L’or vole de record en record
La baisse du dollar et les craintes de nouvelles turbulences économiques incitent les investisseurs à acheter le métal jaune. L’once a touché vendredi un plus-haut historique à 1336 dollars. Le 13e en deux semaines.
Jusqu’où les cours de l’or peuvent-ils monter ? Depuis trois semaines, il ne se passe quasiment pas de journées sans nouveau record historique. Hier, l’once d’or a atteint un nouveau sommet au dessus de 1336 dollars à Londres. En deux mois seulement, l’or a gagné près de 13% ! Et près de 22% depuis le début de l’année. Une belle performance qui contraste avec celle des autres classes d’actifs, comme les actions.
En cette rentrée qui manque de visibilité, alors que le dollar dévisse face aux autres devises, l’or a retrouvé un statut de valeur refuge. Les sujets d’inquiétude ne manquent pas. Les problèmes de dettes souveraines de certains pays européens refont surface. Et le ralentissement de l’économie mondiale, en particulier américaine, semble se confirmer. Mi-septembre, la banque centre américaine a d’ailleurs indiqué qu’elle se sentait prête, « si nécessaire », à injecter des liquidités dans le système pour soutenir l’économie. Un scénario qui n’est pas du goût des investisseurs, car susceptible de faire baisser encore plus le billet vert. « Les investisseurs se tournent vers l’or, pour se couvrir contre une dépréciation du dollar. Dans ce contexte de défiance vis-à-vis des devises, le métal jaune joue un rôle de monnaie complémentaire. », estime Jean Bernard Guyon, conseiller chez Comodities AM.
En ce moment, d’autres facteurs soutiennent aussi la hausse des cours du métal jaune. Ainsi la saison des mariages en Inde, période pendant laquelle les familles achètent des bijoux en or. Par ailleurs, AngloGold, le troisième producteur mondial d’or, a envoyé un signal important au marché. Il a récemment décidé de ne plus couvrir contre une baisse des cours de l’or. Et a donc racheté sa couverture de 2,7 millions d’onces d’or (soit 84 tonnes).
« Les coûts de production mondiaux sont compris environ entre 950 et 1000 dollars l’once. La hausse des cours de l’or reflète un regain d’intérêt pour l’investissement dans les valeurs aurifères et dans le métal jaune via les ETF (fonds indiciels adossés à de l’or physique) », a justifié le directeur général d’AngloGold, Mark Cutifani. Pour ce dernier, les cours de l’or pourraient encore augmenter de 70 à 100 dollars au cours des cinq prochaines années.
Investir dans le secteur minier aurifère.
Dans l’ensemble, les analystes financiers s’accordent eux aussi pour dire que l’or devrait encore briller pendant un certain temps. Certains, comme ceux de Deutsche Bank, par exemple, tablent sur un cours de 1500 dollars l’once fin 2011. D’autres prédisent même un prix de 2000 dollars d’ici à deux ans. Pour plusieurs raisons. La demande en or (4000 tonnes par an) reste supérieure à la production minière (environ 3000 tonnes). De plus, « les banques centrales des pays émergents devraient continuer à acheter de l’or pour diversifier leurs réserves de change. Et l’économie mondiale reste fragile », estime Aymeric Diday. Actuellement, le lingot est au plus haut 31000 euros (contre 25000 en décembre 2009 et 19000 en décembre 2008).
Les épargnants doivent-ils se ruer vers l’or aujourd’hui ? Aux cours actuels, « il est délicat de recommander un achat », répondent de nombreux gestionnaires de patrimoine. Les épargnants qui ne veulent pas prendre le risque de conserver chez eux des lingots et autres napoléons achètent des trackers, ces instruments financiers qui répliquent la performance de l’once d’or. Cependant, la hausse récente de l’euro face au dollar pénalise quelque peu les investisseurs du Vieux Continent. Les cours de l’or sont passés de 1030 euros l’once début juin (l’euro cotait alors 1.25 dollar) à 960 euros l’once. Rien de bien grave pour l’heure, puisqu’en un an l’once a bondi de 39% en euro et de 31% en dollar.
Les spécialistes préfèrent souvent investir dans des actions de groupes miniers aurifères. « Ces mines sont désormais rentables et un certain nombre d’entre elles ont augmenté le dividende versé aux actionnaires. De plus, leurs cours de Bourse sont abordables. », souligne Jean-Bernard Guyon. De plus, la flambée des cours aiguisent les appétits. Les opérations de fusions-acquisitions se multiplient. Elles devraient même atteindre un record en 2010.
Article de D. Guinot LE FIGARO
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