiter des sept prochaines années pour amasser à nouveau la quantité d’or allemand exigé par ses propriétaires.
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