Etude du Marché de l’Or – T1 2010
Étude du World Gold Council, publication sur www.gold.org
Traduit par Laurent SCHWARTZ
I/ Perspectives générales sur le marché de l’Or
Le WGC (World Gold Council) anticipe une forte demande d’Or en 2010 stimulée par la demande du secteur bijoutier en Inde et en Chine ainsi que par la demande d’Or d’investissement en Europe et aux USA (car l’accroissement des dettes publiques renforce l’attraction de l’Or, réserve de valeur stable aux yeux des investisseurs).
1/ Les marchés non occidentaux
1.A/ La Chine et l’Inde
En Chine, la croissance de la demande d’Or demeura forte au T1 2010, menée par la demande de la bijouterie tandis qu’en Inde, la demande du secteur a été relancée.
La demande d’Or en Chine et en Inde a en effet été très forte et a atteint de nouveaux sommet lors du T1 2010 en comparaison de 2009 et en dépit de prix de l’Or (en monnaie locale) supérieurs entrainés par une forte croissance économique.
Le marché indien a été le plus performant : la demande totale des consommateurs y a grimpé de plus de 698% a hauteur de 193,5 tonnes d’Or et le prix spot de l’Or indien a atteint, en Mai 2010, 56,032 Roupies l’once d’Or, le niveau le plus haut de l’année, (juste en dessous du record historique de 56,052 Roupies l’once d’Or).
Les prix de l’Or en Chine ont également atteint un sommet à 8,480 yuan l’once d’Or.
Cela suggère que les consommateurs locaux se sont accoutumés à ces prix supérieurs.
1.B/ Le Moyen Orient et la Turquie
En ce qui concerne le Moyen-Orient et la Turquie, la demande d’Or est repartie à la hausse après un ralentissement au T1 2009 et une demande d’Or inhabituellement forte est envisageable en Turquie, après une longue période de récession depuis le T3 2008 (les consommateurs turques apprécient en effet fortement l’Or mais ils sont dissuadés par des prix supérieurs et attendent par conséquent une assouplissement des prix de l’Or dans les temps à venir).
2/ Les marchés occidentaux
La relance économique des pays occidentaux permettra peut-être, lors du second semestre 2010, la relance de la demande d’Or du secteur bijoutier via un phénomène de réapprovisionnement (les stocks d’Or du secteur ayant atteint des niveaux très faibles).
La tourmente se concentrant autour des finances publiques grecques et les craintes en termes de contagion aux dettes européennes et américaines ont stimulé fortement l’achat d‘Or sous forme de pièces d’Or, de lingots d’Or et de produits financiers basés sur l’Or lors du T1 2009, lorsque la crise de confiance a atteint son sommet. En effet les investisseurs recherchent des placements surs et moins volatiles en vue de protéger leur patrimoine des troubles actuels. La demande d’Or investissement en Europe est ainsi exceptionnellement forte actuellement (Allemagne et Suisse en particulier).
Cela dit, il y a lieu là de distinguer dans l’Or d’investissement, l’Or physique (les lingots d’Or et les pièces d’Or, dont la demande a progressivement cru depuis le T1 2009) et les produits financiers basés sur l’Or (les ETFs* sur l’Or, dont la demande a fortement baissé après le pic survenu au T1 2009).
Ce grand mouvement des investisseurs vers l’Or est principalement dû au niveau des dettes publiques européennes mais aussi à l’annonce dernière d’un plan de sauvetage de la BCE d’un montant de 750 milliards € à destination du rachat des obligations grecques détenues dans les banques de l’Eurozone qui présente un fort potentiel inflationniste.
*ETF : exchange-traded fund / outil financier de placement
3/ Bilan
Le WGC anticipe donc une augmentation de l’offre d’Or afin de répondre à l’importance de la demande d’Or, notamment une augmentation de la production minière et une révision à la hausse des estimations de ressources en raison des augmentations du prix de l’Or prévues par les analystes sur le long terme.
Les producteurs d’Or chinois et indiens sont particulièrement susceptibles d’accroitre la production dans la mesure du possible. En Mai, Buenaventura et Gold Fields ont ainsi annoncé une «découverte d’Or très prometteuse» au Pérou.
