Les niveaux du prix de l’Or ont connu des niveaux élevés tout au long du T2 2010 (second trimestre 2010), atteignant plus de 1 244,00$ / once d’Or en fin Juin, un bond de plus de 11,5% par rapport au T1 2010.
Ce continuel mouvement à la hausse du marché de l’Or peut s’expliquer par plusieurs raisons.
L’Or demeure un actif très recherché des investisseurs pour son efficacité en terme de protection et de gestion de risques de l’investissement (avec une volatilité de près de 16% sur le T2 2010, bien en deçà des autres actifs), pour sa liquidité ou encore pour diversifier un portefeuille.
Il est vrai que la consommation d’Or du secteur bijoutier n’a pas été épargnée par l’augmentation des prix de l’Or, bien que la demande dans certaines régions comme l’Inde ou le Moyen-Orient atteint toujours des niveaux plus importants que ceux enregistrés un an auparavant. De surcroît, la solide croissance économique chinoise stimule la consommation d’Or en Chine.
Le prix de l’Or a atteint des niveaux historiques, et ce libellé dans la plupart des monnaies, Dollar US comme Euro. En effet, le cours de l’Or a profité des grands troubles monétaires survenus au T2 2010, avec la forte instabilité des monnaies et la chute de nombreuses devises face au Dollar US. Le prix de l’Or a notamment cru de plus de 23% en Euro, la monnaie la plus ébranlée sur l’exercice.
De plus, la plupart des actifs financiers, notamment en Europe, ont pâti de la crise de confiance s’abattant sur l’économie et de l’aversion au risque des investisseurs. Ceci a naturellement fait converger les investisseurs vers les actifs les plus stables et les plus solides, notamment l’Or, mais aussi les obligations dans une moindre mesure. Les bons du Trésor Américain ont bondi par exemple de presque 5% sur le trimestre, tandis que les indices boursiers globaux chutaient de plus de 10% sur la même période.
Contrairement au T1 2010, le T2 2010 a vu les monnaies de règlement des marchés émergents se déprécier face au Dollar US : ces troubles monétaires ont amené les investisseurs à privilégier les arbitrages minimisant au maximum les risques. En conséquence l’Or, actif de réserve par excellence, a par exemple atteint des sommets en Inde, demeurant au-dessus des 56 500 Roupies / once d’Or. La progression la plus marquée fut la performance russe, avec une augmentation du prix de l’Or en Rouble de plus de 18%. L’augmentation moins forte de 10,8% du cours de l’Or en Yuan a également représenté pour les consommateurs chinois un plus grand potentiel d’entrée sur le marché de l’Or que dans d’autres pays émergents.
La demande de métaux précieux s’est globalement contractée à mesure que la relance économique attendue dans les pays développés apparaissait moins vive qu’escompté.
La plupart des investisseurs se sont concentrés sur les mesures de rigueur budgétaire en Europe et leurs effets potentiels sur une reprise économique d’or et déjà fragile.
Ainsi, au T2 2010, l’Or et l’argent furent les deux seuls actifs performants, vivement recherchés (surtout l’Or) pour la protection qu’ils offrent face aux dépréciations des monnaies (notamment dans le cas de l’Euro). Dans le sens contraire, les métaux dont le débouché est principalement l’industrie ont pâti du ralentissement industriel (le zinc, le nickel…).
Les investisseurs ont acheté près de 270 tonnes d’Or au T2 2010 sous formes d’ETFs (exchange traded funds), portant le total mondial d’Or en ETFs au niveau record de 2 041,8 tonnes d’Or. Dans le même ordre d’idée, le Trésor américain a enregistré des ventes d’ETFs Or excédant 480 millions $ sur le T2 2010. L’Europe et la Chine connaissent une situation similaire. Ce mouvement à la hausse concerne également les positions sur les contrats à terme portant sur l’Or.
Le T2 2010 a apporté une vague importante d’achat d’Or sur les marchés sous la forme d’ETFs.
