Valeur refuge: un trône monopolisé par l’or
C’est d’un revers de main un peu nonchalant et certainement beaucoup trop confiant que le président de la Fed (Réserve fédérale américaine) Ben Bernanke a balayé, vendredi dernier, les spéculations qui agitaient fortement les marchés financiers depuis des semaines.
Dans son discours très (trop ?) optimiste, Mr Bernanke refutait la possibilité d’une prise de nouvelles mesures de soutien à la première économie mondiale, dont la reprise affiche pourtant des signes alarmants de faiblesses depuis des mois.
Anne-Laure Tremblay, stratégiste chez BNP Paribas, remarque à ce propos que « peu importe la nature du contenu du discours du président de la Fed (Réserve fédérale américaine), l’impact sur l’or aurait été énorme ». C’est désormais chose faite ; le précieux métal jaune en a profité pour subir la forte correction que tous les observateurs attendaient depuis le début de l’été. Rien de vraiment inquiétant ; la tendance baissière était aussi prévisible que passagère.
De plus, selon les analystes, aussi longtemps que les obligations d’Etat à 10 ans aux Etats-Unis et en Allemagne seront valorisées à des taux inférieurs à l’inflation (ne rapportant donc rien à leurs détenteurs), l’or demeurera l’actif-bouclier par excellence contre incertitudes économiques en général. Les gouvernements des deux côtés de l’Atlantique ont beau tenté toutes les manœuvres d’apaisement qu’ils ont en réserve, rien n’y fait et l’effet de leurs tentatives demeure éphémère.
Il faut avouer que le spectre de la crise mondiale généralisée plane encore au dessus de toutes les têtes qui dirigent le globe. Et la menace d’un retour en récession de l’économie aux Etats-Unis comme en Europe, ainsi que la crainte de contagion de la crise de la dette en zone euro, continuent à secouer fortement les marchés financiers internationaux.
Dans ce climat très nerveux, les investisseurs sont, pour la plupart, à deux doigts de basculer dans la paranoïa totale. C’est à ce niveau que le métal jaune intervient, généralement, attirant les investisseurs anxieux à propos de la santé de l’économie mondiale.
C’est certainement le mariage de ces craintes accrues d’un retour en récession des économies, et de la notion de refuge devenue indissociable du métal jaune qui a porté le prix de l’or, mardi dernier, au-delà du seuil sans précédant de 1.900 dollars l’once.
Et, bien qu’une correction aussi forte que brève soit intervenue par la suite pour ramener l’or en dessous des 1800 dollars, la fameuse valeur refuge a vite retrouvé son éclat, remontant au dessus de cette même barre durant le week-end.
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