Cependant, et ce malgré la réponse des producteurs à l’augmentation des prix de l’Or, la tendance générale relative à la production minière sur les dernières années est manifestement à la baisse.
De surcroît, l’annonce d’une taxe (the «Henry Tax») sur la production d’Or en Australie (le second producteur d’Or mondial en 2009) pourrait ralentir cette production dans les temps à venir : les producteurs d’Or australiens ont menacé d’annuler leurs plans de développement de la production minière si le gouvernement ne revoit pas sa copie avant l’application de la taxe en 2012.
L’offre en provenance des activités de recyclage d’Or est liée quant à elle au prix de l’Or : la récente baisse de l’activité de recyclage malgré un haut niveau du cours de l’Or reflète un épuisement de l’offre du marché du vieil Or destiné au recyclage. Ainsi, le WGC soutient qu’une relance du recyclage passe forcément par une augmentation notable du prix requis pour satisfaire moins rapidement l’offre disponible et donc étaler sur une plus grande durée la satisfaction de la demande d’Or via le recyclage.MD
II/ Analyse du cas du marché de l’Or indien,le marché de l’Or le plus dynamique au monde
1/ Vue générale du marché indien de l’Or
L’Inde demeure la clé de voute du marché d’Or physique global. Ainsi, en 2009, l’Inde a enregistré, sur une base mondiale :
- 25% de la consommation d’Or du secteur bijoutier
- 19% de la demande d’Or d’investissement (notamment l’Or physique)
- 17% de la demande pour les usages annexes (l’industrie en particulier)
1.A/ Le dynamisme de la demande d’Or du secteur bijoutier indien
Jusqu’ici, l’Inde a bien démarré l’année, comme en témoigne les chiffres du T1 2010 de la demande de la bijouterie et celle d’Or d’investissement, comparés à ceux de 2009.
Le secteur indien de la bijouterie Or a concentré 75% de la demande d’Or domestique totale 2009 (dont la composante principale est la demande alimentée par les mariages). Depuis le T4 2009, la demande de la bijouterie a été comparativement plus forte à mesure que les consommateurs indiens se résignaient à effectuer leurs nécessaires achats, en dépit de prix atteignant des nivaux records à plus de 56,000 Roupies l’once. Et comme les consommateurs ont ajusté leurs anticipations en termes de prix, une prochaine montée des prix peut être envisagée sans risque de rencontrer une demande insuffisante.
Le WGC avance que le marché indien bijoutier concentre un potentiel considérable de croissance étant donné que les revenus domestiques sont croissants et malgré le fait que les budgets soient grevés par le prix de l’Or élevé actuellement.
1.B/ L’Or, une valeur refuge sur le marché de l’Or indien
L’Or est également perçu par les Indiens, comme un investissement sur et aisément accessible à la population rurale (70% de la population totale) car l’Or présente l’avantage d’offrir une protection face à l’inflation et demeure un parfait moyen de diversification de portefeuille étant donné qu’il est négativement corrélé avec d’autres actifs massivement répandus. L’Or est en effet un des seuls moyens de diversification pour les investisseurs indiens à propos de leurs exposition monétaire car la Roupie n’est pas encore pleinement convertible, or les indiens sont seulement autorisés à détenir des actifs libellés en Roupies. En termes d’investissement dans les ETFs Or, les participations restent limitées mais elles ont montré une vive croissance ces dernières années. La détention totale s’élève à plus de 9,4 tonnes d’Or (estimation fin Avril 2010), en augmentation de plus de 132% depuis Février 2008 (4,03 tonnes d’Or). Bien qu’il soit trop tôt pour dire si ces participations sont durables ou plus volatiles, les données historiques indiquent que les corrections de prix n’ont pas provoqué de liquidations massives mais ont plutôt encouragé les investisseurs à accroître davantage leurs participations.
Le WGC soutient l’idée d’un mouvement croissant des investisseurs indiens vers l’Or en tant que moyen d’assurance protégeant leur capital des impacts de la crise financière actuelle qui fait que peu d’actifs ont désormais la capacité de conserver leur valeur dans les conditions actuelles. Et même avec une amélioration du climat économique, l’incertitude va demeurer importante, notamment vis-à-vis de la monnaie et des risques d’inflation. Ce climat de doute s’annonce par conséquent favorable à la demande d’Or.