Le total d’ETFs achetés sur le T2 2010 a atteint plus de 270 tonnes d’Or, le second résultat trimestriel le plus haut jamais enregistré jusqu’à présent. Ainsi, la somme totale des participations sur le marché de l’Or avoisine désormais un nouveau sommet à près de 2 041,8 tonnes d’Or, pour un peu plus de 80 milliards $.
La demande d’Or physique, aussi bien sous forme de barres que de lingot, de pièces et de médailles est demeurée aussi forte qu’au T1 2010, déjà très importante avec plus de 157 tonnes d’Or acquises.
Ceci illustre manifestement une accroissement notable de la demande d’Or d’investissement, notamment dans les pays développés, où les craintes relatives aux troubles monétaires incitent à investir dans l’Or, et dans une moindre mesure dans les pays émergents.
Ainsi, la demande d’Or physique en Chine a dépassé plus de 26 tonnes d’Or sur le trimestre, les investisseurs chinois désirant notamment placer leur épargne et diversifier leurs portefeuilles d’investissements.
En Europe, la demande d’Or d’investissement a cru entre le T1 2010 et le T2 2010. Cette évolution a notamment été alimentée par les craintes entourant le cours de l’Euro, renforçant l’attrait des devises réputées «fortes» mais aussi celui de l’Or.
La période du T2 2010 a été entachée par une actualité économique soulevant des inquiétudes sur la possibilité d’une nouvelle récession dans le climat de morosité actuel et d’une reprise économique mondiale s’avérant plus lente qu’escompté.
Tandis que le marché des actions a chuté, la demande d’actifs tels que l’Or ou les bons du Trésor Américain, évoluant généralement de manière positive en période de crise, s’est accrue.
En Europe, la crise des dettes publiques qui s’est développée vers la fin 2009 a atteint son sommet au T1 2010 et a conduit à la création sans précédent d’un fond de sauvetage de 1 000 milliards garantis par les membres de l’Union Européenne, afin de stabiliser les économies les plus touchées par cette crise de confiance.
Quelques semaines furent nécessaires pour que les effets de ce plan sur les marchés financiers deviennent probants, notamment avec l’annonce par certains gouvernements (notamment la Grèce) de plans de rigueur budgétaire. Aussi, le mouvement de chute de l’Euro (ayant perdu plus de 20% de sa valeur face au Dollar US) s’est inversé vers la fin du T2 2010. Mais le problème de la solvabilité des États européens demeure entier et entretient un climat de méfiance à l’égard de l’Europe. Aussi, ceci joue notamment en la faveur des investissements sur le marché de l’Or, fortement stimulés par la volonté des investisseurs de diversifier leur porte-monnaie et de se prémunir face aux potentiels risques de dépréciation entourant la zone Euro.
Aux États-Unis, la situation est plus nuancée. Les chiffres de la croissance ont globalement confirmé les prévisions antérieures tandis que le nombre de création d’emplois a été très décevant et bien en deçà des attentes, maintenant ainsi le taux de chômage a plus de 9,5% de la population active. L’inflation, quant à elle, est restée modérée mais la situation peut rapidement évoluer car elle dépend largement de la politique de taux d’intérêt pratiquée par la Fed (actuellement bas). Or la Fed a souligné les risques que peut entraîner une politique de relèvement des taux trop précipitée : un relèvement des taux n’est donc pas à prévoir dans les temps immédiats.
La Fed doit par conséquent gérer le risque d’engendrer, par ce maintien prolongé des taux à un bas niveau, une inflation plus importante encore à long-terme.
Le Dollar US et le Yen se sont renforcés sur la première moitié 2010, bénéficiant de la crise de confiance frappant l’Euro. Cependant, les investisseurs expriment de plus en plus leurs inquiétudes concernant les déficits budgétaires américain et japonais. Le marché de l’Or va vraisemblablement bénéficier du rôle d’alternative unique qu’endosse l’Or.
Les marchés émergents ont connu un T2 2010 moins difficile. Les marchés boursiers locaux ont globalement été affectés par contagion des places occidentales mais les économies locales ont retrouvé plus rapidement leur dynamique. Étant donné l’importance majeure de l’Inde et de la Chine sur le marché de l’Or du secteur bijoutier (plus de 45% de la demande d’Or totale du secteur bijoutier en 2009), les perspectives de forte reprise économique dans ces deux pays sont très encourageantes.
