L’or de la couronne française chez les américains
Le désormais célébrissime vol du Carlton cannois aura fait couler beaucoup d’encre, et il soulève également aujourd’hui plusieurs points d’interrogation –très légitimes- concernant la provenance ainsi que la « destination » -parfois inconnues ou incertaines- de plusieurs formes de métal jaune qui continue à circuler, dans le flou total, au sein des marchés officiels et parallèles. Car, rappelons-le, si la plupart des bijoux et objets d’or sont plus ou moins facilement identifiables et distinguables les uns des autres, les atomes qui constituent le métal jaune sont, quant à eux, identiques. Ce qui signifie qu’il suffit de faire fondre un objet en or (en l’occurrence, volé) pour en effacer définitivement l’origine. Et c’est un fait prouvé par l’Histoire même. Pierre-Marie Bernard, joaillier à Paris et président d’honneur de la Fédération nationale des métiers d’art et de création (FNAMAC), retient surtout un exemple particulièrement marquant ; « Vous connaissez l’histoire du diamant bleu ? ». Il s’agit du diamant qui avait, sous l’ordre de Louis XIV, serti l’insigne de la toison d’or du fameux roi. En 1792, la pierre inestimable est volée. Volatilisée dans les airs. Il faudra attendre l’année 2007 pour voir réapparaître le bijou. Cette année là, François Farges, un universitaire français, fait la surprenante découverte de son modèle en plomb. Une investigation officielle est alors initiée, concluant éventuellement que le diamant de la toison d’or de Louis XIV et le diamant Hope (nom d’un banquier londonien) ne font qu’un. En d’autres termes, le célèbre diamant volatilisé de la couronne française se trouve aujourd’hui exposé au musée national d’histoire naturelle américain (Washington).
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