1.C/ Le fonctionnement saisonnier du marché de l’Or indien
De plus, la demande d’Or indienne est basée sur une fonctionnement saisonnier qui pourrait stimuler les volumes enregistrés : le calendrier hindou est caractérisé par une série de festivals religieux et d’occasions favorables à l’achat d’Or.
L’impact du prix de l’Or et sa volatilité peuvent notamment troubler la demande d’Or indienne saisonnière. Les consommateurs indiens ont, par le passé, montré leur réticence à acheter de l’Or en période de volatilité du prix de l’Or de peur de voir le cours chuter après l’achat. Cependant, cette relation entre la demande d’Or et la volatilité des prix de l’Or s’est amoindrie à mesure que le prix de l’Or a atteint des niveaux inédits. L’expérience des dernières années suggère que le prix de l’Or a atteint des hauteurs auxquelles seul le prix absolu revêt une importance croissante et principale pour les consommateurs.
1.D/ La politique de la Banque Centrale indienne
Les récentes évolutions concernant la gestion des réserves d’Or indiennes (achat historique de 200 tonnes d’Or auprès du FMI) ont amené la Banque centrale du pays à contribuer au renforcement de l’image positive dont jouit l’Or aux yeux des consommateurs indiens. L’action de la RBI (Reserve Bank of India) a contribué à cette image de l’Or, perçu comme fiable et sur. Fin Janvier 2010, l’Or représentait 6,9% des réserves d’Or totales de la RBI, propulsant l’Inde au 11ème rang mondial avec 557,7 tonnes d’Or. Le WGC soutient que les incertitudes croissantes entourant le Dollar US et l’Euro vont soutenir le mouvement de recherche des banques centrales pour des actifs alternatifs et donc renforcer les considérations pour l’Or.
1.E/ La production d’Or indienne
La production nationale indienne d’Or est très faible : moins de 1% de la production minière globale. Étant pour autant le premier consommateur d’Or pour la bijouterie, l’Inde dépend par conséquent largement de l’importation d’Or et du vieil Or en circulation pour satisfaire la demande nationale. La seule société minière indienne est HGML (Hutti Gold Mines Company Limited), entreprise publique qui extrait environ 3,5 tonnes d’Or par an.
HGML a annoncé en Janvier 2010 vouloir mettre en place un partenariat avec la région indienne de Karnataka, visant à l’exploration et l’exploitation des réserves d’Or et minières de cette région ainsi qu’un plan de développement de plus de 352 millions de Roupies incluant la construction d’un nouveau puits d’ici 2014.
1.F/ Le recyclage de l’Or en Inde
Les perspectives entourant l’Or recyclé au-delà de 2010 demeurent incertaines, dépendant autant du niveau de prix de l’Or et des attentes en termes de prix que du climat économique global. Cela dit, les études du WGC semblent montrer que les particuliers indiens refusent actuellement de recycler leur Or car au prix spot actuel, ils ne pensent désormais plus pouvoir le racheter ultérieurement à un meilleur prix.
2/ Conclusions sur le marché indien de l’Or
Le WGC s’attend à ce que la demande en Inde demeure solide en 2010. On prévoit en effet une croissance de l’économie indienne de l’ordre de 8,4% pour 2010-2011. La Roupie indienne a connu un renforcement face au Dollar us et l’appréciation du marché à son égard demeure positif malgré le récent regain du Dollar us. Ces facteurs vont participer à l’accroissement de la demande d’Or indienne, notamment du point de vue du secteur de la bijouterie.
La Banque Centrale indienne a également joué un rôle moteur en faveur de la demande dans le sens où sa politique d’achat d’Or a renforcé les prévisions des consommateurs indiens au sujet du prix de l’Or. Cela a également soutenu l’image de l’Or perçu comme une valeur fiable et sure.
