Or qui flambe ou monnaies dévaluées?

D’un côté, les monnaies…

« L’annonce pendant le week-end dernier de l’abaissement de la note de la dette américaine de AAA à AA+ par Standard and Poor’s n’aurait pas vraiment dû surprendre les marchés, étant donné que l’agence avait déjà tiré le signal d’alarme le 14 juillet », déclarait Michael Hewson, analyste chez le groupe CMC Markets.

Pourtant, cette annonce est survenue à la suite d’une publication assez prometteuse. En effet, la veille le gouvernement américain publiait des chiffres assez encourageants relatifs à l’emploi. Mais aussi optimistes étaient-ils, ces chiffres n’ont pas apaisé les inquiétudes grandissantes des citoyens américains.

De son côté, l’Euro a profité pour un temps de l’agonie du dollar et a légèrement remonté la pente. Mais cette faible reprise n’a en rien annulé l’anxiété persistante relative au risque de contagion de la crise de la dette à l’Italie et l’Espagne. Les obligations italiennes et espagnoles à 10 ans respirent un peu mieux depuis lundi 15 août. Rien d’étonnant étant donné l’annonce faite la veille par la Banque centrale européenne (BCE) qui promet de calmer les marchés via le rachat de davantage de dette publique de pays de la zone euro en mal sur le marché secondaire. Du coup, l’euro se porte désormais un peu mieux que le dollar qui s’apprête à mettre un deuxième genou à terre.

Le Yen japonais et le Franc suisse sont les seules devises qui sauvent encore tant bien que mal la face des monnaies papier. Le franc a même réussi l’exploit de réaliser un cours historique (en cours d’échanges asiatiques) face au dollar avec 0,7485 franc pour un dollar.

…de l’autre, l’or

C’est porté par cette atmosphère d’inquiétude généralisée que l’once d’or a escaladé de nouveaux sommets, réalisant de véritables records tout au long de la semaine dernière. Les analystes du groupe BofA Merril Lynch l’affirment : « L’or physique constitue l’actif ultime car il n’y a pas risque de crédit. Du coup, les banques centrales des pays émergents ont diversifié leurs réserves en faisant l’acquisition d’or et de devises autres que l’euro et le dollar au cours des derniers trimestres ». Voilà qui explique bien des choses !

C’est assez simple ; le retournement radical des comptes actifs vers des placements jugés « refuge » tel que le métal jaune, est ce qui explique la flambée de son prix. Car, quand bien même il offre très peu d’opportunités de rendement, l’or physique représente toutefois le meilleur placement possible pour qui souhaite sécuriser son épargne. Contrairement aux devises et monnaies, l’or, lui, ne partira jamais en fumée.Signe révélateur ; les investisseurs (particuliers et professionnels) sont loin d’être les seuls à se ruer vers le précieux métal jaune.

En effet, les banques centrales s’y mettent aussi. La Banque de Corée du sud a ainsi récemment acquis 25 tonnes de la relique barbare, dans le but de « diversifier la composition de ses réserves ». Les sursauts paniqués des Bourses et du marché des changes alarment et terrifient, portant l’once d’or à de nouveaux sommets tels que le pic historique de 1850 dollars atteint aujourd’hui, vendredi 18 Août.

Mais finalement, dans ce cercle vicieux de cause/conséquence où l’or fait forcément figure de héro, une question s’impose : est-ce l’or qui flambe ou les monnaies qui se dévaluent ? En réalité, les deux réponses sont vraies. Le billet vert a presque totalement perdu son statut de monnaie de réserve mondiale. Donc, deux raisons évidentes expliquent que le prix de l’or ait ainsi flambé ; la spéculation autour du précieux métal jaune, mais aussi la baisse considérable de la valeur des devises dites « fortes » (US $ et Euro).