Dernières Nouvelles d’Alsace – Novembre 2009

La Flambée de l’Or attire les acheteurs

L’Or vole de record en record ! Plus de 1 130 dollars l’once, hier après midi, et un lingot qui flirte déjà avec les 24 000 €. Si l’Inde, le Sri Lanka et d’autres achètent massivement, les particuliers aussi. En Alsace, les négociants font face à un afflux de demandes, essentiellement de la part de professions libérales, de commerçants et de cadres supérieurs…

De tout temps le métal jaune a été une valeur refuge. Et aujourd’hui encore. La défiance vis-à-vis du dollar, mais aussi de l’euro, pousse nombre d’économies émergeantes à accroitre leurs réserves d’Or, parfois à en acheter de grosses quantités auprès du FMI. Car d’aucuns estiment, contrairement à la « pensée unique » du moment, que la crise financière n’est pas terminée, que d’autres secousses sont probables. Et que les déficits publics abyssaux ne pourront être résorbés, in fine, que par une nouvelle ère d’inflation.

La crise n’est pas terminée et le dollar n’inspire plus confiance

Pur fantasme ? Scénario catastrophe ? A voir. En tous cas, la ruée vers l’or est bien réelle. « La flambée de l’Or ne va pas s’arrêter Là, on voit déjà l’once monter à 1 200$ ». Un gourou de l’investissement, Jim Rogers, acolyte de Georges Soros, prévoir l’once d’Or à 2000 $ avant 2020. « C’est évident, ca va continuer, la crise n’est pas terminée et le dollar n’inspire plus confiance à personne », assène Laurent Schwartz, le patron du Comptoir National de l’Or.

« Grâce à notre site Internet, dit-il, on vend aujourd’hui dans la France entière, sept à huit sur dix demandes d’information se concrétisent, à tel point que les ventes en ligne représentent déjà près de 30% de notre chiffre d’affaires ».

A défaut d’être une réelle place financière, Strasbourg devient une plaque tournante du commerce de l’Or

En dépit d’une concurrence de plus en plus intense, et de la présence d’acteurs itinérants comme VPO qui achètent peu cher des métaux dans toute la France via des commerciaux et un réseau de buralistes, Strasbourg est devenu une plaque tournante du commerce de l’Or.

« Près de 20% de ma clientèle vient d’Allemagne et de Suisse », assure le responsable de la Plateforme de l’Or . Si le profil des acheteurs n’a guère varié – plus de 40 ans, cadre dirigeant, commerçant ou profession libérale -, ils font désormais leurs emplettes à visage découvert. « L’image du commerçant ou du restaurateur qui venaient blanchir un peu d’argent passé au black, c’est terminé, indique – couvert d’anonymat – notre spécialiste.

« Les gens achètent officiellement, raconte notre interlocuteur, ils passent à leur banque pour faire des virements sur le compte du professionnel qui va leur livrer l’Or, que ce soit sou forme de napoléons ou carrément de lingots. » Reste à savoir s’il en sera toujours ainsi au cas où les sénateurs parviendraient à soumettre les ventes de métaux précieux – l’Or, l’argent, mais aussi les bijoux et les œuvres d’art – à la CSG, histoire de financer le déficit de la Sécurité sociale.

L’affaire révélée par notre confrère Le Parisien n’est pas définitivement tranchée… L’Assemblée Nationale avait déjà fait une première tentative, mais en vain. « Ce serait un vrai scandale, du n’importe quoi », fulmine Laurent Schwartz : « Plutôt que de payer une taxe de 8,2% à compter du 1er janvier prochaine, les investisseurs iraient alors acheter de l’Or à l’étranger, en Europe ». Autant dire que la Sécu n’y gagnerait rien.

Quoi qu’il en soit, si les acheteurs, donc les investisseurs s’avèrent légion, les négociants voient aussi affluer des vendeurs. Pour profiter de la flambée de l’Or ? Pas vraiment. Les effets de la crise, à commencer par la montée du chômage, conduisent de plus en plus de personnes à vendre quelques bijoux hérités ici d’une tante, là d’une arrière grand-mère pour, comme le dit Kostik, « arrondir des fins de mois difficiles ».

Christian Lienhardt

Edition du 17 nov. 2009