Selon des enquêtes indiennes, les importations d’Or de l’Inde en 2010 devraient surpasser le niveau atteint en 2009. La récente présentation du budget indien annuel se positionne également en faveur d’un accroissement de la part de revenu disponible pour les consommateurs de la classe moyenne via des réductions d’impôts, ce qui stimulera probablement l’achat d’Or de bijouterie et d’investissement. Selon les prévisions du FMI, la croissance du PIB indien va se maintenir au dessus des 6% sur la période 2010-2014, bien au dessus de la plupart des autres économies étrangères.
Depuis 2001, le prix de l’Or exprimé en monnaie locale s’est accru : il a progressé, rien que sur la période Mars 2009 – Mars 2010, de 17%. Durant les dernières semaines, le prix de l’Or a cru de 12%, de 50,097 Roupies l’once (fin Mars 2010) à 56,052 Roupies l’once (fin Avril 2010). Le futur révèlera si l’accroissement de l’Or en terme de prix affecte la demande des consommateurs. Les consommateurs indiens, stimulés par l’augmentation des prix, sont plus susceptibles de recycler leur vieil Or et leurs vieux bijoux en Or plutôt que revendre le tout contre du cash. Cela dit, la Banque Centrale indienne a progressivement relevé les taux d’intérêt en vue de contenir l’inflation tandis qu’une reprise de la tendance à la hausse de la Roupie pourrait protéger les consommateurs indiens de futures augmentations du prix de l’Or, exprimé en Dollar us.
Le WGC estime que le renforcement du prix de l’Or local va contribuer à la formation d’un seuil de prix du marché supérieur aux niveaux antérieurs et par conséquent, va accompagner une augmentation des prix anticipés parmi les consommateurs indiens. Étant donné le rebond de la demande d’Or et les prévisions en faveur d’augmentations du prix de l’Or, le WGC anticipe des perspectives clairement favorables pour le marché indien de l’Or sur l’exercice 2010.
III/ Bilan du marché global de l’Or – 1er trimestre 2010
1/ Panorama du marché global de l’Or
Les volumes totaux enregistrés au sujet de la demande mondiale d’Or au T1 2010 sont 25% inférieurs à ceux enregistrés un an auparavant, au T1 2009, équivalent à un recul plus modéré de 9% exprimé en valeur du fait de l’appréciation du Dollar américain sur cette période. Une comparaison entre la demande au T1 2010 et celle au T1 2009 montre que le recul provient de l’investissement dans l’Or qui a chuté de 69% en regard du niveau exceptionnellement fort au T1 2009. La croissance fut quant à elle concentrée dans les secteurs de la bijouterie (+43%) et de l’industrie (+31%).
1.A/ La demande d’Or du secteur bijoutier
La demande globale du secteur bijoutier s’est en effet fortement ressaisie au T1 2010 à 470,7 tonnes d’Or, en comparaison des faibles niveaux enregistrés en 2009. Ce vif ressaisissement a été en grande partie dû à la reprise indienne, ainsi que dans une moindre mesure, à d’autres marchés comme le Moyen Orient, Hong Kong et l’Asie du Sud ainsi que la Russie. Par opposition, les marchés occidentaux ont souffert d’une contraction de la demande alimentée par l’élévation du prix de l’Or et des troubles économiques conjoncturels.
1.B/ La demande d’Or des secteurs industriel et dentaire
La demande industrielle et dentaire a quant à elle cru de 31% à hauteur de 103,2 tonnes d’Or, notamment du fait d’une reprise solide du secteur électronique (+ 40%). La demande du secteur dentaire a, au contraire, pâtit de ce phénomène actuel de prix à la hausse car cela a alimenté un mouvement de substitution de la matière Or au profit d’alternatives moins coûteuses (la demande y a par conséquent baissé d’1%).
1.C/ La demande d’Or d’investissement
La demande d’Or d’investissement a au contraire fortement décliné sur cette période, passant de 609,5 tonnes d’Or au T1 2009 à 186,3 tonnes d’Or au T1 2010. Cependant, cela s’explique en partie par les niveaux exceptionnels de l’investissement au T1 2009. Ainsi, comparé à la moyenne des niveaux relevés sur la période T1 2004 – T1 2008, le niveau enregistré au T1 2010 est en hausse de 11%. Il faut distinguer là l’investissement identifiable de l’investissement déduit.