Ainsi, la croissance chinoise demeure exceptionnelle (10,3% en rythme annuel sur le T2 2010). Pour autant, la Chine n’est pas sortie indemne de la crise : l’inflation s’accroit beaucoup et les exportations chinoises demeurent extrêmement vulnérables face aux risques de ralentissement des économies européennes. L’intention affichée de la Banque de Chine d’augmenter progressivement la flexibilité du Yuan vise, dans cette optique-la, à stimuler la consommation chinoise et réduire les dépendances extérieures. Le WGC estime que la perspective d’un Yuan plus fort sur le long terme sera bénéfique au marché de l’Or chinois, avec un renforcement de la consommation chinoise d’Or.
La situation de l’Inde est voisine : la croissance indienne est demeurée forte (8,6% en rythme annuel au T1 2010).
Il y a lieu de noter que, tandis que l’Or a continué d’atteindre de nouveaux sommets au T2 2010, le prix de l’Or ne semble cependant pas surévalué quand on le compare au comportement d’autres actifs sur d’autres périodes. De même, en comparaison relative, le prix de l’Or demeure encore en dessous des niveaux atteints par l’Or à la fin des années 80 par exemple.
La demande d’Or émanant du secteur bijoutier indien demeure supérieure au T2 2010 qu’à celle enregistrée en 2009. Cependant, la consommation a légèrement ralenti à la fin du T2 2010 avec l’entrée en saison creuse et une plus grande volatilité des prix. Le WGC estime toutefois que la demande est très susceptible de remonter d’ici la fin de la saison estivale. En ce qui concerne le marché chinois, la demande d’Or du secteur bijoutier est repartie au mois de Juillet.
La demande d’Or du secteur bijoutier s’est nettement rétablie dès le T1 2010, augmentant en un an de 43% à 470,7 tonnes d’Or, pour un total chiffré de 16,88 milliards $.
La croissance de cette demande a ici été essentiellement alimentée par les marchés non-occidentaux, où les consommateurs se sont visiblement adaptés à l’augmentation du prix de l’Or. De même, certains pays comme l’Inde ont également bénéficié de l’appréciation de leur monnaie nationale face au Dollar US, et donc de l’accroissement de leur pouvoir d’achat d’Or. De plus, les prévisions à la hausse des prix de l’Or incitent également les consommateurs de ces pays à anticiper cette augmentation en entrant immédiatement sur le marché de l’Or. Le pouvoir d’achat des consommateurs des pays émergents bénéficie également des fortes croissances économiques enregistrées au sein de ces pays.
Sur le T1 2010, la demande d’Or émanant des secteurs industriels et de la médecine dentaire a poursuivi son rétablissement, après les plus-bas enregistrés au T1 2009 : elle a progressé de plus de 30% sur un an, à hauteur de 103,2 tonnes d’Or.
Cette demande a principalement été alimentée par le secteur électronique, très dynamique actuellement sur certains segments comme celui des téléphones mobiles ou des ordinateurs portables.
L’offre totale d’Or émise au T1 2010 à chuté de 24%, à 949 tonnes d’Or, par rapport aux 1 250 tonnes d’Or enregistrées au T1 2009.
Ceci s’explique d’abord par le ralentissement notable enregistré dans l’activité de recyclage du vieil Or (-43% sur un an) en Asie et en Inde bien que cette activité soit toujours soutenue en occident face à une croissance molle.
Cela s’explique aussi par une baisse des ventes d’Or en provenance des réserves des banques centrales (dit «secteur officiel»).
Seule la production minière d’Or a enregistré une hausse sur l’année, de 5%, avec 611 tonnes d’Or extraites au T1 2010, bien qu’elle soit en net recul (-9%) par rapport au niveau de production enregistré au T4 2009 (à cause de fermetures d’exploitations non compensées par l’accroissement de la production ailleurs).
Source : World Gold Council, traduction de l’anglais par Laurent SCHWARTZ
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