L’investissement identifiable
L’élément contribuant le plus au déclin de l’investissement identifiable dans l’Or a été la demande d’ETFs, en recul de 99% (!), passant de 465,1 tonnes d’Or au T1 2009 à 3,8 tonnes d’Or au T1 2010. Ceci doit aussi être considéré en soulignant le caractère exceptionnellement haut des niveaux enregistrés au T1 2009.
Le stockage de lingots d’Or (ainsi que les pièces d’Or) est pourtant passé d’un désinvestissement à hauteur de 28,1 tonnes d’Or au T1 2009 à un investissement positif de 89,7 tonnes d’Or au T1 2010. La reprise de la demande d’Or d’investissement indienne a constitué la source principale de ce revirement bien que d’autres pays aient également contribué à cette croissance forte.
Les autres catégorie d’Or d’investissement ont reculé de 74%, baissant de 99,2 tonnes d’Or au T1 2009 à 25,6 tonnes d’Or au T1 2010. Mais en dépit de ce déclin net comparé au T1 2009 (exceptionnellement bon), la demande demeure bien supérieure aux niveaux enregistrés lors de la dernière décennie, avec une moyenne de 1,5 tonnes d’Or sur la période T1 2004 – T1 2008.
L’investissement déduit
Quant à l’investissement déduit, pat la moins identifiable de la demande d’Or d’investissement (estimation correspondant à la différence relevée entre la demande et l’offre d’investissement), il a totalisé 163 tonnes d’Or au T1 2010 contre 217,8 tonnes d’Or au T1 2009.
1.D/ L’offre d’Or
L’offre totale d’Or au T1 2010 de 949,0 tonnes d’Or est 24% en deçà du niveau enregistré au T1 2009 à hauteur de 1 250,0 tonnes d’Or. La source première de ce recul a été les déclins nets enregistrés dans l’offre d’Or recyclé ainsi que dans le volume des ventes réalisées par le secteur officiel (composé des Banques Centrales et des autres institutions). En ce qui concerne l’offre totale des mines, elle a faiblement progressé de 1% entre le T1 2009 et le T1 2010, de 583 tonnes d’Or à 591 tonne d’Or.
2/ La demande d’Or du secteur bijoutier
La demande globale de la bijouterie s’est fortement reprise au T1 2010 en regard des faibles niveaux enregistrés en 2009, augmentant de 43% à 407,7 tonnes d’Or, ce qui, exprimé en termes de valeur (en Dollar US), correspond à une progression de 75% entre le T1 2009 et le T1 2010 (16,8 milliards $).
2.A/ La demande d’Or du secteur bijoutier des marchés non occidentaux
La croissance a été essentiellement alimentée par les marchés non occidentaux, au sein desquels les consommateurs semblent avoir ajusté leurs attentes en terme de prix face à l’augmentation de 22% du prix de l’Or exprimé en Dollar US depuis le T1 2009. Ainsi, l’anticipation de prix supérieurs à venir a conduit les consommateurs de ces marchés à acheter de l’Or, notamment dans le secteur de la bijouterie durant le T1 2010 étant donné que le prix de l’Or a reculé depuis le pic enregistré en Décembre 2009.
De plus, des signes en faveur d’un renforcement de l’Or à venir ont été décelé au sein d’économies comme l’Inde et la Chine, ce qui alimente des perspectives stimulantes pour les consommateurs.
La demande d’Or du secteur bijoutier indien
La meilleure performance enregistrée lors de la dernière période est celle du marché indien, dont la demande a bondi de 291% à 147,5 tonnes d’Or au T1 2010, après un faible volume de 37,7 tonnes d’Or au T1 2009. Exprimée en valeur de la monnaie locale, la demande indienne d’Or pour le secteur bijoutier a même augmenté de 339%, atteignant les 241 milliards de Roupies. Bien que le premier trimestre ne soit pas la saison la plus propice aux mariages, les consommateurs indiens ont été incités à réaliser des achats de mariage anticipés afin de devancer les augmentations fortement prévisibles pour le T2 2010. La moyenne des prix au T1 2010 était même légèrement en dessous de celle relevée au T4 2009 (grâce à l’appréciation de la Roupie face au Dollar US). Il est enfin intéressant de noter que l’évolution de la demande de la bijouterie sur la période considérée n’est que de +11% en excluant le marché indien (contre 43%), ce qui atteste bien du rôle central que joue l’Inde ici.
La demande d’Or du secteur bijoutier chinois
La demande du secteur bijoutier chinois à cru de 11%, dépassant les 100 tonnes au T1 2010 avec 105,2 tonnes d’Or, notamment sous l’effet du nouvel an chinois, une saison propice à l’activité, et plus globalement une forte croissance économique domestique. De façon similaire aux consommateurs indiens, les consommateurs chinois ont également été incités à l’achat par le léger recul du prix de l’Or après le pic enregistré en Décembre 2009 à plus de 8 000 Yuan l’once.
La demande d’Or du secteur bijoutier des marchés moyen-orientaux
Au sujet du Moyen Orient, il est à noter que la demande d’Or a été grandement stimulée dans cette région par l’accroissement des flux touristiques, passant de 48,5 tonnes au T1 2009 à 59,5 tonnes au T1 2010. La demande a aussi été renforcée par une confiance plus solide des consommateurs locaux et leur accoutumance à l’élévation des prix de l’Or.
La demande d’Or du secteur bijoutier des autres marchés non occidentaux
Parmi les autres fortes performances, citons celle des Émirats Arabes Unis (+29%), de l’Arabie Saoudite (+25%), d’Hong Kong (23%) et du Vietnam (+20%). Plus globalement, la majeure partie de la croissance enregistrée s’est répartie dans l’ensemble des pays non-occidentaux.
2.B/ La demande d’Or du secteur bijoutier des marchés occidentaux
En ce qui concerne les marchés occidentaux, le cas de figure est inverse : la demande du secteur bijoutier s’est repliée, notamment du fait que l’augmentation des prix ait incité les consommateurs à opter pour des solutions alternatives. Ainsi, l’élévation du cours de l’Or a profité à la demande d’argent par répercussion, par exemple.
3/ La demande d’Or de l’industrie et de la médecine dentaire
La demande des secteurs industriel et dentaire a connu un regain important depuis les niveaux très bas enregistrés au T1 2009 (total : 79,0 tonnes), augmentant en volume de 31% au T1 2010 (total : 103,2 tonnes).
3.A/ La demande d’Or du secteur électronique
Le moteur de la croissance ici se concentre dans le secteur électronique, dont la demande à bondi de 40% à 69,9 tonnes d’Or au T1 2010, et ceci notamment grâce au dynamisme de marchés comme celui des téléphones et des ordinateurs portables. Ceci est à inscrire plus globalement dans un regain actuel d’optimisme des consommateurs de ce marché après plusieurs trimestres de morosité.
3.B/ La demande d’Or des autres secteurs industriels
La demande du reste de l’industrie (autre que l’électronique) a quant à elle cru de 27%, de 16,0 tonnes au T1 2009 à 20,3 tonnes au T1 2010 et ici encore, l’Inde joue un rôle prépondérant, la demande indienne de ce secteur précis ayant presque triplé sur l’exercice (s’expliquant surtout par le renforcement de la Roupie indienne et l’acceptation progressive des hauts prix de l’Or). De plus, l’augmentation de l’utilisation du cyanure de potassium, utilisé dans la production de produits plaqués Or, a aussi contribué par extension à cette dynamique de la demande d’Or.
3.C/ La demande d’Or du secteur dentaire
Enfin, la demande d’Or pour les applications de la médecine dentaire a poursuivi une tendance baissière de -1% du T1 2009 au T1 2010, atteignant un minima record de 13,0 tonnes. Ce mouvement à la baisse s’accentuant d’année en année s’explique par le recours progressif à des solutions alternatives moins coûteuses et plus esthétiques, notamment les céramiques.
4/ La demande d’Or d’investissement
La demande d’Or d’investissement identifiable a chuté de 69% entre le T1 2009 et le T1 2010, baissant à 183,6 tonnes. Ce déclin s’explique grandement par la contraction de la demande d’ETFs, qui s’est effondrée du niveau record de 465,1 tonnes au T1 2009 à seulement 3,8 tonnes au T1 2010, mais ceci est à remettre dans le contexte du début d’année 2009 extrêmement propice aux ETFs sur le marché de l’Or (les craintes entourant le secteur bancaire, notamment suite à la faillite de Lehman Brothers, a amené les investisseurs à se ruer en masse sur l’Or pour protéger leur capital). Néanmoins, il faut également souligner le niveau historiquement faible de la demande d’ETFs Or au T1 2010, principalement dû à un relâchement dans la crise de confiance ayant frappé les investisseurs au sujet de la stabilité des marchés financiers ainsi que le rebond dynamique des économies émergentes.
4.A/ L’investissement dans l’Or physique
L’investissement dans l’Or physique, correspondant à la demande de lingots d’Or et de pièces d’Or, a quant à lui cru de 26% entre le T1 2009 et le T1 2010, à 182,5 tonnes (augmentation de 54% en valeur en Dollar US à 6,5 milliards de Dollar US). Là encore, la situation procède d’un profond contraste séparant les marchés occidentaux des marchés non occidentaux, bien que quelques exceptions soient à relever.
La demande d’Or physique des marchés occidentaux
Ainsi l’investissement dans l’Or physique a chuté dans les pays occidentaux et le Japon. Mais le constat est renforcé aussi par le fait que le T1 2009 ait été un trimestre très actif car les troubles financiers du moment ont alimenté une vraie ruée vers l’Or. Ainsi, remis dans une comparaison étalée sur les dernières années, les niveaux de la demande d’Or physique en Occident demeurent bien en-dessus des moyennes historiques,
La demande d’Or physique des marchés non occidentaux
Quant à l’investissement dans l’Or physique des marchés non occidentaux, le constat est inverse avec une tendance à la hausse.
La plus grande performance demeure celle de l’Inde, où la demande d’Or physique est passée d’un solde négatif à -13,5 tonnes au T1 2009 à plus de 46 tonnes au T1 2010. Cependant, étant données les circonstance spéciales du T1 2009, il s’avère judicieux d’établir une comparaison basée sur les dernières années. Aussi, on constate que la moyenne relevée sur la période T1 2005 – T1 2008 s’élève à 42,4 tonnes et relativement, l’augmentation en volumes au T1 2010 n’est plus que de 9%.
Au sujet de la Grande Chine (Chine + Taïwan), la demande d’Or physique a elle augmenté de 57% entre le T1 2009 et le T1 2010, s’appuyant sur les craintes d’inflation dues à la forte croissance économique ainsi qu’un fléchissement du prix de l’Or exprimé en monnaie locale. À cela se sont aussi ajoutés le lancement sur le marché chinois de lingots d’Or commémoratifs et les recommandations des investisseurs s’accordant sur l’élévation à venir du prix de l’Or.
La Thaïlande a connu un revirement similaire à l’Inde sur le marché de l’Or physique : d’un déficit de 19,9 tonnes au T1 2009, la demande d’investissement en Or physique est passée à + 15,5 tonnes au T1 2010, retournement alimenté par un mouvement de spéculation s’attendant à une élévation future des prix.
Les marchés du Moyen Orient présentent une situation plus hétérogène : alors que sur le dernier exercice la demande d’Or physique en Arabie Saoudite a plus que doublé, celle-ci a reculé de 22% en Égypte. Néanmoins, la relative étroitesse des ces marchés (respectivement 3,5 et 0,25 tonnes pour ces deux pays par exemple) minimise leur importance dans la demande d’Or physique mondiale.
4.B/ L’investissement dans les ETFs basés sur l’Or
La composante correspondant aux ETFs (exchange-traded funds), des placements financiers relatifs à l’Or en l’occurrence, a été la cause essentielle de la contraction de la demande mondiale d’Or d’investissement à partir du T2 2009. En effet, un grand revirement a été enregistré entre le premier et le second trimestre 2009 : la demande a extraordinairement chuté durant cette période de 465,1 tonnes d’Or à 56,7 tonnes d’Or.
Le T1 2009 a été caractérisé par une conjoncture exceptionnellement favorable aux produits financiers basés sur l’Or. En effet, le contexte de l’époque, à savoir la crise du secteur bancaire et la contagion à l’ensemble des marchés financiers d’un déficit profond de confiance s’est soldé par un afflux massif d’investisseurs vers l’Or, valeur de réserve par excellence en temps de crise. Bien évidemment, cette demande exceptionnellement haute s’est suivie d’un reflux mécanique étalé sur les trimestres suivants, ceci s’expliquant par l’apaisement progressif de la crise de confiance ayant frappé les investisseurs et les marchés financiers.
4.C/ L’investissement dans l’Or déduit
Enfin l’investissement d’Or «déduit», «supposé» (correspondant à l’écart compris entre l’offre et la demande d’Or d’investissement) a progressé, selon les estimations, au dernier trimestre de 15%, de 142,3 tonnes d’Or au T4 2009 à 163 tonnes d’Or au T1 2010. Cela dit, cette catégorie d’Or d’investissement a baissé sur le dernier exercice de 25%, entre le T1 2009 et le T1 2010.
5/ L’offre d’Or
En ce qui concerne l’offre d’Or globale, la variation s’avère négative sur le dernier exercice avec une baisse de 24% entre 1 250 tonnes au T1 2009 et 949 tonnes au T1 2010.
Une des composantes de cette baisse réside dans le ralentissement de l’activité de recyclage du vieil Or après des niveaux records l’an dernier ainsi que dans l’atténuement des ventes provenant du secteur officiel (les Banques Centrales et les autres institutions). De plus, l’offre a été ralentie par un mouvement de rachat de positions vendeuses prises sur les marchés par certains producteurs qui s’étaient couverts en vendant de l’Or par anticipation. Finalement, seule la production minière a été une composante croissante de l’offre sur le dernier exercice.
5.A/ Le ralentissement de l’activité de recyclage de l’Or
L’activité de recyclage du vieil Or a en effet nettement baissé, de 43%, entre le T1 2009 et le T1 2010, à 343 tonnes d’Or. Cela a notamment été dû à l’anticipation de prix supérieurs de l’Or au niveau de marchés clés, notamment l’Inde, où les consommateurs attendent l’augmentation des prix en vue de réaliser une plus-value supérieure. De plus, cette activité à été entravée par la réduction de la revente de vieil Or, après le pic enregistré durant 2009. La situation est quelque peu différente sur les marchés occidentaux où le recyclage de l’Or continue d’augmenter progressivement, en parallèle avec la montée des prix et une prise de conscience du potentiel du recyclage de l’Or de la part des consommateurs.
5.B/ La diminution des volumes de ventes d’Or des institutions
Le secteur officiel a renversé la tendance des trois précédents trimestres en redevenant offreur sur le marché de l’Or. Cependant les ventes nettes au T1 2010, à hauteur de 15 tonnes d’Or, demeurent très limitées en comparaison avec les moyennes historiques. Le FMI a été le principal initiateur de ce retournement en vendant plus de 24 tonnes d’Or au cours du T1 2010, mais ce dernier est limité dans ses transactions car il doit s’assurer que cela ne perturbe pas le marché de l’Or. Le principal bénéficiaire de ces ventes fut la Banque Centrale russe, renforçant actuellement ses réserves d’Or.
5.C/ Le rachat des positions des producteurs d’Or
Le mouvement de rachat de positions des producteurs sur le marché de l’Or a nettement augmenté en volume sur l’exercice, passant de 1 tonnes d’Or au T1 2009 à 20 tonnes d’Or au total au T1 2010.
5.D/ La faible progression de la production d’Or minière
Enfin, il est vrai que les mines ont produit pour 611 tonnes au T1 2010, c’est-à-dire 5% de plus qu’au T1 2009. Cependant, sur une plus courte période, la production a chuté de près de 9% entre le T4 2009 et le T1 2010, notamment à cause de la réduction de grands projets d’extraction (en Indonésie, en Russie ou encore aux USA par exemple).
La croissance de la production s’est quant à elle concentrée sur l’Amérique Latine ainsi que l’Afrique (Sénégal, Ghana et Tanzanie notamment) et dans une moindre mesure en Chine.
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